Du 19 au 23 novembre 2015, six évêques belges se sont rendus en pèlerinage à Istanbul (Turquie), sur invitation du Patriarche Œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, qui avait lui-même été reçu par la Conférence épiscopale à Bruxelles au début de cette année.
En janvier 2015, le patriarche œcuménique Bartholomée était invité en Belgique par le Métropolite de Belgique Athenagoras, et à cette occasion, il avait aussi rendu visite à la conférence épiscopale des évêques catholiques. Les évêques avaient échangé avec lui sur les défis du christianisme aujourd’hui tout en décrivant les situations dans lesquelles ils vivaient ici et là. A cette occasion, le patriarche Bartholomée avait adressé une invitation aux évêques à visiter le siège du patriarcat œcuménique, le Phanar. Du 18 au 23 novembre, NN. SS. Léonard, De Kesel, Vancottem, Bonny, Kockerols, Hudsyn, accompagnés du Métropolite Athenagoras, Mgr Simon (Patriarcat russe), et Mgr Marc (Patriarcat de Roumanie), ont ainsi séjourné dans cette ville immense à nos yeux, Istanbul, peuplée de 16 millions d’habitants et s’étalant sur 190 km! Le Bosphore et l’histoire du pays, et l’évolution religieuse étaient au centre des visites guidées. Le patriarche a présidé une Liturgie en la fête du 21 novembre, présentation de Marie au Temple en l’église Notre-Dame, et le Métropolite Athenagoras a célébré une Liturgie dans la cathédrale du Phanar, qui est un peu l’équivalent du Vatican, même si les dimensions sont plus modestes. L’Eglise Orthodoxe en Turquie ne bénéficie pas vraiment d’un statut juridique et seules 23 églises orthodoxes sont ouvertes au culte. Les anciennes sont devenues mosquées. Toute la délégation s’est rendue à Nicée, à 150 km d’Istanbul, le lieu du concile œcuménique où fut décidé le texte du Credo que nous prions tous les dimanches. Nous l’avons prié, discrètement, en grec, devant ladite église, devenue mosquée aujourd’hui, mais où quelques traces chrétiennes sont toujours bien visibles. La visite de Sainte-Sophie, musée national aujourd’hui, ou l’église du Saint-Sauveur en Chora, célèbre par ses fresques et mosaïques, a été un des temps forts. On connaît tous la fresque de la «Descente aux enfers» ou de la Résurrection.
Durant les échanges, les questions étaient avant tout fraternelles et non des discussions théologiques. On connaît le désir du Patriarche de cheminer vers l’unité pleine avec les catholiques. Cela fut redit encore lors de la visite du pape François l’an dernier. Mais l’église orthodoxe, organisée en patriarcats territoriaux, connaît elle aussi ses difficultés, et la base des chrétiens orthodoxes n’est pas partout désireuse de ce chemin. L’Europe est perçue comme un lien qu’ils espèrent plus fort, cfr. les ponts superbes reliant Europe et Asie, mais est aussi perçue comme une région du monde où le christianisme s’affadit. La Turquie, état laïque, est évidemment aussi composé d’une population musulmane, et les chrétiens n’y sont qu’une infime minorité. On parle de 2%. En arrière-plan permanent aussi, la situation des chrétiens en Orient fut évoquée, ou encore les départs de milliers de réfugiés à partir de la Turquie. Un point qui reste douloureux pour le patriarcat est le refus des autorités turques d’autoriser la réouverture du Séminaire de Halki, sur l’île des princes.
Reçue à la table du patriarche, la délégation a pu exprimer sa reconnaissance au Patriarche pour cette invitation vécue intensément et chaleureusement. Les évêques orthodoxes ont eux aussi participé à une eucharistie catholique durant cette semaine de partages et de rencontres.
Tommy Scholtes sj