Dans une interview accordée à Vatican News, Mgr Vitus Rubianto Solichin, évêque de Padang, en Indonésie, évoque les tragiques inondations qui ont frappé la région, les attribuant, ainsi que d'autres calamités naturelles, au changement climatique, et explique les défis posés par l'acheminement de l'aide.
Des crues soudaines et des coulées de boue dans la province indonésienne de Sumatra Ouest ont fait au moins 52 morts et plus de 3 000 personnes ont été évacuées. Dans une interview accordée à Vatican News, l'évêque de Padang, Vitus Rubianto Solichin, s.x., évoque la catastrophe en cours et le fait que de tels drames deviennent toujours plus fréquents et dévastateurs à mesure que la crise environnementale atteint de nouveaux sommets.
Samedi 11 mai, des pluies torrentielles ont provoqué des crues soudaines, des glissements de terrain et des coulées de lave froide dans trois districts de la province de Sumatra Ouest, a rapporté Reuters. Cette coulée de lave froide, un mélange boueux de cendres volcaniques, de débris rocheux et d'eau, provient du mont Merapi, l'un des volcans les plus actifs de Sumatra, dont l'éruption, qui a fait des victimes en décembre, s'est répétée à plusieurs reprises depuis.
Selon l'agence de presse, plus de 45 des 52 morts ont été identifiés, et les sauveteurs locaux, la police et l'armée continuent de rechercher 17 autres personnes portées disparues. Mardi 14 mai, près de 3 400 personnes avaient été évacuées vers des bâtiments voisins.
West Sumatra, Indonesia this evening......pic.twitter.com/Nqrmfyw9Qh
— Volcaholic 🌋 (@volcaholic1) May 8, 2024
Pluies plus fréquentes
De fortes pluies sont attendues jusqu'à la semaine prochaine dans la province de Sumatra Ouest, ce qui signifie, selon les autorités, qu'il faut rester attentif aux crues soudaines et aux glissements de terrain au moins jusqu'au 22 mai. La population a été invitée à se tenir à l'écart des collines sujettes à ce type d'événements.
L'évêque de Padang a décrit les pluies torrentielles qui ont touché l'ouest de Sumatra dans la province du diocèse de Padang, de «particulièrement frappantes» ayant provoqué de nombreux dégâts, compte tenu de l'importance du glissement de terrain et du fait que tant de personnes sont touchées, tout déplacement étant quasi impossibles en raison de routes bloquées.
«Si le gouvernement et les sauveteurs travaillent ensemble pour nettoyer la zone, le trafic et les déplacements pourront être rétablis, et les inconvénients et les dangers pourront être atténués», a expliqué l'évêque.
In pictures: Death toll after severe flooding and mudslides in Indonesia's Sumatra rises to at least 67, with 22 people still missing pic.twitter.com/0KqwEOT63c
— TRT World Now (@TRTWorldNow) May 15, 2024
Nécessité d'améliorer les infrastructures
«Le gouvernement, a-t-il déploré, n'est pas disposé à construire une autoroute, étant donné la propension de Sumatra Ouest, surtout d'octobre à avril - même si nous sommes maintenant en mai, à lutter contre ces pluies torrentielles». Il a souligné le besoin urgent d'être équipé et d'avoir des solutions prêtes à faire face aux calamités naturelles, telles que celle-ci, à tout moment.
L'évêque a expliqué que les nombreuses collines et vallées de l'ouest de Sumatra, combinées aux petites routes provinciales, exacerbent la situation. «En raison notamment de la déforestation, les glissements de terrain sont de plus en plus fréquents», a-t-il déclaré, observant que les diverses calamités provoquées par les catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes.
L'un des principaux problèmes auxquels sont confrontées les personnes touchées, quelle que soit leur religion, «c'est que nous avons des sauveteurs qui peuvent être chrétiens ou catholiques, mais parfois les musulmans ne veulent pas recevoir l'aide des chrétiens ou des catholiques», regrette l’évêque de Padang. «C'est pourquoi, explique-t-il, nous devons utiliser d'autres noms, qui semblent plus neutres ou plus courants, comme celui de la Croix-Rouge. Ils n'acceptent pas notre aide, poursuit-il, car ils disent que cela vient des chrétiens. C'est là aussi le problème. Nous voulons les aider, mais ils ne veulent pas recevoir de services de l'Église», pensant «parfois que cela signifie que nous voulons les christianiser, mais ce n'est pas le cas».
Vivre et coexister ensemble
Pourtant, «nous partageons cette tragédie ensemble», déclare Mgr Solichin. L'ouest de Sumatra, note-t-il, est la partie la plus orientale et la plus islamique de l'Indonésie, et «la majorité des musulmans, y compris là où il y a des fondamentalistes, se trouvent ici». «Mais dans la vie quotidienne, rassure-t-il, nous pouvons vivre ensemble, coexister et collaborer avec le gouvernement».
Deborah Castellano Lubov – Vatican News