Un nouveau prieur pour les dominicains de Liège


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Un nouveau prieur pour les dominicains de Liège
Par Sophie Delhalle
Publié le
4 min

Le frère Stéphane Braun a été élu supérieur du couvent des dominicains de Liège. Il succède au frère Jean-Baptiste Dianda. Veuf, père et grand-père, il nous explique comment il concilie vie de famille et de religieux.

"La foi n'a de sens que si elle est expérimentée". Le frère Stéphane Braun présidera à la destinée de la communauté des dominicains liégeois pendant les trois prochaines années. (c) dominicains.be

Le frère Stéphane Braun a rejoint la communauté de Liège il y a trois ans et vient d'être élu prieur le 17 juin dernier. L'homme connaît déjà bien la fonction, puisqu'il a conduit la communauté de Louvain-La-Neuve pendant deux mandats.

Mais pourquoi a-t-il choisi d'épouser la spiritualité dominicaine? "Je connais les dominicains depuis longtemps. J'avais un grand-oncle qui était dominicain. Avec mon épouse et les enfants, nous les fréquentions dans notre paroisse. J'ai donc toujours été proche de la famille dominicaine, je m'y sentais bien."

Lire aussi : Qui sont les dominicains?

Religieux mais d'abord père de famille

Architecte de formation, veuf et père de quatre enfants, le frère Stéphane Braun est entré dans l'Ordre des Prêcheurs en 2003 ; il a été ordonné prêtre en 2007.

Esprit de liberté, autonomie dans l'action, le nouveau prieur aime cette spiritualité ancrée dans la réalité où l'étude est au service de l'engagement concret.

Père de famille nombreuse, grand-père de 11 petits-enfants, le frère Stéphane sort du canevas classique. "Mes enfants trouvent en moi quelque chose de l'Eglise qui les intéresse, alors qu'ils ont déserté leur paroisse. Nous avons des discussions franches et ouvertes sur les sacrements. Grâce à eux, je garde un lien avec le monde."

Ma vie familiale est intimement liée à ma vie religieuse

Fr Stéphane Braun, prieur du couvent des dominicains à Liège

Cette double (triple!) casquette lui permet notamment d'investir d'une toute autre façon la pastorale du mariage. "La foi n'a de sens que si elle est expérimentée, ce ne sont pas juste des règles, des dogmes. J'ai vécu la réalité de l'amour et quand j'accompagne des futurs mariés, il ne faut pas grand-chose pour mettre le nom de Dieu sur ce qu'ils vivent".

En entrant dans les ordres, Stéphane n'a pas tourné une page de sa vie. "Je suis toujours père et grand-père. C'est vital pour moi. C'est une richesse. Ma vie familiale est intimement liée à ma vie religieuse." Une situation plus difficile à appréhender pour les frères de la communauté. "Les autres religieux ont renoncé à tout cela." Mais pas question pour Stéphane de renoncer à cette responsabilité familiale. Maintenir un lien privilégié avec ses enfants et petits-enfants relève de l'évidence. Et ses confrères l'ont visiblement compris.

Une parole attendue

Les dominicains de Liège ont la particularité d'être implantés en plein centre-ville. "Le besoin spirituel est omniprésent et de plus en plus fort. Quelque chose doit donner sens à la vie, doit nous rendre heureux. Je suis convaincu que notre parole est attendue. Je le sens très fort quand j'accompagne des couples ou des familles pour des funérailles."

Aujourd'hui, les gens auraient donc (à nouveau) besoin de sacraliser les choses qui donnent sens à leur vie. Et c'est en partant de la vie, de l'expérience qu'on peut atteindre le divin. Il s'agit pour le frère Stéphane de "retrouver le sens de la foi au travers de l'expérience humaine", "prendre conscience que l'on peut être aimés et capables d'aimer, sinon la foi est impossible".

"Des sans-abris, des drogués, nous en avons tous les jours à notre porte. Que fait-on?" poursuit le nouveau prieur. "Comment exister dans un monde complexe dont nous voulons nous protéger plutôt que de le rencontrer?"

Car Liège est une "vraie ville", avec ses bons et ses mauvais côtés. Une ville dynamique, "en plein boum", avec une vie culturelle exceptionnelle, doublée d'un patrimoine extraordinaire. Depuis qu'il habite en Cité Ardente, le frère Stéphane a pu en mesurer la vitalité et le potentiel. Lui qui trouve l'accueil des Liégeois simple, naturel et chaleureux.

Une communauté "en chantiers"

"Nous avons une chance incroyable de vivre en plein chantier". En effet, la communauté dominicaine de Liège est prise dans le "tourbillon des chantiers" qui rythmeront - de manière un peu chaotique - la vie des frères pendant au moins trois ans. "Ces travaux nous invitent de manière symbolique à nous demander où est notre place, qu'avons-nous à construire, devons-nous nous protéger ou nous investir".

Et d'ajouter : "Notre église est trop grande, comment l'habiter, comment l'ouvrir? C'est mon engagement comme prieur de pouvoir dépasser la simple gestion pour porter un projet" qui implique aussi la fraternité laïque très active.

En savoir plus : Des logements publics dans le cloître restauré de l’église Saint-Jean l’Evangéliste

Voilà plus de quatorze ans que les travaux sont annoncés, explique le nouveau prieur. "Cette attente de projet a limité notre capacité à nous investir" dans ces lieux. Aujourd'hui, tout est précipité, avec l'arrivée des subsides. Plusieurs chantiers ont ainsi démarré. L'accès à l'église va être modifié, la tour restaurée, les lieux seront plus ouverts.

Cette phase de travaux "nous oblige à nous installer dans le provisoire". Mais le frère Stéphane refuse de ne voir que les inconvénients, et s'enthousiasme pour ce "fameux défi" qui attend sa communauté. "Plutôt que d'attendre qu'on décide pour nous, il faut prendre des initiatives". La vaste église Saint-Jean-l'Evangéliste pourrait très bien accueillir des célébrations autres que l'eucharistie, avance le nouveau prieur. Mais si la communauté est prête à ouvrir ses portes, c'est en qualité de partenaire, précise-t-il.

Sophie DELHALLE


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