Pape François : des gestes enracinés dans l’Evangile


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Pape François : des gestes enracinés dans l’Evangile
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Pape francois - baiserA quelques jours d'intervalle, le pape François a embrassé deux personnes aux visages terriblement déformés. Des images qui ont aussitôt fait le buzz sur les réseaux sociaux et suscité de nombreux commentaires à travers le monde. Certains les trouvent scandaleuses; d'autres y voient un acte héroïque. Et si l'évêque de Rome avait simplement vu la beauté qui se cache derrière la laideur repoussante de ces visages, à l'instar du saint dont il a repris le prénom…

Au tout début de son Testament, saint François d'Assise évoque une étape décisive dans sa conversion, un événement qui a tout déclenché et donné à sa vie son impulsion définitive: la rencontre du lépreux. "Voici comment le Seigneur me donna à moi, frère François, la grâce de commencer à faire pénitence", écrit-il. "Au temps où j'étais encore dans les péchés, la vue des lépreux m'était insupportable. Mais le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux; je les soignais de tout mon cœur; et au retour, ce qui m'avait semblé si amer s'était changé pour moi en douceur pour l'esprit et pour le corps."

Rendre au lépreux un visage fraternel

Avant sa conversion, le lépreux représentait tout ce que François détestait, lui qui, à cette époque, était un jeune homme soigneux de sa personne, adulé de tous et promu roi de la jeunesse d'Assise. Comment, en effet, aurait-il pu accepter avec sérénité la vue d'un lépreux qui mettait si brutalement en question tout ce qui faisait le charme de sa vie? Au début, François essaie de se construire un monde sans lépreux, mais ce monde-là n'est pas le monde. En refusant de voir le lépreux, c'est la réalité que le jeune homme refuse: la réalité avec toutes ses limites, sa finitude, ses frustrations, son cortège de misères.

Guidé par Dieu, François consent pourtant à s'approcher de ceux qu'il évitait jusque là, à les soigner, à leur témoigner respect et affection, et même à embrasser l'un d'entre eux. Un geste à la fois simple et difficile à poser, qui va rendre au lépreux un corps humain et un visage fraternel, et la conviction que son existence a encore un sens et une valeur.

La proximité et la tendresse de Dieu

En embrassant ces deux hommes aux visages défigurés, le pape ne cherche donc nullement à se mettre en avant ou à jouer au héros, mais tout simplement à manifester, comme son saint patron, la proximité et la tendresse de Dieu envers celles et ceux qui sont rejetés de tous, les pauvres, les écorchés de la vie, les cabossés, les hommes et les femmes dont la seule vue provoque en nous des réactions de rejet et de dégoût.

Lors de sa rencontre avec les jeunes de l'hôpital Saint-François d'Assise, dans le cadre des JMJ de Rio, le pape a d'ailleurs fait référence à ce fameux baiser au lépreux. "Ce frère souffrant, exclu, a été médiateur de la lumière pour saint François d'Assise, parce que, en chaque frère et sœur en difficulté, nous embrassons la chair souffrante du Christ." Un message qu'a très bien compris Vinicio Riva, cet italien rempli de pustules que le pape a embrassé le 6 novembre dernier, au Vatican. "D'abord, j'ai embrassé sa main pendant qu'il caressait ma tête et mes blessures avec son autre main", a-t-il raconté à la presse. "Puis, il m'a fortement serré contre lui avant d'embrasser mon visage. Mon cœur allait se décrocher! Ça n'a duré qu'une minute, mais ça m'a semblé une éternité. (…) Il ne m'a absolument rien dit, mais son silence a eu plus de valeur pour moi que tous les mots du monde."

Pascal ANDRE


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