Suaire de Turin : un débat loin d’être clos


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Suaire de Turin : un débat loin d’être clos
Par Sophie Delhalle
Publié le
3 min

Cette bande de tissu est sans conteste l’objet historique qui a suscité et suscite encore le plus d’attention de la part du monde scientifique. Dernièrement, La Libre consacrait l’un des épisodes de sa série sur « Les grands faux de l’histoire » au suaire de Turin.

Les reliques du Christ
Le Suaire de Turin est loin d'avoir livré tous ses secrets. CC-BY-Koppchen

Pour Nicolas Sarzeaud, historien français, spécialiste des images du Moyen-Âge, scientifiquement, « le dossier est clos » ; le suaire est un faux, fabriqué au XIVe siècle. Mais d’affirmer aussi que “ C’est une image d’une très grande ingéniosité » et d’avouer que la question de sa fabrication reste entière. « Comment cette technique a été obtenue est une vraie question et reste une vraie belle question ».

A-t-on vraiment fait le tour de la question ?

Ces propos font probablement écho à l’ « enquête définitive » publiée il y a un an, par un autre historien de renommée, Jean-Christian Petitfils, où il s’attache à démontrer l’authenticité du saint suaire. Un ouvrage tièdement accueilli par les critiques à l’époque. "Une occasion manquée d'élever le débat", écrivait même une journaliste de La Vie. Or, comme nous l’avait aussi confié un autre spécialiste français des reliques du Christ, Nicolas Guyard, son collègue a eu l’honnêteté d’annoncer son parti pris dès l’introduction.

A lire : Regards croisés sur les reliques du Christ

Et il ajoute : « Certes, la science a permis de disqualifier certaines reliques […]. Mais la question reste entière : qu’est-ce qui authentifie une relique ? La science a-t-elle ce pouvoir ? Car les résultats scientifiques peuvent être sujets à interprétations diverses ». En matière d’authentification de reliques (et le Saint Suaire en est une par excellence), la science ne règle pas (toujours) le problème. Elle alimente la controverse, plus qu’elle n’apporte de réelles certitudes, affirme encore ce chercheur.

L'Eglise n’a "pas besoin d’une authentification du suaire pour fonder sa foi", analyse le professer belge, Philippe Boxho.

La Libre poursuivait donc le débat en publiant une interview du professeur belge en médecine légale, Philippe Boxho, affirmant que le linge n’a pu qu’envelopper un homme crucifié, mais qui peut être un autre individu que le Christ. Spécifiant que « aujourd’hui, on n’a pas les moyens de démontrer que c’est le Christ.”

Lire aussi : Le mystère du suaire de Turin – Rencontre avec Philippe Boxho

En 2018, le scientifique athée nous confiait que « Quelle que soit la technique, il est important de conserver son esprit critique. On ne peut pas aborder ce linceul avec des idées préconçues. Il faut pouvoir mettre sa foi et ses convictions au vestiaire. » Le suaire est une « provocation pour l’intelligence », ajoutait-il.

Si "tout se tient sur le plan scientifique", comme l’affirme Boxho, l'Eglise n’a, de son côté, "pas besoin d’une authentification du suaire pour fonder sa foi et que celui-ci avec son visage imprimé ne constitue aucunement une preuve de la résurrection. »

Aussi, ce scientifique de haut vol laisse humblement la porte ouverte. « Notre cerveau n’est pas compétent pour tout comprendre. Aujourd’hui, la science peut dire ‘comment’ mais pas ‘pourquoi’. »

S.D.

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