Décédé à 15 ans d’une leucémie fulgurante, Carlo Acutis était un pratiquant convaincu, nourri quotidiennement par l’eucharistie qu’il appelait son « autoroute pour le Ciel ». Génie de l’informatique, il mit ses talents au service de la foi en créant un site recensant les miracles eucharistiques reconnus par l’Église. Surnommé le “cyber-apôtre”, “l’influenceur de Dieu” ou le “saint patron du web”, il sera réellement proclamé saint le 7 septembre prochain.
C’était un enfant bien de son temps, passionné d’internet et doué pour l’informatique. Issu d’une très grande famille bourgeoise italienne, Carlo Acutis naquit le 3 mai 1991 à Londres, où son père travaillait comme homme d’affaires. Toute la famille revint bien vite à Milan où elle avait l'habitude, bien que non pratiquante, de recevoir des personnalités catholiques importantes. Parmi elles, Mgr Macchi, ancien secrétaire du pape Paul VI, archevêque de Lorette. Ce prélat fut tellement impressionné par la maturité de Carlo qu’il l’autorisa à recevoir la communion à sept ans.
A partir de ce moment-là, Carlo entretint une relation profonde avec l’Eucharistie. Il ne manqua jamais une messe. Il aimait rester en silence devant le tabernacle. L’eucharistie occupait une telle place dans sa vie qu’il développa un site internet voué à ce sacrement. Comment un si petit enfant pouvait-il avoir un sens aussi profond du mystère eucharistique? Cela relève du secret de sa vie personnelle, mais il y a de-ci de-là quelques petits indices qui font réfléchir.
La foi comme boussole dès l’enfance
Ses parents racontent cette confidence: à six ans, le petit Carlo avait entendu une petite voix intérieure qui lui aurait dit: "Non l’amour-propre, mais la gloire de Dieu." Mais cela avait-il vraiment de l’importance? Tant de choses passent par la tête des enfants. Ils les entendent, et deux secondes plus tard, ils courent, occupés à un autre jeu. Dans ce cas, c’était différent.
Plus étrange fut cette fixation sur l’eucharistie. Il l’avait surnommée "l’autoroute pour le ciel"! La communion au Corps du Christ permettait, selon lui, d’éviter les écueils de la vie et les erreurs de comportement. Il passait de longues heures devant le Saint-Sacrement, aidé en cela par la récitation du chapelet. Il ne comprenait pas comment les jeunes de son âge pouvaient piétiner pendant des heures dans d’interminables files d’attente pour assister à un concert de rock ou de musique passagère.
Carlo avait en effet une façon particulière de juger de la valeur des choses et des activités. Certes, il aimait la beauté des choses et, grâce à ses parents, il pouvait goûter à la grandeur majestueuse des montagnes, comme aux délicates senteurs des roses fragiles. Mais il gardait cette étrange lucidité qu’ont certains enfants dans toute leur troublante simplicité. C’est ainsi qu’il écrivit que "la beauté physique se fane", et que rien ne reste, mais que seule "la beauté spirituelle ne flétrit pas, elle dure pour l’Eternité".
Pour pouvoir atteindre ces belles réalités, il fallait, disait-il, se comporter comme une montgolfière! Pour qu’il puisse s’élever, ce ballon doit se délester des sacs de sable qui l’alourdissent et le retiennent. De même, nos fautes, petites ou grandes, sont comme autant de poids qui entravent cet élan vers le ciel.
« La montgolfière, pour s’envoler vers les hauteurs, a besoin de se délester de ses poids, tout comme l’âme, pour s’élever vers le Ciel, a besoin d’enlever même les plus petits poids que sont les péchés véniels… Faites comme moi et vous en verrez les résultats ».
Voilà pourquoi l’enfant veillait à se confesser régulièrement. Cela paraît être d’une autre époque et, pourtant, c'est ce qu’il faisait. Il avait coutume de dire: "Le bonheur, c'est d'avoir le regard tourné vers Dieu. La tristesse, c'est d'avoir le regard tourné vers soi-même."
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Un adolescent guidé par l’amour du prochain
Toutes ces belles pensées ne l’enfermaient pas dans un isolement frileux et égoïste. Bien au contraire! Il était capable d’une très grande délicatesse. Il veillait à ne pas laisser seuls ses compagnons qui voyaient leurs parents se déchirer pendant un divorce. Lui-même connut cette épreuve. Il comprenait. Il aidait. Un jour, il prit la défense d’un de ses camarades qui était handicapé. Les autres se moquaient de lui à l’école. Il économisait aussi de l’argent pour donner de la nourriture aux clochards, et il aimait passer un moment à parler avec eux.
Il est vrai qu’il aimait imiter des personnages hors du commun, comme François d’Assise et saint Louis de Gonzague, ce jeune jésuite italien qui mourut à vingt-trois ans pendant qu’il secourait les pestiférés. Il méditait la simplicité de Bernadette Soubirous et celle des enfants de Fatima, Francisco et Jacinta Marto. Il admirait le courage de saint Tarcisius, cet enfant qui, selon le pape Damase, avait été tué parce qu’il ne voulait pas que les soldats romains profanent l’hostie consacrée qu’il portait.
Le web comme vitrine du sacré
Carlo Acutis était par ailleurs doué pour l’informatique. Il mit alors ses dons au service de l’adoration eucharistique. Après avoir créé un site sur sa paroisse, il n’hésita pas à monter une petite vidéo pour expliquer le mystère de la transsubstantiation! A onze ans, il avait décidé de monter une grande exposition sur les miracles eucharistiques. Il organisa donc un site internet sur lequel il exprima cette conviction personnelle: "Plus nous recevrons l’eucharistie, plus nous deviendrons comme Jésus et déjà sur cette terre nous jouirons du Paradis!"
