Bénédicte Lemmelijn , théologienne et professeure spécialisée dans l'Ancien Testament_(c) Hans Ausloos
Ces jours-ci, les femmes sont à l'honneur dans l'Eglise (voir Le pape ouvre officiellement le Lectorat et l’Acolytat aux femmes). L'une d'elles - Bénédicte Lemmelijn - est la première femme belge à devenir membre de la Commission Biblique Pontificale, qui rassemble des exégètes du monde entier.
Cette professeure à la faculté de théologie et sciences religieuses de la KULeuven vient d'être nommée membre de la Commission Biblique Pontificale pour cinq ans. Elle est la première femme belge à rejoindre cet organisme qui a pour but de promouvoir les études bibliques et d'en garantir le contenu.
"Cette nomination a été une énorme surprise" nous dit-elle. "Je me sens un peu comme le jeune David de la Bible, choisi parmi tous ces gens tellement plus grands et plus importants... Les voies de Dieu sont vraiment insondables! J'aime aussi me référer à une chanson du chanteur et poète sud-africain Koos du Plessis qui disait "ce que je suis est pure grâce; ce que j'ai n'est qu'emprunté". Autrement dit, je ne le considère pas comme un "mérite", mais comme une grâce qui m'a été accordée. Mon chant, ces jours-ci, est le Magnificat!"
Spécialiste de l'Ancien Testament, elle est la coordinatrice de l'unité de recherche Etudes bibliques de la Faculté de théologie et études religieuses à la KU Leuven. La Docteure Lemmelijn est aussi connue pour ses livres au langage clair et très accessible tout en étant très personnel. En 2017, son livre " Mijn geloof als Bijbelwetenschapper? Een broos en eerlijk antwoord " ("Ma foi en tant que scientifique de la Bible? Une réponse fragile et honnête", paru aux éditions Halewijn) a reçu le "Prix du Meilleur Livre Religieux et Spirituel". Déjà traduit en russe, ce livre sera bientôt publié en français et en anglais. Signalons aussi que Bénédicte Lemmelijn réalise de nombreuses conférences sur des sujets bibliques.
Un organe consultatif
La Commission biblique pontificale a été fondée en 1902 par le pape Léon XIII. Elle était alors composée de cardinaux assistés de conseillers.
Le 27 juin 1971, à l'occasion de la réforme post-conciliaire, Paul VI établit de nouvelles normes pour l’organisation et le fonctionnement de la Commission Biblique, afin de rendre son activité plus féconde pour l’Eglise et de mieux s'adapter à la situation de l'époque. Cela entraîna un changement radical quant au rôle et à l’organisation de la Commission. Depuis lors, le collège de 22 membres compte également "des enseignants en sciences bibliques provenant d’Institutions académiques et de nations diverses ; ils se distinguent par leur science, prudence et pleine communion avec le Magistère ecclésiastique" (art. 3 de la Lettre apostolique Sedula Cura qui établit les nouvelles normes).
N’étant plus constituée exclusivement de cardinaux, sur le modèle des Congrégations romaines, la nouvelle Commission Biblique devient un organe consultatif, mis au service du Magistère et lié à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
Ses membres se réunissent une fois par an à Rome, la deuxième semaine après Pâques.
Etudes de thèmes variés
Parmi les premiers thèmes étudiés par cette Commission "nouveau format", nous pouvons épingler le rôle de la femme dans la société selon les Saintes Ecritures (1975-1976). l’utilisation des Saintes Ecritures dans la théologie de la libération (1977-1978), l’inculturation dans les Saintes Ecritures (1979).
De 1985 à 1988, la Commission Biblique se consacra à l’étude des rapports entre les Eglises locales et l’universalité de l’unique Peuple de Dieu, privilégiant une approche biblique, ecclésiologique et œcuménique. Un document de 20 pages a été publié: Unité et diversité dans l’Eglise (Libreria Editrice Vaticana, Cité du Vatican, 1989) et traduit en plusieurs langues.
En 1989, mais aussi les années suivantes, la Commission s'est penchée sur un thème suscitant de nombreux débats dans les milieux scientifiques: l’interprétation de la Bible. Suite à ces études est paru le document L’interprétation de la Bible dans l’Eglise (Libreria Editrice Vaticana, Cité du Vatican, 1993).
A partir de 1997, c'est l'étude approfondie des relations entre le Nouveau et l’Ancien Testament, ainsi qu’entre les chrétiens et les Juifs, qui fit l'objet des attentions de la Commission. En 2001 parut le document: Le peuple Juif et ses Saintes Ecritures dans la Bible chrétienne, également publié en plusieurs langues.
La Commission n'aura donc pas attendu l'arrivée de la professeure Lemmelijn pour se pencher sur l'Ancien Testament mais il reste certainement encore bien des aspects de celui-ci à aborder et à mettre en relation avec les besoins pastoraux actuels. Quant à sa contribution au travail de cette commission, Bénédicte Lemmelijn se réfère encore à l'Ancien Testament: "Comme c'est toujours le cas dans la Bible, chaque "élection" implique une tâche, qui n'est pas toujours facile. Même les prophètes de l'Ancien Testament s'en sont souvent éloignés ... Et avec moi, il n'en est pas autrement: cette grâce contient en effet avant tout une tâche qui m'a été confiée, et ce au service de l'Eglise mondiale. En tant que membre de la Pontificia Commissione Biblica, je vais donc me consacrer au mieux de mes capacités, comme je l'ai toujours fait jusqu'ici, à tisser des liens entre ma solide connaissance des sciences bibliques et une pratique équilibrée de la foi et de l'inspiration biblique dans la pastorale mondiale."
Ses compétences sont donc les bienvenues et nous pouvons être heureux de voir ainsi reconnue par l'Eglise une femme, Belge de surcroît!
Nancy GOETHALS
