Après deux jours de négociations marathon, un nouveau rapport intermédiaire – le sixième – du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies a été approuvé. L’objectif reste le même: éviter le dangereux point de basculement de 1,5 °C.

Le sixième rapport de synthèse du GIEC (AR6) met en évidence l’urgence de réduire les émissions pour atteindre les objectifs climatiques intermédiaires, qui consistent en une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 43 % d’ici à 2030 et de 60 % d’ici à 2035 pour atteindre un niveau net nul au milieu du siècle et éviter que les températures mondiales ne dépassent le dangereux point de basculement de 1,5 °C.
« Il faut éviter une catastrophe climatique totale »
Le rapport indique toutefois que les politiques actuelles ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre ces objectifs, malgré l’éventail de solutions disponibles. Les pays devraient évaluer les progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs dans le cadre du bilan mondial lors du sommet des Nations unies sur le climat COP28 qui se tiendra plus tard dans l’année.
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Le WWF exhorte les gouvernements à tenir compte des avertissements du rapport et à agir rapidement pour mettre en œuvre ses recommandations afin d’atténuer l’impact de la crise climatique. Il appelle les dirigeants à réduire rapidement les émissions dans tous les secteurs, à intensifier les efforts pour renforcer la résilience aux phénomènes météorologiques extrêmes et à protéger et restaurer la nature. Une élimination accélérée des combustibles fossiles est le meilleur moyen d’éviter que la planète ne dépasse un réchauffement d’1,5 °C et ne risque une catastrophe climatique totale.
Des solutions existent et attendent d’être mises en œuvre
Stephanie Roe, responsable scientifique mondiale du WWF pour le climat et l’énergie, et auteure principale du rapport du groupe de travail III du GIEC, a déclaré : « Ce rapport est le recueil le plus complet de données scientifiques sur le climat depuis la dernière évaluation réalisée il y a près de dix ans. Il combine les conclusions de milliers de pages de rapports publiés ces dernières années et donne une image claire des effets dévastateurs que le changement climatique a déjà sur nos vies et nos écosystèmes partout dans le monde, de l’avenir difficile qui nous attend si nous n’agissons pas ensemble, et des solutions que nous pouvons mettre en œuvre dès à présent pour réduire les émissions et nous adapter au changement climatique ».
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La nature, notre meilleure alliée pour réguler le climat
Le WWF se félicite de ce dernier rapport du GIEC et note qu’il met notamment l’accent sur l’importance de la nature et de la conservation – y compris la nécessité de conserver 30 à 50 % des terres, de l’eau douce et de l’océan de la planète pour maintenir la résilience de la biodiversité et des services écosystémiques à l’échelle mondiale. L’évaluation du GIEC est donc bien alignée sur la formulation récente du cadre mondial pour la biodiversité convenu lors de la Convention sur la diversité biologique à Montréal en décembre 2022 (COP15).
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Les systèmes naturels ont absorbé 54 % des émissions de dioxyde de carbone liées à l’activité humaine au cours de la dernière décennie, ont ralenti le réchauffement de la planète et ont contribué à protéger l’humanité contre des risques de changement climatique beaucoup plus graves.
« Nous ne pouvons espérer limiter le réchauffement à 1,5 °C, nous adapter au changement climatique et sauver des vies et des moyens de subsistance si nous n’agissons pas d’urgence pour sauvegarder et restaurer la nature. La nature est un élément non négociable de la solution à la crise climatique », a déclaré Déborah Van Thournout, porte-parole du WWF-Belgique.
Principales conclusions des rapports du groupe de travail AR6 du GIEC
- Entre 2010 et 2019, les émissions mondiales ont été plus élevées qu’au cours de toutes les décennies précédentes de l’histoire de l’humanité.
- La nature a absorbé 54 % des émissions de dioxyde de carbone liées à l’activité humaine au cours des dix dernières années. 31 % sont éliminés par les écosystèmes terrestres, y compris les plantes, les animaux et les sols, et les 23 % restants sont absorbés par l’océan.
- Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes très vulnérables au changement climatique.
- Le système alimentaire représente environ un tiers (23-42 %) des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
- Nous avons des solutions dans tous les secteurs pour réduire de moitié les émissions d’ici à 2030, conformément à une trajectoire de 1,5 °C.
- Entre 2010 et 2019, le coût de l’énergie solaire et des batteries lithium-ion (utilisées pour le stockage de l’énergie) a diminué de 85 %, tandis que le coût de l’énergie éolienne a baissé de 55 %.
Source : Communiqué de presse du WWF-Belgique – 20 mars 2023