Ce jeudi 15 juin est un jour particulier pour Mgr Pierre Warin, il souffle les 75 bougies de son gâteau d’anniversaire. Un anniversaire qui, pour lui, marque la fin de sa charge épiscopale dans le diocèse de Namur. Il a écrit au pape François pour l’informer qu’il demandait à prendre sa retraite, atteint par la limite d’âge.
Le diocèse de Namur a choisi de marquer cet anniversaire en évoquant l’homme. Et ce, à travers ceux qui le connaissent le mieux. Nicole, sa sœur et Anne-Catherine, sa filleule restent des partenaires de vie incontournables. Tout comme Mgr De Kesel, l’ami de toujours, Mgr Léonard, compagnon de route épiscopale lorsqu’il était à Namur. Et encore Mgr Vancottem à qui il a succédé.
Ceux et celles qui ont eu l’occasion de croiser, un jour, Mgr Pierre Warin sont unanimes pour souligner sa disponibilité, son grand sens de l’écoute. Un homme toujours souriant mais aussi très réservé. C’est avec énormément de pudeur que ses proches parlent de l’homme.
Le bon air de la Bretagne
Mgr Pierre Warin a un frère aîné qui vit en France, dans le Gers. Il a aussi une sœur, Nicole. Seulement quinze mois les séparent. Autrement dit, ils partagent une belle complicité et ce ne sont ni les années ni les parcours de vie qui ont mis, entre eux, de la distance.
Nicole Warin : "Nous avons vécu une enfance très heureuse. Avec nos parents, nous avons beaucoup voyagé en France, en Italie, en Espagne, au Portugal…" Un amour du voyage qui ne s’est pas interrompu. Mgr Warin a accompagné sa sœur, son mari et ses enfants durant des vacances familiales qui se déroulaient, souvent, en Bretagne. Ils en ont passé des heures à arpenter, le long de la Côte Sauvage, le chemin des douaniers.
Pierre Warin, un travailleur
Nicole Warin évoque encore un frère travailleur, très perfectionniste, méticuleux dans ses études mais pas seulement. "J’étais chez les Guides et mon frère chez les Scouts. Je me rappelle que pour un camp, une année, il avait construit avec sa patrouille une tente sur pilotis."
À peine ordonné, l’abbé Warin a célébré son premier mariage, celui de sa sœur. "Cela faisait beaucoup d’émotion pour maman !" Une complicité qui perdure durant les rencontres familiales, les vacances… et les déménagements. En souriant, Nicole raconte : "Nous l’avons déménagé je ne sais plus combien de fois. Nous venions de l’installer à Liège où il était président du séminaire lorsque trois mois après, il est devenu évêque auxiliaire de Namur… À Namur, il a même déménagé d’un appartement pour un autre situé sur le même palier !"
Mgr Pierre Warin a l'amour de la musique classique
Anne-Catherine Millet est la fille de Nicole Warin. Elle est une des filleuls de Mgr Warin. Médecin-généraliste dans le namurois, elle a, comme son parrain, un amour pour la musique. Ainsi, Mgr Warin accompagne le couple, chaque année, au Concours Reine Elisabeth.
« Mon parrain a appris la flûte à bec à l’école mais on ne peut pas dire que ce soit vraiment un musicien confie, un sourire dans la voix, Anne-Catherine Millet. Il aime beaucoup d’instruments ; le piano, le violon… » Et aussi le chant.
« Nous avons eu la chance d’assister, en 2014, à la prestation de la Namuroise, Jodie Devos (ndlr : elle se classera à la 2e place du Concours Reine Elisabeth), c’était notre meilleure soirée. Elle avait très bien chanté. » Mgr Warin a toujours aimé assister à des concerts. Ainsi, lorsqu’il vivait encore dans la cité ardente, il avait un abonnement pour les prestations de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Comme ce n’est pas toujours possible, faute de temps, d’assister à des concerts il aime écouter de la musique : il possède une collection impressionnante de CD, rien que du classique.
Et demain ? Anne-Catherine Millet : « C’est certain, il aimera toujours être au service des pratiquants. »
Au menu : du pain, du fromage et du vin
Mgr Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles : "Notre amitié remonte à de longues années. Nous avons étudié, ensemble, au Séminaire Léon XIII (Leuven) puis nous sommes partis à Rome pour poursuivre des études en théologie. Une matière qui nous intéressait. Pierre, grand passionné de saint Paul était, lui, plus intéressé par la théologie biblique."
