Les évêques de Belgique publient une déclaration relative à l’accompagnement pastoral en fin de vie. Intitulée « Je te prends par la main », elle replace l’amour humain au centre des attentions. En marge de la publication officielle de cette déclaration, le cardinal Jozef De Kesel a accordé à « Dimanche » une interview exclusive et à bâtons rompus.
Sujet sensible par excellence, la légalisation de l’euthanasie a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. De nombreux croyants s’interrogent sur l’accompagnement à apporter aux personnes qui souhaitent abréger leur vie. Conscients de la nécessité d’indiquer une ligne de conduite claire, les évêques de Belgique publient une déclaration sur l’accompagnement pastoral prôné en fin de vie. Dans ce document d’une vingtaine de pages, les évêques rappellent l’amour infini du Seigneur, le refus de porter un jugement sur les décisions d’autrui, aussi bouleversantes puissent-elles être pour l’entourage. Quoi qu’il arrive, la mission des aumôniers s’avère délicate, pour ceux en charge de ne jamais abandonner la personne souffrante. Evoquer la finitude humaine implique de l’empathie et des trésors de bienveillance, a fortiori dans un monde rongé par l’individualisme. La notion d’équipe prend alors tout son sens pour les aumôniers qui agissent dans la discrétion et la prière, emplis d’espérance. Oui, la vie a un sens. Et la mort aussi, qui mène le croyant vers la résurrection.
Etait-ce une nécessité de publier maintenant ce document ?
Depuis longtemps déjà, des animateurs en pastorale demandent une parole d’autorité de la part des évêques. C’est une mission, à la fois, très importante et très délicate. Beaucoup de nouvelles questions se posent maintenant pour des personnes en fin de vie. L’accompagnement des animateurs en pastorale est crucial dans cette phase. Cette déclaration leur adresse une parole d’encouragement et de remerciement. Les évêques veulent exprimer leur reconnaissance à toutes ces personnes engagées dans l’accompagnement des personnes âgées et en fin de vie.
Assiste-t-on à une banalisation de l’euthanasie ?
Oui, je le crains. Bien sûr que c’est une solution, mais c’est aussi la solution finale. Donner la mort à quelqu’un n’est pas la solution adéquate ni juste. C’est un signal dangereux. Parler avec la personne concernée, discerner ensemble, aider à voir plus clair dans ses propres questions, voilà la mission, entre autres, de l’accompagnateur en pastorale.
Comment accompagner une demande d’euthanasie ?
C’est une question bouleversante. Cela ne résout rien de l’éviter. Il faut en parler en toute transparence, se rencontrer et que chacun puisse dire ce qu’il a sur le cœur. Toutefois, ce n’est pas parce que je ne suis pas d’accord que je ne respecte pas cette décision. Quand j’ai fait tout ce que je pouvais pour aider cette personne et rester avec elle, la personne est libre, je dois la respecter.
Retrouvez l’entièreté de l’interview du cardinal De Kesel dans le journal « Dimanche » n°24 du 16 juin.
Propos recueillis par Angélique TASIAUX
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