603 millions d'euros. C'est, selon le WWF, le déficit annuel que la Belgique doit combler pour financer à sa juste valeur la sauvegarde de la biodiversité. Pourquoi faut-il augmenter le budget alloué à la nature?
À l'occasion de la Journée internationale de la biodiversité, le WWF-Belgique publie un nouveau rapport qui explore l'écart entre les ambitions de la Belgique en matière de biodiversité et les dépenses réelles qui lui sont consacrées. Pour aider notre pays à combler ce déficit et traduire sa politique en actions concrètes, le WWF présente des pistes concrètes, études de cas à l'appui.
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Qui paie quoi?
Dans son nouveau rapport, « Une nature qui vaut de l'or : investir dans la biodiversité, assurer notre avenir », le WWF calcule les montants que la Belgique doit dégager pour mettre en œuvre ses ambitions en matière de biodiversité. Il estime à 855,5 millions d’euros les dépenses des gouvernements de notre pays pour la politique de biodiversité en 2020.
C'est donc un nouveau cri d'alarme que lance le WWF vers les gouvernements belges dont le déficit annuel, en matière d'environnement, s'élèverait à 603 millions d'euros.
Ce sont les régions qui portent la majorité du budget dédié à la biodiversité (85% contre 15% pour le Fédéral) ce qui correspond à une dépense de près de 730 000 000 euros. De cette somme, 75 % sont supportés par les autorités régionales. Le reste étant à charge des pouvoirs locaux et provinciaux.
Si la biodiversité est en crise, nous pouvons encore la sauver. Tel est le principal enseignement à retenir de ce rapport adressé à nos dirigeants politiques.
Mais si notre pays veut honorer ses engagements et réaliser ses ambitions, il doit investir quelque 603 millions d'euros supplémentaires chaque année. Si ce montant vous semble démesuré, sachez qu'il ne représente que 0,13 % du PIB de la Belgique ou 0,22 % du total des dépenses publiques belges en 2020. C’est aussi un montant largement inférieur aux subventions allouées par notre pays à des pratiques qui nuisent à la nature : en 2020, la Belgique a dépensé presque 13 milliards d'euros en subventions aux combustibles fossiles !
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Pour redresser la barre, le WWF propose notamment trois champs d'action :
- cartographier le déficit du financement : en évaluant les besoins et dépenses actuelles de manière beaucoup plus précise
- apporter un changement transformateur en intégrant notamment la nature de manière transversale dans les stratégies et politiques de développement, en appliquant les lois sur la protection de la nature mais aussi en faisant payer les "pollueurs"
- combler le fossé pour la biodiversité belge : pour ce faire, fixer des objectifs politiques contraignants, augmenter et utiliser à bon escient les budgets dédiés à la nature comme le cofinancement européen
Rapport du WWF-Belgique sur la biodiversité en quelques chiffres
Investir dans la nature n’est pas un luxe
La perte de biodiversité et l'effondrement des écosystèmes et l'une des plus grandes menaces auxquelles l'humanité sera confrontée au cours de la prochaine décennie. En Belgique, seuls 4 % des espaces naturels sont en bon état écologique.
Cela affecte directement l'approvisionnement en eau potable, le climat, notre sécurité alimentaire et notre bien-être. La perte de biodiversité, la pollution de l'environnement, la surexploitation des ressources naturelles et le changement climatique constituent donc de graves menaces pour notre prospérité.
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Le secteur agricole en particulier en subit les conséquences, car plus de 75 % des récoltes mondiales destinées à notre consommation dépendent des pollinisateurs.
Les récentes inondations dont le coût humain et financier a été conséquent doivent nous faire prendre conscience qu'investir maintenant dans un environnement naturel résilient - qui nous protège des pires impacts - est un investissement intelligent pour notre prospérité et notre bien-être futurs.
S.D. d'après communiqué
En cette journée internationale de la biodiversité, EcoKerk lance également sa campagne dans le cadre de la semaine Laudato Si avec la plantation d'un arbre dans le jardin de l'archevêché de Malines.