Ils sont encore sept liégeois à officier à l'étranger. Les prêtres Fidei Donum existent depuis 1957. A Liège, ils ont créé leur association: APLM – Aide aux Prêtres Liégeois en Mission. Un livre vient de paraître pour évoquer l'"appel missionnaire" auquel chacun a répondu.
Créée en novembre 1963 par une quinzaine de prêtres du diocèse de Liège, l’association APLM – Aide aux Prêtres Liégeois en Mission - a soutenu 81 prêtres partis vers l’Afrique, l’Amérique Latine, le Moyen Orient et l’Europe, certains pour quelques années, d’autres pour toute leur vie.
Sept sont encore à l’étranger. Par leur engagement, c’est la page missionnaire du diocèse liégeois qu’ils ont écrite. A partir de 2011, l’asbl a élargi son aide à des laïcs partant en service à l’étranger et a soutenu 15 jeunes adultes.
Un hommage sous la forme d'un livre
C'est en1957, par l’Encyclique Fidei Donum, que le Pape Pie XII appelait des prêtres à partir en mission vers les Jeunes Eglises. A l’occasion du 65ème anniversaire de cet appel, l’APLM a voulu garder la mémoire de l’action de ces prêtres liégeois qui y ont répondu. Elle souhaite aussi leur rendre hommage par la publication d’un livre « L’appel missionnaire. Prêtres et volontaires liégeois. Hier, Aujourd’hui, demain ». Cet ouvrage reprend l’histoire de l’association devenue APLM-VIC – Aide aux Prêtres Liégeois en mission, Volontariat International Chrétien -, une analyse du contexte dans lequel les prêtres sont partis, une présentation de chaque prêtre et des récits de certains jeunes.
Une vie au Brésil
Parmi les contributeurs, l'abbé Paul Wafflard, actuellement vicaire attaché à l'UP du Fléronnais. Après avoir vécu dix-huit ans au Brésil, dans le diocèse de Goias, l'abbé liégeois revient pour nous sur ce que la vie au Brésil lui a apporté. "Je retiens une plus grande ouverture d'esprit au contact d'ethnies différentes. Les prêtres du diocèse de Goias ont été impulsés par un évêque libre, adepte de la théologie de la libération, Mgr Tomas Balduino. Il m'a fortement influencé, tout comme Dom Eugenio". Eugène Rixen, originaire des cantons de l'Est, vient de prendre sa retraite comme évêque de Goias, fonction qu'il a occupée pendant plus de vingt ans.
L'abbé Paul Wafflard écrit notamment : "Pour 95% des Brésiliens, catholiques ou évangélistes, Dieu est une évidence, malgré les très nombreuses difficultés rencontrées. La beauté du pays doit y être pour quelque chose."
Dans le diocèse de Goias, un centre de désintoxication accueille une quinzaine de résidents pour une période de neuf mois. "Cette pastorale, je l'ai accompagnée, écrit encore l'abbé liégeois, durant tout mon ministère à Goias. Voir ces homme, jeunes et moins jeunes, se reconstruire difficilement mais courageusement, fut l'une de mes plus grandes joies et leçon de vie."
Infos pratiques
Après une présentation de l'ouvrage à 𝐥’𝐄𝐬𝐩𝐚𝐜𝐞 𝐏𝐫𝐞́𝐦𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞́𝐬 à Liège, 𝐥𝐞 𝟐𝟎 𝐦𝐚𝐢 𝐚̀ 𝟏𝟖𝐡, le livre sera en vente dès le 21 mai dans les librairies Siloé, rue des Prémontrés 40 à Liège, Bel Art à Banneux, de l’abbaye de Brialmont à Tilff, de l’abbaye de Val Dieu à Aubel, de l’abbaye de Wavreumont entre Stavelot et Malmédy, au prix de 24 €.
Pour les enfants du Rwanda
Comme il nous l'avait confié en 2019 lors d'un long entretien, l'abbé Pierre Simons (1941-2021) a consacré sa vie aux orphelins rwandais.
Le 28 juin 1969, Pierre Simons était ordonné prêtre à la Calamine par Mgr Van Zuylen. Ce dernier lui avait demandé de s’engager dans un vicariat, à Eupen ou Verviers, avant d’envisager d’autres missions. En effet, le souhait de l’abbé Simons était de partir à l’étranger comme prêtre Fidei Donum.
Huit jours avant son ordination, l’abbé Simons est convoqué à l’évêché: le prêtre qui devait partir pour le Rwanda ne peut s’y rendre pour raison familiale. L’abbé Simons se voit donc proposer de le remplacer. « Si tu veux, tu peux y aller tout de suite. » L’abbé Simons n’a pas hésité, il est donc parti et a vécu cinquante ans au pays des mille collines. Toute une vie. Au service des enfants.
A lire : Une vie au Rwanda
L’abbé Simons y enseignera pendant 26 ans. Mais, le soir, après le cours, lors de ses promenades dans le centre-ville, il croise des « enfants à problèmes », seuls, démunis, abandonnés. « En discutant avec eux, j’ai compris que je pouvais me rendre utile. » Il décide de fonder un orphelinat. Surviennent alors les tragiques évènements de 1994 : le génocide.
« Tous les jours, des tueurs – des »Interahamwe » – venaient frapper à notre porte, demandant la liste des enfants avec leur ethnie. J’ai toujours refusé, répondant que je ne m’occupais pas d’ethnies. Il n’y a que des orphelins ici, leur disais-je. C’est une grâce de Dieu que nous ayons pu tous les sauver. »
Un documentaire a donc été réalisé en hommage à ce prêtre liégeois dont l'engagement a permis de sauver la vie de centaines d'enfants et de leur assurer un meilleur avenir.