En 1972, le Collège belge était encore installé, avant de déménager chez les Frères de la Charité, dans la via del Quirinale, en plein centre de Rome, près du palais présidentiel. "Le soir, nous sommes souvent allés au Bar Bavarese, un établissement qui n’existe plus aujourd’hui. Nous prenions un verre de vin et un peu de pain avec du fromage, du Gorgonzola ou encore du Taleggio. On payait, à l’époque, une centaine de lires ! Nous avons été très heureux pendant cette période au collège belge."
Un temps pour décompresser qui était le bienvenu car, outre les études, les contacts avec la famille étaient rares. "Nous rentrions à Noël, toujours en train, et puis nous revenions à Rome jusqu’en juin voire en juillet. À cette époque, le prix des avions était très élevé."
Retrouvailles comme évêques
Après les études, chacun a évolué dans son ministère. « Mais nous nous voyions une fois par an à Namur ou encore à Bruges. »
Nommés tous deux évêques, la conférence épiscopale leur permet de se rencontrer une fois par mois et ils s’apprécient toujours autant. Mgr De Kesel, en parlant de son ami : "C’est un homme avec un très bon cœur, respectueux des gens. Je dirais qu’il est, au sens évangélique, doux et humble de cœur. Il a un grand sens des responsabilités. Pierre est un vrai pasteur qui n’a jamais été carriériste. Pas plus qu’il n’a recherché les honneurs."
Les deux amis, tous deux à l’âge de la retraite, devraient pouvoir bientôt reprendre de manière plus intensive leurs rencontres. À l’archevêché de Malines-Bruxelles comme à l’évêché de Namur, on est dans l’attente du successeur désigné par le pape François. Restera, peut-être, à programmer un séjour à Rome?
Un chercheur exemplaire voire même méticuleux
Mgr Léonard est aujourd’hui à la retraite, en France, dans la région de Sisteron. Arrivé comme évêque de Namur en 1991, il occupera ce poste jusqu’en 2010, année de sa nomination comme archevêque de Malines-Bruxelles. En 2004, Mgr Pierre Warin devenait son évêque auxiliaire. À travers un mail, il s’adresse à, comme il l’écrit, « l’évêque proche des gens. »
Lettre de Mgr Léonard
« Je te connais, cher Pierre, depuis tes études à Louvain, au Séminaire Léon XIII. Nous avons même cheminé ensemble dans les années qui suivirent. J’étais présent, avec bonheur, à ton ordination sacerdotale. Tu me tins au courant de tes recherches théologiques, notamment sur Pannenberg. Tu étais un chercheur exemplaire, voire même méticuleux.
La grâce me fut donnée de t’ordonner comme évêque auxiliaire pour notre vaste diocèse de Namur-Luxembourg. J’ai vite compris que tu serais un évêque proche des gens, soucieux d’aller à la rencontre de tous nos confrères prêtres et diacres et de l’ensemble du peuple de Dieu en sa diversité, à commencer par les plus démunis et les plus souffrants. Que de visites aux malades !
Par contre, les situations conflictuelles, les oppositions explosives, n’étaient pas ton menu pastoral préféré. Mais tu savais qu’un autre, sans raffoler des combats, était mieux fabriqué pour y faire face…
Tu as dû endurer des épreuves en tout genre, mais tu les as vécues en fidélité à ta devise épiscopale : « La puissance de Dieu donne toute sa mesure dans la faiblesse » (cf. 2 Co 12, 9).
Bon anniversaire, cher Pierre, et, à l’horizon, une retraite bien méritée, mais qui sera probablement très active… »
✍André Léonard.
Merci et félicitations d'un autre ancien évêque de Namur
Mgr Rémy Vancottem a veillé sur le diocèse de 2010 à 2019 avec pour évêque auxiliaire Mgr Warin. Il écrit:
« Cher Pierre,
À l’occasion de ton 75e anniversaire, je m’associe de tout cœur à tout le diocèse pour te remercier et te féliciter. Le Seigneur nous a appelés à collaborer ensemble pour le bien de ce diocèse qui est devenu notre diocèse et que nous aimons. En homme discret, disciple du Christ, je crois savoir que tu n’aimes pas beaucoup que l’on parle trop de toi mais bien de Celui que, par vocation, tu as servi et qui est le Chemin qui nous mène vers le Père dans l’Esprit Saint.
Que le Seigneur continue à bénir ce que tu entreprendras dans la force de son nom. »
Article de Christine Bolinne (Diocèse de Namur)
Autres souvenirs
En décembre dernier, Mgr Warin fêtait les 50 ans de son ordination
