Opinion : Ce que nous avons en commun


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Opinion : Ce que nous avons en commun
Le collectif Bâtir le Bien Commun organise, début juillet, la 4ème édition de son université d’été chrétienne sur la justice sociale. © Logo BBC / CathoBel
Par Bâtir le Bien Commun
Publié le
3 min

La frange réactionnaire du catholicisme ne cesse de revendiquer le « bien commun ». Contre cette récupération identitaire, le collectif Bâtir le Bien Commun convie toutes les personnes de bonne volonté à la quatrième édition de son université d’été chrétienne sur la justice sociale, où sera affirmée la persistance d’un christianisme contestataire.

Le 4 juin dernier paraissait dans Le Vif une carte blanche qui dénonçait la tenue à Bruxelles de la « Nuit du Bien Commun ». Cet évènement caritatif constitue, disent les signataires, un soft power d’extrême-droite porté notamment par le milliardaire catholique français Pierre-Édouard Stérin, par ailleurs exilé fiscal en Belgique.

De quoi jeter l’opprobre sur la notion de « bien commun », un concept clef de la doctrine sociale de l’Eglise, elle-même fréquemment accusée de véhiculer une vision paternaliste de la charité pleinement compatible avec le maintien des structures de domination.

Bannière postlibérale

Le bien commun n’est pas seulement de retour au sein de l’extrême-droite française, qui essaime en Belgique. Aux Etats-Unis, il est plébiscité par une nouvelle garde catholique, incarnée par les professeurs Adrian Vermeule et Patrick Deneen, fervents soutiens de l’administration Trump et proches de J.D. Vance. Ces figures de proue participent d’un mouvement dit « postlibéral » qui se stabilise autour d’un rejet des revendications LGBT, de la défense de la famille traditionnelle et de mesures hostiles à l’immigration.

A leurs yeux, œuvrer pour le bien commun revient à mettre en place une société clairement hiérarchisée qui dépendrait non plus des institutions politiques mais de la vertu de ses membres, en particuliers de ses élites. Les personnes en situation de pauvreté peuvent, quant à elles, bénéficier de la générosité de donateurs privés, mais il n’est nullement question de défendre l’État social, la sécurité sociale ou les services publics. Les droits sociaux s’effacent pour mieux laisser place à une “bienfaisance” qui reconduit la dépendance et neutralise toute perspective d’émancipation.

Bâtir le bien commun

Il y a quatre ans, nous avons fait le choix d’appeler notre collectif « Bâtir le Bien Commun », en se fixant pour objectif de redynamiser la critique chrétienne du capitalisme. Nous n’avions pas anticipé que cette belle expression puisse servir d’étendard à un catholicisme réactionnaire. Puisque le Christ nous a enseigné que la vérité est du côté des méprisés – les minorités ou ce que le défunt François nommait les « périphéries » – il nous semble évident que lutter à sa suite suppose de s’unir aux causes progressistes qui visent à étendre la sphère des droits : écologie, féminisme, décolonialisme.

En réalité, de nombreux chrétiens et chrétiennes avaient fait ce constat avant nous : Emmanuel Mounier, Dorothy Day ou Fannie Lou Hamer savaient ce que la foi recèle de subversif, et ont voulu mêler lutte et contemplation dans le but de renverser les puissants de leurs trônes.

Le « bien commun » signifie pour nous la participation de toutes et tous à l’édification d’une société juste et égalitaire. Si vous partagez cette intuition, même sous la forme d’une lueur fragile, et que vous souhaitez vivre un moment de communion et de réflexion sur ces thèmes, rejoignez-nous du 4 au 6 juillet à l’abbaye de Maredret.

Collectif Bâtir le Bien Commun

Catégorie : Opinions

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