François appelle à un réveil des consciences


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François appelle à un réveil des consciences
Par Angélique Tasiaux
Publié le - Modifié le
4 min

Le 35e voyage apostolique du pape François, à Chypre et en Grèce, s'est déroulé du 2 au 6 décembre, avec un programme chargé et des prises de parole qui ont résonné par-delà les Etats.

C’est sous le signe de l’unité et de la réconciliation que s'est effectuée la visite du pape à Chypre. Unité entre Chypriotes et migrants, entre catholiques et orthodoxes. Le pape n'a pas manqué d'y saluer les catholiques maronites de l’île, rappelant sa solidarité face à la souffrance des maronites du Liban.

Au carrefour entre l’Europe et le Moyen-Orient

Devant les autorités civiles de la République de Chypre, le pape François a souligné combien il était émouvant pour lui de poser ses pas dans ceux des missionnaires des origines que furent les saints Paul, Barnabé, qui évangélisèrent l’île dès le premier siècle, et Marc. Il a également évoqué l’épisode douloureux de la partition de l’île et "la souffrance intérieure de tous ceux qui ne peuvent pas retourner dans leurs maisons ni dans leurs lieux de culte". François a exhorté Chypre à incarner "un chantier ouvert pour la paix en Méditerranée". De même, face aux autorités grecques, le pape a dit son espoir que la mer puisse "être un pont entre les peuples", là même où est née la démocratie.

Lors de sa rencontre avec le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe chypriote, François a insisté sur les racines communes entre les Eglises catholique et orthodoxe et a renouvelé sa volonté d’approfondir le dialogue œcuménique : "Nous descendons de la même ardeur apostolique et un seul chemin nous relie, celui de l’Evangile". C'est à la Tradition avec un grand T à l'emporter sur les traditions avec une lettre minuscule ! A Athènes, où il a été accueilli par l’archevêque orthodoxe Hieronymos II, François a poursuivi une réflexion tournée vers le pardon et la réconciliation, dans la continuité des mots de Jean-Paul II lors de sa visite en 2001. "Comment pouvons-nous proclamer l'amour du Christ, qui rassemble les gens, si nous ne sommes pas unis entre nous ?" Et le pape de lancer un appel à une coopération dans la charité.

Des chrétiens porteurs d'espérance

Au cœur du message papal, martelé à plusieurs reprises : l'accueil de la différence. Pour le pape, il n'y a pas lieu de "percevoir la diversité comme une menace pour l’identité, ni nous jalouser ou nous soucier de nos espaces respectifs". Au cours d'une messe célébrée devant environ 10.000 fidèles à Nicosie, capitale de Chypre, François a souligné, une nouvelle fois, l'impossibilité de faire face aux ténèbres dans la solitude. "Nous devons nous tenir les uns à côté des autres, partager nos blessures, affronter la route ensemble." Le monde a en effet besoin de "chrétiens éclairés mais surtout lumineux, qui touchent avec tendresse la cécité de leurs frères et qui, avec des gestes et des paroles de consolation, allument des lueurs d'espoir dans les ténèbres". Lors de sa rencontre à Athènes avec le monde religieux catholique, François est revenu sur l'importance du témoignage que la petite communauté offre en Grèce, "un signe éloquent de l'Evangile".

Face à la détresse des migrants

Pour sa dernière prise de parole en territoire chypriote, le pape s’est rendu près de la ligne de démarcation, pour une rencontre œcuménique avec des migrants. Il s’est une nouvelle fois dressé avec émotion et fermeté contre l’indifférence qui prévaut face à leur détresse. "Que cette île, marquée par une douloureuse division, devienne un laboratoire de fraternité", a demandé le pape, qui a aussi évoqué la mémoire des nombreux migrants noyés. Le pape a encore exprimé sa colère contre ceux qui dressent des fils barbelés aux frontières. "La migration forcée n’est pas une habitude touristique", a-t-il martelé. Sur initiative papale, une douzaine de réfugiés sera transférée prochainement vers l'Italie, à la suite d'un accord signé entre la Secrétairerie d'Etat du Saint-Siège et la communauté Sant'Egidio. Au total, l'accord devrait permettre le transfert d'une cinquantaine de personnes.

Deuxième étape du voyage apostolique, la Grèce est le premier pays européen (hors Italie) à avoir accueilli deux fois François. Celui-ci y a exhorté les autorités grecques à ne pas céder aux séductions de l'autoritarisme et à protéger la démocratie. Dans ce pays ravagé par de violents incendies, le pape a souligné combien l'arbre qu'est l'olivier symbolise "la volonté de lutter contre la crise climatique". Il a également demandé à la communauté européenne "déchirée par les égoïsmes nationalistes" d’être un moteur de solidarité dans l’accueil des personnes réfugiées.

A. T. avec Vatican News

 


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