Editorial de Jean-Jacques, paru dans le « Dimanche Express » n°17 du 12 mai 2013 :
Vivons-nous dans une société qui a perdu le sens du respect et de la liberté de parole ? La question mérite d’être posée après l’agression dont a été victime il y a peu Mgr André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles, au cours d’une conférence-débat à l’Université Libre de Bruxelles (ULB).
Que des groupements s’expriment est évidemment un droit élémentaire en démocratie et on ne peut que sans réjouir. Que cette expression se fasse dans la provocation peut encore être compris, surtout dans un monde médiatisé où une prise d’opinion a parfois du mal à se faire entendre. Dans ce cas, le recours à la provocation, généralement plus bête que méchante, peut être un moyen de faire passer un message. Mais, la violence n’est pas acceptable, a fortiori si elle est physique, mais même si elle est verbale. Or, les jeunes femmes qui ont manifesté étaient visiblement agressives à l’égard de l’archevêque. Par ailleurs se pose la question du respect d’autrui. Asperger l’archevêque d’eau, ce n’est respecter ni la fonction, ni l’homme. Signe évident d’une société en perte de repères ! Autre question qui taraude dans cette affaire, c’est la liberté d’expression. L’ULB qui s’est toujours fait le chantre de la libre pensée, semble ne pas pouvoir contenir ce type de dérapage. Ce n’est pas le premier. Cela veut-il dire que un invité ne correspond pas à la pensée « ulbiste », il est susceptible de se faire agresser ? Espérons que ce ne soit pas le cas, car cela représente un réel danger pour la liberté d’expression et pour la démocratie.
Saluons donc le courage de Mgr Léonard, qui n’a pas hésité à se rendre dans un milieu qui ne lui est pas favorable. On le sait, il n’a pas sa langue en poche. Et c’est tant mieux. C’est son rôle de rappeler les valeurs de l’Evangile. Certes, il y a des domaines où l’Eglise n’est pas en phase avec une certaine frange de la société et c’est logique. Comme tout un chacun, elle a le droit de s’exprimer, même si ses prises de position ne plaisent pas. Empêcher l’archevêque de s’exprimer relève de l’intolérance.
Que les « Femen » aient des choses à dire, c’est bien. Mais ici aussi le contenu de leur message est flou : elles réagissaient non sur un événement ou pour défendre une cause, mais sur une impression. Elles « pensent » que Mgr Léonard est homophobe ! Pourtant, combien de fois n’a-t-il pas dit que l’Eglise accueillaient les homosexuels et qu’il n’y avait aucun rejet à leur égard ? Dieu aime tous ses enfants.
Bref, face à cette « agression » dont le fond était même discutable et dont la forme était inacceptable, on ne peut que se dire que tout ce qui est excessif est insignifiant.
Jean-Jacques Durré