Le droit à la liberté, à l’expression, à la parole… Leur existence repose sur un préalable majeur: la reconnaissance du devoir, inhérente à une vie harmonieuse en communauté.
Les épreuves certificatives sont un reliquat du rite initiatique. Si, autrefois, les adolescents devaient s’affranchir de leurs aînés par la force et la hardiesse, ils sont aujourd’hui sommés de faire preuve de courage en restituant la matière étudiée avec exactitude. A une ère où les enfants sont choyés, quelquefois à outrance, les examens cristallisent l’attention de la société, qui a institutionnalisé ceux-ci au rang de graal. Alors, dans une volonté de démocratisation absolue, il a été imaginé que tous les élèves auraient à répondre à un même questionnaire. Il s’agit ainsi de hiérarchiser les résultats scolaires selon une grille commune. Si les questions posées sont identiques dans l’ensemble de la Communauté française, il n’en va pas de même des corrections confiées aux enseignants en humanités. La logique d’une telle démarche aurait voulu que le correcteur ne connaisse pas l’auteur de la copie, afin d’éviter tout parti-pris et de privilégier la sacro-sainte neutralité, garante d’équité.
Ceci étant, la divulgation des questions rompt le principe d’égalité, puisque tous les adolescents n’ont pas l’autorisation d’accéder aux réseaux sociaux, a fortiori âgés de 13 ans. Par ailleurs, l’annulation d’une épreuve, pour qui concourt avec probité, est injuste, voire vexatoire. Imaginez le désarroi de l’enfant de retour de l’examen qui découvre avec stupeur l’annulation de l’effort fourni deux heures plus tôt. L’élève est d’autant plus déconfit lorsque la session n’est pas terminée! Cela solde une rupture de la confiance des enfants dans l’autorité adulte.
Cette cacophonie représente aussi une atteinte à l’honneur professoral. La transmission du savoir met en avant de nombreuses vertus, parmi lesquelles des valeurs morales. La crédibilité de l’enseignant repose aussi sur un appui effectif des parents. Exiger une présence assidue la veille des congés scolaires et jusqu’au dernier jour de juin, ne pas contester les sanctions, quand bien même leur portée semble maladroite, assister aux réunions, fussent-elles quelquefois soporifiques, prendre part aux activités extrascolaires ou s’investir dans les comités de parents relèvent d’un respect élémentaire du corps enseignant et d’une volonté d’implication. Les enfants aspirent à trouver des certitudes. Les échéances scolaires en étaient, jusqu’à l’apparition des réseaux sociaux qui établissent l’anecdote en nouvelle vérité.
Angélique TASIAUX