Lors de la Veillée pascale à la cathédrale de Bruxelles, l'archevêque Luc Terlinden a souligné combien l'humanité a un besoin urgent d’espérance. Lire son homélie ici.
Nous pouvons aisément imaginer la tristesse qui habite le cœur des femmes en route vers le tombeau. Jésus, qui avait consacré sa vie à faire le bien, qui, encore jeune, aurait pu continuer à faire tant de bien, a vu son histoire humaine s’arrêter brutalement ce vendredi saint. Par la méchanceté des hommes, il a été mis à mort sur une croix, puis déposé dans un tombeau.
Et pourtant, ce n’est pas seulement la douleur qui pousse ces femmes à se rendre au tombeau dès l’aurore : c’est aussi l’amour, l’amour profond et fidèle qu’elles portent à Jésus. Malgré la honte, malgré la révolte face à une mort aussi injuste, elles restent présentes, fidèles, courageuses.
Combien de femmes aujourd’hui, en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe, vivent une fidélité semblable, pleurant un enfant, un mari, un proche injustement arraché par la violence et la haine ? Comment ne pas penser au drame qui se joue en ce moment à Gaza, dans ce pays où Jésus est né, a vécu, est mort et ressuscité ? Ces enfants meurtris, cette population soumise à des conditions de vie inhumaines, cette violence aveugle, ces otages traumatisés… tout cela nous arrache un cri, un appel pressant pour que cessent la souffrance et la guerre !
Au matin de Pâques, les femmes découvrent un tombeau vide. Elles sont d’abord désemparées. Aurait-on enlevé Jésus une nouvelle fois ? Une première fois de son vivant, et maintenant, alors qu’il est mort ? Mais le tombeau vide invite à bien autre chose : à la foi, l’espérance et la charité.
La foi en Jésus ressuscité n’a rien d’évident. Le tombeau vide, en lui-même, ne prouve rien. Pour croire, il faut se souvenir de ce que Jésus a dit, lorsqu’il annonçait sa passion et sa résurrection. Il faut aussi que s’ouvre notre intelligence aux Écritures, comme Jésus le fera pour les disciples d’Emmaüs, en leur expliquant le sens caché des événements.
Cette foi, cette rencontre avec le Christ vivant, vous êtes en train de la vivre, vous, les catéchumènes, qui serez baptisés cette nuit. Et si le Seigneur est venu vous toucher au plus profond de vous-mêmes, il a aussi placé sur votre chemin des témoins du Ressuscité – à l’image de ces femmes auprès des apôtres – et c’est à travers la Parole de Dieu que votre foi a pu naître, grandir et s’épanouir.
Mais les femmes de l’Évangile ne sont pas seulement des croyantes : elles deviennent messagères d’espérance. En proclamant que le Christ est ressuscité, elles ouvrent un chemin nouveau, un chemin d’espérance. Elles témoignent que la misère, le mal et même la mort n’ont pas eu le dernier mot. Par la résurrection de Jésus, Dieu notre Père a ouvert un nouvel horizon pour l’humanité. Et cet horizon est plus que jamais nécessaire pour notre monde d’aujourd’hui : en Ukraine, à l’Est du Congo, en Terre Sainte… l’humanité a un besoin urgent d’espérance !
Cependant, l’espérance chrétienne ne consiste pas à se croiser les bras en attendant des jours meilleurs. Elle nous pousse au contraire à nous engager concrètement, à aimer, à bâtir la justice et la paix.
L’espérance, enracinée dans la foi en la résurrection, devient une force pour aujourd’hui. Elle insuffle une énergie nouvelle à notre amour et à notre charité.
Pour vous, chers catéchumènes, ce baptême marque un nouveau départ, une nouvelle naissance. Vous repartez du tombeau vide, porteurs de foi, d’espérance et de charité. C’est aussi le chemin et la joie que nous partageons avec vous : la joie du Ressuscité qui jaillit au cœur de cette nuit de Pâques.
+Luc Terlinden
Archevêque de Malines-Bruxelles
(Revoir la contribution de Bruzz sur la Veillée pascale à la cathédrale de Bruxelles : cliquer ici)