La Belle Dame est de retour ! Plus belle que jamais pourrait-on ajouter. En décembre dernier, la statue de Notre-Dame de Beauraing quittait son socle au Jardin de l’Aubépine, s’élevait dans les airs suspendue à une grue avant de gagner, en camion, un atelier de restauration bruxellois. Jeudi matin, de nouveau suspendue à une grue, elle a retrouvé « son » Jardin des apparitions. Une rénovation totalement réussie.
L’équipe chargée de la manutention connaissait déjà la manière d’opérer, résultat la statue de Notre-Dame au Cœur d’or a retrouvé son piédestal en, à peine, une petite trentaine de minutes. Toujours bien protégée par un corset de bois qui la ceinturait, la statue est revenue à Beauraing, jeudi matin. Quelques jours plus tôt, le vice-recteur du sanctuaire avait eu l’occasion de se rendre, à Bruxelles, dans l’atelier du restaurateur. L’abbé Stéphane Decisier pouvait, en primeur, constater le travail minutieux qui a été réalisé par Jacques Vereecke, spécialisé dans la rénovation de sculptures, et son équipe.
Cette statue de Notre-Dame de Beauraing est en marbre de Carrare. En place depuis 1951, on constatait que le marbre, pierre poreuse, avait souffert de toutes ces années exposées aux intempéries sans oublier les actes de vandalisme. En prélude à la visite, en 1985, du pape Jean-Paul II, la statue avait été la cible d’actes malveillants. Dans un premier temps, les mains de la statue avaient été coupées et jetées dans un fossé. Retrouvées, elles avaient été remises en place. Deux doigts avaient été cassés et refaits dans l’urgence. A peine avait-elle regagné son socle que l’on déversait sur elle de l’huile de vidange ! Le peintre contacté à l’époque pour nettoyer la statue avait, avant d’intervenir, questionné un garagiste pour connaître les composants de l’huile de vidange. Il avait ainsi pu travailler délicatement et efficacement.
Quelques traces restaient néanmoins visibles. Cette rénovation était l’occasion de tenter, une nouvelle fois, de les faire disparaître. L’abbé Decisier s’est lancé dans une véritable enquête pour en savoir plus, malgré les années, sur l’huile. Plusieurs sortes d’argiles ont été testées. « La statue, souligne non sans humour le vice-recteur, a pris un bain de boue. Jacques Vereecke m’a expliqué qu’il n’y a pas une manière de restaurer une œuvre mais bien plusieurs. Chaque restauration est ainsi un défi à relever. Il reste encore quelques traces légèrement jaunes. » Elles sont plus présentes quand la statue est mouillée par la pluie. Les extrémités de la couronne, le cœur et les rayons qui se prolongent ont été redorés.
L’abbé Decisier continue à être ému par le visage de Notre-Dame de Beauraing. Un visage paisible, des traits d’une grande finesse tout en délicatesse. Un visage resté impeccable malgré le temps et qui n’a donc pas été restauré. « C’est comme si le Christ ne permettait pas que le visage de sa mère soit souillé… »
Un petit tour
Au départ, la statue regardait vers l’assemblée. Une assemblée qui pouvait ainsi, en même temps, suivre la célébration et avoir un œil sur Notre-Dame au Cœur d’Or. La configuration ayant été modifiée, la statue a pivoté de 45°. Le piédestal sur lequel elle est déposée bénéficie, aujourd’hui, d’un socle en béton et plus, comme précédemment, d’une assise en terre de remblais. Le sol s’étant tassé, la statue était légèrement inclinée. Elle se trouve aujourd’hui face à la porte du bâtiment occupé par les religieuses. Là où les enfants sont venus sonner un soir de novembre. Et c’est en se retournant alors qu’ils attendaient leur amie qu’ils ont vu la Vierge Marie. A trois reprises, elle apparaîtra sur le pont du chemin de fer avant d’apparaître depuis le houx du jardin. Finalement, la Vierge Marie choisira l’aubépine qui, se prépare, en ce printemps à, une nouvelle fois, fleurir.
Jeudi, lors de la messe quotidienne, le chanoine Rochette, recteur du sanctuaire ne pouvait passer, ce retour, sous silence. Dans son homélie, il parlera des mains de la Vierge Marie. La statue est représentée avec des mains ouvertes et pas des mains jointes pour la prière. Des mains qui accueillent, qui relèvent et qui élèvent encore chacun. Le chanoine Rochette : « A la fin des apparitions, Marie a pris le chemin du retour. Le ciel s'était ouvert, il s'est refermé mais une cicatrice est restée. Pour ma part, j'aime dire que Marie n'a jamais quitté l'aubépine, qu'elle est toujours là. »
Une statue de Notre-Dame de Beauraing qui vous accueillera dès le 1er mai prochain, jour d’ouverture de la saison mariale, dans un Jardin des apparitions entièrement refait. Pas encore de fleurs, d’arbres, d’arbustes… ce n’est pas la saison pour les plantations mais déjà des chemins pour déambuler (nous y reviendrons). Des moments paisibles pour prier.
C.B.
Photos : Stéphane Decisier