Sur ce site, sont d'ailleurs recensés des miracles eucharistiques ayant eu lieu en Belgique : Bois-Seigneur-Isaac, Bruges, Bruxelles, Hasselt et Liège.
Il avait convaincu ses parents de faire le tour des sites connus pour des miracles eucharistiques, mais il tomba malade: une forme foudroyante de leucémie. Conformément à son souhait, il est enterré à Assise, près de saint François. Le site qu’il avait lancé se transforma en exposition itinérante qui toucha plus de dix mille paroisses, sur cinq continents.
Sa maman, Antonia Salzano, témoigne qu’un mois après sa mort, elle a reçu une locution intérieure: "Carlo est au Ciel. Que cela vous suffise." Un peu partout dans le monde, on recense aujourd’hui des grâces obtenues par l’intercession de Carlo au point que certains commencent à parler pour lui aussi d’un ouragan de gloire.
Quels sont les miracles attribués à Carlo Acutis ?
L’attente – et l’impatience – étaient grandes. Carlo Acutis, passionné d’informatique affectueusement surnommé "le geek de Dieu", va devenir saint. Sur les deux miracles reconnus par l’Eglise, le premier est la guérison d’une malformation et le deuxième, celle d’une jeune fille dite perdue par les médecins.
Ce miracle concerne Valeria, une jeune étudiante costaricaine installée à Florence. Victime d’une grave chute à vélo en juillet 2022, elle subit un traumatisme crânien nécessitant une intervention d’urgence. Son état est critique, et les médecins annoncent à sa famille qu’elle peut mourir à tout moment.
Sa mère, Liliana, commence alors à prier Carlo Acutis. Six jours plus tard, elle se rend en pèlerinage sur sa tombe à Assise, priant avec ferveur et y laissant une lettre. Le jour même, Valeria recommence à respirer seule. Le lendemain, elle bouge ses membres et retrouve partiellement la parole. En quelques semaines, elle guérit de manière aussi rapide qu’inexpliquée.
Un scanner révèle la disparition de l’hémorragie, et sa rééducation ne dure qu’une semaine. Déclarée guérie, Valeria retourne avec sa mère remercier le jeune bienheureux. Ce miracle de guérison a été reconnu comme authentique par l’Église, ouvrant ainsi la voie à la canonisation prochaine de Carlo Acutis.
Il deviendra "saint Carlo Acutis" le 7 septembre 2025
Au cours du consistoire du 13 juin 2025, le Pape Léon XIV a approuvé les canonisations de huit bienheureux, parmi lesquels Carlo Acutis. L'adolescent sera proclamé saint le 7 septembre prochain, aux côtés d'un autre jeune italien, Pier Georgio Frassati.
Carlo Acutis deviendra le premier saint catholique issu de la génération des "millenials". Les records ne s'arrêtent pas là. Premier adolescent du XXIe siècle à être proclamé saint, Carlo Acutis sera également le premier enfant canonisé dont les parents sont toujours en vie.
Le bienheureux italien devait initialement devenir saint le 27 avril 2025 à Rome, lors du Jubilé des adolescents, mais la cérémonie a été reportée en raison de la mort du pape François, survenue une semaine avant.
Des attributs bien de son temps
Dans un vitrail contemporain installé dans l’église San Giuseppe de Molfetta, dans les Pouilles, Carlo Acutis est représenté tel un adolescent de notre époque : blouson rouge, jeans, baskets blanches et sac à dos. Il marche, souriant, en toute simplicité. Cette représentation reflète l’essence même de ce bienheureux du XXIe siècle, qui a su allier sainteté et modernité.
Un modèle toujours aussi inspirant pour la jeunesse
Carlo Acutis attire les jeunes non seulement par sa foi, mais aussi par sa manière joyeuse et accessible de la vivre. Il incarne une sainteté joyeuse, ancrée dans les sacrements, notamment l’Eucharistie qu’il appelait son « autoroute pour le Ciel ». Par son exemple, il montre que la sainteté n’est pas réservée aux héros du passé, mais qu’elle peut se construire dès aujourd’hui, dans l’ordinaire de la vie. Un guide spirituel à la fois proche et inspirant, dont le message reste vibrant pour toute une génération en quête de repères.
Une dévotion croissante en Belgique
La Belgique n’est pas restée insensible à la figure de Carlo Acutis. À Zonhoven, une représentation imprimée en 3D a été installée dans l’église Sint-Quintinus, affirmant ainsi que la sainteté reste actuelle, enracinée dans notre époque comme en témoigne cette initiative.
À Namur, une chapelle dédiée à Carlo a été inaugurée dans l’église Sainte-Julienne. Le père Fabian Mathot y a même accueilli une relique de son cœur, soulignant que Carlo, par son amour de Dieu et du prochain, continue de nous appeler à la charité authentique.
Une présence marquante dans la culture populaire
Carlo Acutis fait l’objet d’un véritable engouement éditorial et culturel. De nombreux ouvrages, bandes dessinées et kits pédagogiques permettent de découvrir sa vie et son message. On peut notamment citer Le Secret de mon fils, témoignage bouleversant de sa mère Antonia Salzano, ou encore Carlo Acutis, en route vers le Ciel, une BD destinée aux plus jeunes. Ne manquez pas non plus le kit sainteté de Carlo Acutis et Le ciel au cœur de Jean-Luc Moens.
À travers ces publications, on le voit, Carlo devient une figure populaire et accessible, véritable pont entre foi et culture contemporaine.
Philippe HENNE, mise à jour rédaction de CathoBel
