Grand entretien – Nicolas Van Nuffel : “Face aux crises, nous avons besoin de peur et d’espoir !”


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Grand entretien – Nicolas Van Nuffel  : “Face aux crises, nous avons besoin de peur et d’espoir !”
Nicolas Van Nuffel (D.R.)
Par Vincent Delcorps
Publié le
2 min

Le responsable du plaidoyer au CNCD 11.11.11 nous explique comment la mobilisation citoyenne peut contribuer à changer les politiques publiques. Celui qui est aussi responsable de la Coalition Climat estime également que nos émotions peuvent nous aider à affronter les défis de notre temps.

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Cet homme-là, il faut le voir parler. Ou l’écouter avec les yeux. Car cet homme-là, quand il s’exprime, il a le regard qui brille. Qui pétille. Son cœur qui vibre. Une forme de légèreté. Qui n’empêche pas une très sérieuse gravité. Il faut dire que les sujets que nous abordons avec lui – réchauffement climatique, crise de la biodiversité, inégalités… – ne sont pas roses. Il le sait. Voilà pourquoi la peur et la colère sous-tendent son combat. Voilà aussi pourquoi l’espoir lui semble plus que jamais indispensable…

Vous travaillez depuis 15 ans au sein du CNCD 11.11.11 où vous êtes en charge du plaidoyer. Diriez-vous que sur ce laps de temps, vous avez contribué à rendre le monde meilleur?

Ce serait sans doute très prétentieux de le dire! Mais je crois que nous avons obtenu des victoires, et contribué à tracer un chemin vers un monde meilleur. Un exemple: en 2018-2019, durant des mois, on a mis les gens dans la rue par dizaines, voire centaines de milliers, autour du climat. On a pu se rendre compte que marcher, ça marche! On a obtenu des changements. Evidemment, ça ne va pas assez vite, pas assez fort, ce n’est pas assez solidaire. Mais il n’empêche qu’un changement politique et culturel gigantesque est en train de se passer. Le 2 décembre 2018 avait lieu la première des grandes marches. Ce jour-là, sur un podium, j’ai réclamé que l’Europe s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% par rapport à 1990, et parvienne à la neutralité carbone d’ici 2050. Pour être honnête, je dois dire que je n’y croyais pas. Or, un an plus tard, la présidente de la Commission européenne a proposé les mêmes objectifs. Et aujourd’hui, ils sont acquis. Cela n’aurait pas été possible s’il n’y avait pas eu une mobilisation citoyenne. On voit donc que celle-ci permet d’obtenir des changements. A une condition cependant: il faut aussi un service après-vente…

Propos recueillis par Vincent DELCORPS

Catégorie : L'actu

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