Le diaconat des femmes, « ça prendra encore du temps »


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Le diaconat des femmes, « ça prendra encore du temps »
Par Armelle Delmelle
Publié le
3 min

Mercredi 10 avril dernier, Veer Dusauchoit a porté plainte contre l’Église pour discrimination après s’être vue refuser l’accès à la formation pour devenir diacre. Le rôle de diacre, comme celui de prêtre, est réservé aux hommes et rien n’indique un changement prochain de cette règle. Et ce n’est pas un tribunal civil qui va changer la donne.

Veer Dusauchoit est une paroissienne engagée de la paroisse Notre-Dame à Herent, dans le Brabant flamand. Sa vocation l’a poussée à faire une demande écrite afin de pouvoir suivre la formation de diacre. Sa requête a évidemment été éconduite puisque, comme lui ont répondu les évêques, la fonction de diacre n’est actuellement pas accessible aux femmes.

Droit « civil » et droit canonique

Madame Dusauchoit a porté plainte contre l’Église devant le tribunal de première instance de Maline. Celui-ci devra statuer sur l’affaire le 14 mai prochain. Cela est son droit en tant que citoyenne d’être entendue et la discrimination sur base du genre est effectivement interdite par la loi belge. Cependant, cela ne signifie pas que le tribunal de première instance pourra changer quelque chose à la situation.

En effet, la Constitution accorde l’autonomie aux cultes reconnus (Art. 21) et cela passe donc chez les catholiques par le droit canonique. « Cela ne signifie pas que le droit canonique peut protéger des meurtres », nous précise Louis-Léon Christians, professeur de droit canonique.« On navigue entre ces deux limites », ajoute-t-il.

Le droit, même pénal, ne peut donc passer au-delà de la Constitution qui elle, accorde à l’Église le droit de déterminer ses propres règles. Et le droit canonique, lui, n’accorde l’ordination qu’aux hommes.

Une prise de position

Pour Serge Maucq, prêtre dominicain diocésain à Louvain-La-Neuve, la plaignante prend certainement position dans les discussions en essayant de faire bouger les choses à sa hauteur. Sinon, pourquoi se lancer dans une entreprise que l’on sait perdue d’avance ?
La discussion en cours est celle qui pourrait avoir lieu en octobre lors de la prochaine étape du synode sur la synodalité. Les évêques belges ont en effet écrit une lettre afin que le sujet soit mis sur la table. « Ce type de revendication sera certainement soutenu par les Européens. Peut-être par quelques autres parties du monde, mais je crois que ce n’est pas mûr pour un certain nombre d’églises », imagine Serge Maucq.

Cela devrait prendre du temps avant d’avoir un avis unanime sur le sujet. Cependant, il nous précise que le pape a une « volonté d’une certaine décentralisation et d’une approche qui peut être continentale », poursuit Serge Maucq. Une approche qui, selon lui, pourrait peut-être être la clé pour trouver une solution.

Les femmes plus totalement à l’écart

Si le cas de madame Dusauchoit est particulier et repose la question de l’ordination des femmes, on ne peut ignorer la place grandissante qui leur est laissée dans l’institution qu’est l’Église. On peut notamment penser à Marie-Françoise Boveroulle et Rebecca Alsberge. La première nommée adjointe au vicaire épiscopal à Bruxelles et la seconde comme déléguée épiscopale dans le Brabant Wallon. « Si on enlève aujourd’hui les femmes impliquées dans l’Église catholique à tous les niveaux de service, je crois que l’Église s’effondre », nous dit Serge Maucq interrogé sur le sujet dans Décryptages.


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