Danger, pollution !


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Danger, pollution !
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

jjQuelque chose ne tourne plus rond en Belgique. La semaine dernière, le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration a refusé l’octroi d’un visa humanitaire à une famille syrienne d’Alep, qui aurait été accueillie par une famille en province de Namur. Le secrétaire d’Etat est intransigeant. Pour lui, "trop c’est trop" (sic). Peut-être ne sait-il pas qu’Alep est en guerre et que les populations subissent chaque jour des bombardements et des combats intenses? Elles vivent avec une question qui les taraude quotidiennement: serons-nous encore vivants demain? Terrible interrogation qui se mêle à la peur de voir un de ses proches mourir. Ce qui choque d’abord dans ce refus, c’est le fait que cette famille syrienne a effectué une démarche officielle pour obtenir ce visa, alors qu’elle aurait pu recourir à des passeurs clandestins. On me rétorquera que le risque de perdre sa vie sur les chemins de la migration est grand et peut donc conduire à passer par les procédures officielles. Mais lorsqu’on n’a que pour seule alernative de risquer sa vie, même en restant sur place, on ne se pose pas cette question. En refusant ce visa, le secrétaire d’Etat pousse les candidats réfugiés dans les bras des passeurs qui profitent de la misère humaine. Pire, il néglige volontairement une possibilité offerte par le droit belge! Et il bafoue la justice qui l’a condamné à verser 4.000€ par jour à ces Syriens; somme qu’il n’entend bien évidemment pas payer. Notons en passant que s’il est réellement condamné, c’est en définitive le contribuable qui paiera. La loi condamne aussi la non assitance à personne en danger… mais cela ne semble pas troubler ni M. Francken, ni le monde politique.

Et c’est ce qu’il y a de pire à mes yeux dans ce dossier: aucune voix (ou alors très discrète) ne s’est élevée contre cette décision, ni dans la majorité ni dans l’opposition. A croire qu’oser se montrer favorable à l’accueil des réfugiés présente pour les partis politiques un vrai danger électoral. Je l’écris sans détour: c’est intolérable! Notre société est-elle à ce point "polluée" par les idées des extrémistes? En sommes-nous arrivés à oublier nos valeurs, notre sens de l’accueil et de l’hospitalité? On m’a parfois taxé d’angélisme, mais je crois avec force à ces valeurs. Il est inquiétant que les idées extrêmes gangrènent insidieusement notre manière de penser et de vivre. Cassons le cliché qui veut que le migrant est au mieux un profiteur, au pire un criminel potentiel.

Dans l’Evangile, que ce soit dans l’épisode avec la Samaritaine ou dans la parabole du Bon Samaritain, Jésus nous invite à aller vers celui qui est autre, même s’il existe des facteurs de division, des appréhensions et des craintes.

Jean-Jacques Durré

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