Le coût des mesures proposées par les partis : “il va falloir faire des compromis”


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Le coût des mesures proposées par les partis : “il va falloir faire des compromis”
Par Armelle Delmelle
Publié le
3 min

A un mois des élections fédérales, le Bureau fédéral du Plan a calculé ce que coûtera une partie des mesures proposées par les partis politiques. C’est une obligation pour le BfP, et un outil très utile pour aider les citoyens à faire leur choix final.

Si vous ne savez pas encore pour qui voter, les chiffres publiés par le Bureau fédéral du Plan pourront peut-être vous aider à vous décider. Chacun des douze partis se présentant aux élections fédérales a pu demander le calcul de maximum 30 mesures, pour un total de 360 mesures. On fait le point sur ce qui pourrait rapporter et sur ce qui pourrait coûter à l’État.

La taxation sur les fortunes

Fer de lance des partis de gauche, la taxation sur les grands patrimoines ne rapporterait pas la même chose en fonction de qui la mettrait en place. C’est ce que nous explique Christophe Herinckx dans Décryptages: “La proposition d’Ecolo rapporterait 3,6 milliards d’euros par an à l'État. Les mesures proposées par Groen, 2 milliards, celles du PTB, 3,9 milliards, et le PS, plus de 7 milliards.

Du côté de Défi, la modification des tranches d’imposition pour les personnes physiques devrait coûter 10 milliards à l’Etat chaque année. Pour ce qui est du MR et sa volonté de renforcer l’écart entre "ceux qui bossent" et ceux qui bénéficient d’allocations sociales, les mesures proposées coûteront là aussi jusqu’à 10 milliards d'ici 2029.

Carte jaune pour l’écologie

Au-delà de l’impact budgétaire, le Bureau fédéral du Plan a également calculé l’impact sur les émissions de gaz à effet de serre de notre pays. Il peut être utile ici de rappeler que la Belgique s’est engagée à réduire ses rejets de gaz à effet de serre de 47 % dans les secteurs non industriels par rapport à 2005. Nous sommes aussi inscrits dans un effort européen qui vise à réduire les émissions de 55 %, tous secteurs confondus, par rapport à 1990. Des sanctions financières sont à la clé si nous ne parvenons pas à ces objectifs. A en croire les perspectives économiques du Plan pour 2025-2029, nous sommes loin du compte. En effet, les mesures impliquent une diminution de seulement 34,2 % par rapport à 1990.

Dans l’analyse qu’il a fait de ces chiffres dans Décryptages, Christophe Herinckx note que seul 9% des mesures calculées portent sur l’écologie et la plupart viennent d’Ecolo et de Groen. Seule la moitié des propositions des partis seraient susceptible de réduire les émissions de gaz à effets de serre, alors que celles l’autre moitié impliqueraient leur augmentation.

Réduction de la dette

Grâce aux chiffres du BfP, nous savons d'ores et déjà qu’aucun programme politique proposé ne nous permettra de réduire la dette au maximum de 3% demandé par l’Union Européenne. En tout cas, pas au cours de la prochaine législature.

Pour la réduire, ce sont les propositions de la NV-A qui semblent les plus efficaces puisqu’avec ses mesures, nous arriverions à 3,6 % en 2029. Côté francophone c’est le PS qui serait le plus efficace avec un déficit attendu de 4,9% du PIB la même année. Les moins bons élèves dans cet exercice sont, du côté francophone : Défi (6,3% du PIB en 2029) et le MR (7,6%); et du côté flamand : le CD&V (6,4%) et le Vlaams Belang (7,5%).

A titre indicatif, à politique inchangée, notre déficit budgétaire en 2029 serait de 5,6% du PIB. C’est un peu plus que la possible réduction de la dette si c'étaient Les Engagés (5,4% du PIB en 2029) ou Vooruit (5,5%) qui devaient se retrouver au pouvoir.

Faire des compromis à la belge

Si aucun parti ne va pouvoir résorber la dette publique belge, il va pourtant bien falloir y arriver d’une façon ou d’une autre. “Les mesures qu’ont proposées les partis ne tiennent pas compte de leur impact budgétaire” commente Christophe Herinckx. “Mais il est clair que la question du budget de l’État va devoir être tranchée pour elle-même. Cela va nécessiter des arbitrages très compliqués entre les différentes mesures proposées. Après les élections il va falloir retrouver un équilibre entre les priorités des différents partis et faire des compromis.”


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