Et si le jeûne nous rapprochait de Dieu? Comment s'y prendre? A quels moments? Quels bénéfices pour notre vie spirituelle? On vous explique tout, grâce à "L'art de le prière" de Xavier Accart, paru aux éditions Emmanuel.
"Le jeune ne peut être bien compris que comme manifestation de l'amour qu'on a pour le Seigneur, et non comme performance ascétique". C'est en tout cas ce qu'écrit le père Wahid, cité par Xavier Accart dans son "art de la prière" (éditions Emmanuel, 2022). Et c'est déjà rassurant!
Pourquoi jeûner ?
Les Pères du désert plaçaient le jeûne parmi les meilleurs moyens de s'assurer le paradis. Il serait le premier commandement donné à l'homme ("tu ne mangeras pas" du fruit de cet arbre, Gn 2, 17) brisé par Adam.
Si le premier homme a été chassé du paradis pour avoir mangé, jeûner nous en rendra l'accès! estiment donc les sages du désert. Le jeune matérialise donc une forme de recommencement, le signe d'un retour à Dieu.
Les catéchumènes pratiquaient le jeûne avant d'être baptisé à Pâques d'où l'origine de notre carême. Quarante jours en souvenir du Christ qui jeûna et triompha du démon.
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Le jeûne nous rend disponibles à la source intérieure qui peut seule nous combler, affirme Xavier Accart. Par cette pratique, nous prenons également conscience de nos limites, de notre totale dépendance au Créateur, ce qui nous rend humbles et disposés à accomplir Sa volonté, le jeûne est aussi une manière physique d'entrer dans l'expérience de la Croix, selon Matta el-Maskîne (moine copte, 1919-2006).
Quand jeûner ?
L'Eglise nous demande de jeûner en priorité le vendredi, jour de la mort du Christ. Les deux jours de jeûne obligatoire, au début et à la fin du carême, sont le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint. Ces jeûnes sont toujours tendus vers la communion eucharistique dominicale et par excellence celle du dimanche de Pâques
En fait, chaque communion eucharistique doit être précédée d'un jeûne, chaque jeune doit s'achever par l'eucharistie.
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Comment jeûner?
Jeûner est également une façon de manifester notre attente du retour du Christ en référence à Mt 9, 15 : "Jésus leur répondit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront."
Le jeûne doit se vivre dans la joie et l'espérance comme précisé dans Mt 6, 17 : "Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage."
Le jeune tel que prescrit par l'Eglise consiste ainsi à ne prendre qu'un repas dans la journée, sans viande, ni boisson alcoolisée, éventuellement complété par une collation le soir. Il est "obligatoire" de 18 à 60 ans, sauf pour les femmes enceintes.
Les vendredis, jours de pénitence, il est demandé de s'abstenir de viande (ou de lui préférer du poisson).
Le jeûne eucharistique dans l'Eglise latine s'est réduit à ne pas manger une heure avant la communion. Du lever jusqu'à l'eucharistie, les orthodoxes ne mangent pas.
Toutefois, le chrétien doit bien se garder des excès, dans les deux sens : trop jeûner affaiblit le corps et devient une démonstration orgueilleuse. Le jeûne, en réalité, appelle la discrétion. Le jeune est fait pour plaire à Dieu pas aux hommes (Mt 6,16).
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Dans la vie courante, on peut s'exercer à ne rien prendre entre les repas, à refuser ce dont notre organisme n'a pas besoin, à s'imposer à table de privations assez discrètes: s'abstenir de sel, de dessert, de boire du vin, ...
Jeûner pour s'ouvrir à l'(A)utre
Le jeûne alimentaire est nécessaire car nous sommes des êtres de chair. Il est une aide puissante à la conversion.
Nous sommes invités à jeûner de corps mais aussi d'esprit, c'est-à-dire à alléger nos pensées, à éliminer toutes celles qui nous éloignent de Dieu. Et des autres. Ainsi, la bouche qui jeûne doit aussi s'abstenir de dire du mal ou de se mettre en colère.
Le jeûne est indissociable de la prière et de l'aumône. "Que l'abstinence de celui qui jeune soit la nourriture du pauvre" écrivait si bien le pape Léon le Grand. Le jeûne nous ouvre ainsi au Tout-Autre et aux autres.
Enfin, il doit surtout nous aider à exprimer notre faim du Christ.
S.D.
Lors du Carême 2022, le père Sébastien Dehorter, prêtre de l’Emmanuel et responsable de la pastorale étudiante de Louvain-la-Neuve, abordait la question du jeûne. Une interview à (re)découvrir 🎥⤵
