Du vendredi 7 au dimanche 9 juillet, le collectif Bâtir le Bien Commun organisera la seconde édition de son université d’été sur la justice sociale. Jean-Baptiste Ghins, doctorant en philosophie et co-organisateur de l’événement, revient sur l’intuition fondamentale qui y sera discutée: le christianisme est une formidable force d’opposition à toutes les compromissions.

Cela fait quelques années que nous posons, des amis et moi-même, un constat particulier: bien que l’éducation chrétienne enseigne à quel point l’argent éloigne de Dieu, et malgré le fait que la majorité des croyants fustige la société de consommation, il est rare que les fidèles assument une posture critique à l’égard du capitalisme. Les années passant, en effet, il semblerait que la fougue que nous ressentions lors de nos premiers actes de foi, qui nous poussait à nous placer par défaut du côté de celles et ceux que la société méprise, se soit estompée. A l’audace évangélique s’est soudain substituée la rationalité bourgeoise. C’est pour affronter cette dégringolade, et lutter contre ce que le théologien Jacques Ellul appelle le « péché social », à savoir « le péché qui consiste à refuser d’être une personne consciente de ses devoirs, de sa force, de sa vocation, pour accepter les influences de l’extérieur », que nous avons décidé d’organiser une université d’été, intitulée: Bâtir le Bien Commun.
Intellectuel, spirituel et convivial
Cette université d’été se veut un moment à la fois intellectuel, spirituel et convivial. Intellectuel, parce que nous estimons que nous avons trop peu l’occasion de nous former au contenu de notre propre tradition, que ce soit sous l’angle théologique, historique ou philosophique, et ce particulièrement en ce qui concerne le lien entre christianisme et combat pour l’émancipation. Nous savons, bien sûr, qu’il existe une sécurité sociale, des associations qui défendent le droit des migrants, et que nos ancêtres ont résisté aux totalitarismes. Mais que savons-vous encore du rôle que les Evangiles ont joué dans toutes ces luttes? Peu, sans doute. C’est pourquoi divers intervenants viendront nous parler de la gauche catholique, de l’histoire du féminisme en Eglise ou encore des ressorts anticapitalistes de la foi chrétienne.
Spirituel, ce weekend le sera parce que nous n’envisageons par notre engagement dans le monde sans nous placer sous le regard de Dieu, et qu’au milieu des débats politiques et des nécessaires clivages qui en résultent, la prière apparait comme un havre de réconciliation. L’université sera conviviale, enfin, car l’été porte avec soi la promesse des promenades parfumées, des rêveries au soleil et des contes au coin du feu. Quels que soient votre âge et vos connaissances, si ces trois pôles résonnent en vous, soyez les bienvenus.
Trop militants?
Depuis la première édition de cette université d’été, qui a eu lieu l’année passée, on nous reproche notre caractère sévère envers le capitalisme et ce que nous posons comme l’embourgeoisement des croyants. Nous serions trop militants, trop clivants, ingrats quant à l’existant et trop peu soucieux des dégâts qu’une rhétorique de lutte peut engendrer. A ceci, nous voulons répondre deux choses.
La première, c’est qu’il nous a été enseigné que le chrétien n’était pas du côté de la prudence, et que sa raison n’est pas celle du bon père de famille. « Plus la chrétienté se faisait conservatrice, défensive, boudeuse, inquiète de l’avenir; moins elle recevait cette sève fortifiante qui vient à une société de ses éléments offensifs, de sa jeunesse, de ses avant-gardes », écrivait Emmanuel Mounier, fondateur du personnalisme chrétien. Ainsi ne craignons-nous pas la mauvaise réputation de celles et ceux qui agacent.
La seconde, c’est que la dénonciation des inégalités matérielles et de notre propre installation dans le statu quo fait partie de notre héritage, bien plus profondément que l’art de gagner sa vie. Nous, chrétiens et chrétiennes, sommes de fait les enfants d’une contradiction, brillamment résumée par le philosophe Althusser: « On enseigne aux enfants des préceptes de vertu, mais lorsqu’ils deviennent des hommes, le même père qui leur enseignait des préceptes de vertu leur enseigne à ce moment-là des préceptes tout à fait cyniques qui sont destinés à les faire réussir dans le monde ». Si nous sommes en rupture avec quelque chose, c’est avec ce second versant de notre éducation, celui où l’on apprend à commander plutôt qu’à servir, et qui survint après une enfance passée à lire des bandes-dessinées retraçant les parcours de l’abbé Pierre, Mère Theresa et Martin Luther King. Notre discours n’exprime pas un rejet de ce que nous avons reçu. Il témoigne, bien au contraire, d’un retour aux sources.
En pratique
L’événement se tiendra du vendredi 7 (17h) au dimanche 9 (18h) juillet, à l’abbaye de Maredret (Denée), en Belgique.
Inscription: bit.ly/universitéchrétienneBBC
Prix: 60 euros à verser sur le compte BE62 9734 4804 5761, avec en communication Nom + Prénom + BBC 2023. N’hésitez pas à nous soutenir davantage si vous le pouvez, ou nous contacter en privé si ce coût implique un frein à votre participation.
Pour toute question:
batirlebiencommun@gmail.com,
+32 (0) 496 14 72 18 (Elisabeth),
+32 (0) 495 88 44 26 (Jean-Baptiste).

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