Le bouddhisme reconnu comme religion ? « Ce serait un contresens flagrant » clame le président de l’Union Bouddhiste de Belgique


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Le bouddhisme reconnu comme religion ? « Ce serait un contresens flagrant » clame le président de l’Union Bouddhiste de Belgique
Par Clément Laloyaux
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Reprise du débat sur la reconnaissance du bouddhisme en Belgique en tant que philosophie non confessionnelle. Dans une lettre ouverte, Carlo Luyckx expose les raisons qui motivent l'Union Bouddhiste de Belgique à demander cette reconnaissance. Il répond ainsi aux critiques d'André Lacroix, qui affirmait encore récemment que le bouddhisme était "une religion" et qualifiait la démarche de reconnaissance de l'UBB de "nouvelle blague belge".

Début janvier, nous vous apprenions que le débat autour de la reconnaissance du bouddhisme en Belgique avait repris de plus belle. En cause notamment, une chronique de l'abbé Eric de Beukelaer, parue dans La Libre, dans laquelle il demandait "que chacun dans ce pays laisse les bouddhistes se définir comme ils jugent approprié, en l'occurrence comme 'philosophie non confessionnelle'".

Quelques jours plus tard, André Lacroix, ancien enseignant et auteur de Dharamsalades (livre dans lequel il dénonce les fake news du dalaï-lama et son gouvernement en exil à Dharamsala), contredisait l'abbé à travers une lettre ouverte, clamant lui que "le bouddhisme est une religion et est pratiqué comme telle". Arguments et critères sociologique à l'appui, il y affirmait que le bouddhisme cochait "toutes les cases" de la religion. "La prétention de Carlo Luyckx, c’est donc, selon les points de vue, une première mondiale ou bien une blague belge, voire même une injure à l’intelligence" moquait ouvertement André Lacroix.

Une critique qui n’a évidemment pas laissé le principal intéressé indifférent.

Le président de l'UBB dénonce un acharnement

"Cher Monsieur Lacroix... Vous semblez persister à vous acharner contre la reconnaissance en Belgique du bouddhisme comme philosophie non confessionnelle. Je me demande bien ce qui vous motive dans cette démarche".

Carlo Luyckx n'avait pas encore réagi à ce chassé-croisé de lettres ouvertes. C'est désormais chose faite. Dans un courriel de 7 (!) pages, le président de l'UBB répond point par point aux arguments brandis par André Lacroix, "vu que plusieurs de vos affirmations nécessitent une rectification".

Le bouddhisme : un service à Dieu... sans Dieu ?

Carlo Luyckx rappelle d'abord que, dans la Constitution belge, le terme "religion" est traduit en néerlandais par "godsdienst", ce qui signifie littéralement "service à Dieu". "Comme la version française et la version néerlandaise de la Constitution belge ont en droit une valeur équivalente, il convient d’interpréter les termes "religion" et "religieux" non au sens large, mais au sens très précis de la version néerlandaise qui ne laisse aucun doute". Une définition qui, selon lui, exclut d’emblée le bouddhisme : "Ce serait un contresens flagrant de reconnaître un 'godsdienst zonder God' (un service à Dieu sans Dieu)."

Un choix clairement assumé par l’UBB

Dès 2006, l'Union Bouddhiste de Belgique a fait le choix unanime de demander une reconnaissance en tant que philosophie non confessionnelle, une option inexistante dans d’autres pays. "La Belgique est le seul pays dans ce monde où la possibilité existe pour une conviction de se faire reconnaître comme philosophie non confessionnelle, au même titre que les cultes", écrit le président de l'UBB.

"Si la reconnaissance comme philosophie non confessionnelle existait dans les droits français et italien, il n’y a pas l’ombre d’un doute que l’Union Bouddhiste de France et l’Unione Buddhista Italiana y opteraient pour le même choix que l’Union Bouddhiste de Belgique" souligne Luyckx. "L’absence en France, en Italie et dans le reste du monde de cette disposition du droit belge, n’y a laissé d’autre choix que de demander la reconnaissance comme religion."

Le CAL tente de bloquer le processus

Le président de l’UBB accuse par ailleurs le Centre d’Action Laïque (CAL) d’avoir fait pression pour bloquer la reconnaissance du bouddhisme. "Sans le lobbying du CAL auprès du MR et du PS, le bouddhisme serait déjà reconnu", affirme-t-il. Selon lui, c’est uniquement "l’obstination du CAL de garder le monopole des philosophies non confessionnelles" qui est à l’origine de la non-reconnaissance du bouddhisme.

Malgré ces obstacles, l’UBB reste déterminée à faire aboutir sa demande, estimant qu’un refus constituerait une violation de la neutralité de l’État et des principes de la Convention européenne des droits de l’homme.

👉 Retrouvez ici la lettre de Carlo Luyckx dans son intégralité !

C.L.


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