« L’antisémitisme n’est pas seulement une menace pour le peuple juif, mais pour toute civilisation », a dit le cardinal Jozef De Kesel dimanche soir lors de la marche de paix annuelle que Sant’Egidio organise dans les rues d’Anvers pour commémorer les victimes de la Shoah.
Est-ce que nous courons le danger d’oublier la terrible histoire de la Shoah ? Oui ! Hendrik Hoet, non seulement conseiller spirituel de Sant’Egidio mais aussi responsable des relations de l’Église belge avec le Juifs, vient de passer quelques jours en Estonie, le premier pays que les Nazis à l’époque ont déclaré « Judenfrei » après qu’ils en aient déportés tous les Juifs, souvent d’ailleurs avec la collaboration de l’extrême droite estonienne. "Le Musée de l’histoire national à Tartu s’arrête à tous les peuples proches des Estoniens " a constaté le chanoine anversois, "mais pas un mot sur les Juifs en Estonie !"
Grande vigilance
Le Cardinal Jozef De Kesel avait dès lors plus que raison de souligner hier soir à la fin de la marche commémorative pour les victimes de la Shoah que "la plus grande vigilance est de mise !" Car le réflexe primaire de l’homme n’est pas d’accepter l’autre et de respecter son altérité, mais le repli sur soi et l’autodéfense de son propre domaine, son propre petit monde. "En tant que chrétiens et citoyens", disait le Cardinal, "nous devons être conscients de ce danger et nous y opposer sans compromis. L’antisémitisme n’est pas seulement une menace pour les Juifs, mais pour toute civilisation ; tout racisme et antisémitisme est une attaque directe de l’humanité de l’homme."
Ne jamais oublier pour ne pas retomber dans les mêmes atrocités, c’est le message de la banderole qui précède chaque année la marche commémorative, tandis que plusieurs marcheurs portent des pancartes avec les noms des camps de concentration. "Pendant leurs dernières minutes dans les chambres à gaz", rappelait le Grand rabbin de Bruxelles, Albert Guigui, plusieurs victimes ont griffé avec leurs ongles un dernier message dans les murs : "Ne nous oubliez pas !" Il était dès lors réconfortant d’entendre un jeune musulman, Omar Oulal, qui a participé à un pèlerinage de jeunes de Sant’Egidio à Auschwitz-Birkenau, exprimer son engagement de témoigner de ce qu’il y a vu.
Benoit Lannoo