Alors que la place du cours de religion dans l'enseignement officiel (voire dans l'enseignement libre) est menacée, des voix se font entendre pour le défendre - et pour condamner l'action de certains lobbys. Notamment celle de l'abbé Michel Rongvaux, responsable de l'UP Grain de Sénevé (Bruxelles).
Cher ami, chère amie,

Peut-être le récent entretien donné par Claude Gillard et le Père Tommy Scholtès dans Dimanche vous aura-t-il frappé, de même que la lettre de Mgr Harpigny. Ils semblent avoir brûlé leurs dernières cartouches puisqu'aucun média ne semble accepter d’en parler (sauf le journal Dimanche et merci à lui) et qu’aucune instance, qu’elle soit confessionnelle chrétienne, ou islamique, ou juive, n’a eu l’heur d’être entendue depuis plusieurs années par l’équipe chargée de plancher sur l’augmentation à deux heures du cours de citoyenneté en cherchant – dans l’enseignement officiel pour le moment – à supprimer les cours de religion et des cours dits philosophiques.
Pourquoi la seule pensée laïque militante a-t-elle pu être entendue par l’équipe nommée par l’Etat pour réfléchir ?
Si vous voulez en savoir plus, allez lire les articles et renseignez-vous… Tout un travail très programmé est en route : en supprimant par exemple les inspecteurs de religion qui étaient un peu les go-betweens entre les professeurs et les autres responsables, on empêche de communiquer. En empêchant les professeurs qui n’ont pas de diplôme d’instituteur primaire de donner cours de religion dans le primaire, on crée la pénurie possible et réelle de professeurs de religion. Pour aboutir à dire : vous voyez, nous n’avons pas de professeurs, donc supprimons cette heure … (...) En empêchant les professeurs des différents cultes ou de morale, de pouvoir donner aussi les cours de citoyenneté dans l'école où ils donnent cours de religion, on crée un mal-être de vie pour ces personnes et on crée à nouveau faussement la pénurie. Pourquoi les professeurs des diverses religions et de morale n’auraient-ils pas la capacité de donner un bon cours de citoyenneté? Celles et ceux qui seraient sans étiquettes de culte ou confessions, seraient-ils plus neutres? A mon sens pas du tout! Simplement on ne connait pas leurs pensées… Je préfère qu’un professeur de religion islamique, ou des cultes orthodoxe, catholique, protestant, anglican ou de morale dument formés et suivis par l’inspection pour tous puissent donner les cours AUSSI de citoyenneté ET leurs cours respectifs.
Pourquoi quelques-uns que nous ne connaissons ni d’Eve ni d’Adam seraient-ils plus neutres ? D’ailleurs être neutre est-ce un but à rechercher ? et est-ce vraiment réaliste ? (...)

J’ai entendu qu’à Woluwé le professeur de religion protestante admis à la retraite n’a pas vu son horaire repris par un collègue… On aurait exigé des parents d’enfants dans l’officiel qu’ils choisissent un autre rayon confessionnel ou surtout le cours de citoyenneté… Ceci étant parfaitement illégal aux yeux de la loi et conduisant – vous l’avez compris – à supprimer les professeurs, en faisant croire que la demande est moins forte qu’on ne le pense!
Et si...
Mais après tout, ce qu’on a défait en quelques semaines ou mois (après un long travail de sape politique et l’événement de Charlie Hebdo) peut aussi être challengé ! Et si, en réfléchissant vraiment honnêtement pour le bien de tous, on retrouvait les cours de religion et philosophiques en adjoignant simplement la possibilité d’un cours de citoyenneté pour celles et ceux qui désireraient un autre choix?
Ceci permettrait de redonner espérance aux professeurs qui ont donné du temps et de la compétence pour proposer un cours de religion de valeur et qui n’ont pas toujours été reconnus… Sans compter toutes les fois où on a forcé les professeurs de ces cours à devoir se réunir dans des classes qui n’en sont pas : des petits morceaux de réfectoire avec obligation de laisser la place pour mettre les tables avant la fin des cours, des morceaux de couloirs… Sans compter les fois où on obligeait (et oblige) ces mêmes professeurs à devoir retirer leurs élèves dans les cours de mathématiques, de français, ou autres pour donner cours de religion afin de pousser les parents à dire : nous ne voulons pas que notre enfant ne suive pas son cours de maths et alii et donc nous le retirons du cours de religion protestante ici en l’occurrence …
De qui se moque-t-on ? Ou est le respect pour les professeurs de ces matières ? Et si on veut vraiment reprendre tout à zéro, ne le faisons pas sans avoir d’abord bien écouté les acteurs de terrain : professeurs et directions, les élèves devenus un peu plus grands, les associations des parents… Et prenons le temps, EN LES ECOUTANT vraiment, de fonder un choix qui ne sera pas le fruit d’une POLITIQUE PARTISANE et de l’action de LOBBYS les plus obscurs les uns que les autres.