D'après le professeur Agostino Borromeo, les personnes jugées par l'Inquisition entre le XIIIe et le XIXe siècle en Espagne seraient au nombre de 125.000, et que sur ce total, seul 1% d'entre elles auraient été exécutées. On est bien loin des chiffres qui circulent en général à ce sujet.
De nombreux mythes circulent à propos de l'Inquisition, notamment à propos du nombre d'exécutions capitales. Depuis le XIXe siècle, des chiffres plus farfelus les uns que les autres sont repris dans les ouvrages d'histoire, sans vérification des sources. La plupart proviennent de "L'Histoire critique de l'Inquisition d'Espagne" publiée en 1817 par Juan Antonio Llorente. D'après lui, en trois siècles et demi d'existence, l'Inquisition aurait prononcé 341.021 condamnations, dont 39.671 remises au bras séculier.
Or, les chercheurs admettent aujourd'hui qu'il est impossible de parvenir à un calcul exact du nombre de victimes, et tiennent pour fort exagérés les chiffres de Llorente. Dans son édition du 14 mai, le quotidien britannique "The Guardian" évoque d'ailleurs les travaux du professeur Agostino Borromeo, historien du catholicisme à l'Université La Sapienza de Rome, qui a dirigé les 783 pages d'un livre paru le 12 mai sur la question. S'appuyant sur de très nombreux documents d'archive du Vatican, celui-ci estime que les personnes jugées par l'Inquisition entre le XIIIe et le XIXe siècle en Espagne sont au nombre de 125.000, et que sur ce total, seul 1% d'entre elles ont été exécutées. D'autres experts, cités par le "Guardian", expliquent que bon nombre des milliers d'exécutions traditionnellement attribuées à l'Église étaient en réalité le fait de tribunaux civils. D'autre part, l'usage de la torture était extrêmement réglementé dans les tribunaux de l'Inquisition: les bourreaux n'avaient droit qu'à... un quart d'heure, et sous surveillance d'un médecin.
P. A.
