L’arbre à papillon,une crèche pas comme les autres


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L’arbre à papillon,une crèche pas comme les autres
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

L'Arbre à papillons est une crèche communale pas comme les autres. Son but ? Assurément fraternel… Récemment ouverte, elle veut permettre aux parents de s'insérer dans le monde professionnel et aux enfants de s'ouvrir au multiculturel.

Le rendez-vous est donné à 10h30, un lundi matin, à Anderlecht. Dans le soleil tout juste printanier, ce secteur, à la réputation douteuse de la capitale, est paisible. Des jeunes désœuvrés zonent dans le parc de la Rosée. 20 mètres plus loin, des poussettes stationnent sur un perron neuf, à l'abri derrière une haute grille. Malgré l'insécurité ambiante du quartier, QG de nombreux trafiquants de drogue, l'Arbre à papillons est un havre de paix. Son secret ? Sa multi-culturalité, ses contrastes socio-économiques, sa diversité linguistique… Mais surtout sa ténacité. Si le projet a démarré au début des années 2000, ce n'est que 10 ans plus tard, le 20 février 2012, que la crèche communale à implication parentale a finalement ouvert ses portes. "Nous avons eu beaucoup de péripéties", raconte l'infirmière de l'Arbre à papillons, Sylvie van Steenpaal. "La mission locale a du laisser le projet à la commune car cela devenait trop dur à supporter. Les gens du quartier croyaient que nous allions ouvrir un commissariat de police. Les vols, les actes de dégradation, les menaces…se sont succédés".

Implication des familles

À l'intérieur, une odeur de rose et des bribes de musiques du monde. Des flutes péruviennes couvrent en douceur les pleurs d'un enfant. Pour entrer, obligation d'enfiler des chaussures, en matière "sac poubelle" de couleur bleu vif. L'hygiène est de rigueur. Des blouses blanches apparaissent. Cinq puéricultrices au total, pour 18 enfants. "Chacun a des compétences à revendre ici", explique Sylvie van Steenpaal. Après deux ans en Afrique pour Médecins sans Frontières, dont 7 mois au Kivu, elle aime le brassage culturel qui règne à l'Arbre à papillons. L'insécurité? Pas un problème pour elle. "La crèche est à présent bien intégrée. Le personnel et les parents débordent d'idées dans tous les sens pour faire évoluer l'Arbre à papillons. Il y a des enfants du quartier mais aussi de toute la Commune. On veut favoriser la multi-culturalité pour que les gens viennent voir que la place Lemmens n'est pas si dangereuse que ça. Il y a un parc, une crèche, et des personnes très engagées dans le milieu associatif! ".

Valoriser la différence

Dans la salle de jeux, bienvenu dans le monde merveilleux de l'éléphant Elmer. Les murs sont recouverts de peintures "flashy". Tout n'est que détail coloré, des jouets aux doudous… Même ce grand soleil, avec "Welcome" inscrit dans la langue de tous les parents.

"Au sein de la crèche, nous rencontrons souvent des personnes très précarisées, avec beaucoup de souffrances liées à l'exil la plupart du temps", raconte Audrey Constant, assistante sociale de la crèche."Mais, elles nous apportent énormément. C'est une richesse pour chacun d'échanger sur notre culture et sur nos différences. S'accepter mutuellement, c'est la base de notre projet".

Jusqu'à septembre prochain, la crèche est complète. Déjà 50 enfants sont sur la liste d'attente."On attendait cela depuis tellement longtemps. C'est gai, ça vit, enfin!", conclut l'assistante sociale.

Une belle petite crèche à l'image de la plante qui a inspiré leur dénomination, l'Arbre à papillons, connue pour sa résistance : Plus on la coupe, plus elle repousse.

Petit clin d'œil de Dame Nature, dans le jardin situé à l'arrière, se trouve…un bel Arbre à papillons.

Anne LECONTE

Catégorie : Belgique

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