Bouddhisme et christianisme: si différents et si proches


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Bouddhisme et christianisme: si différents et si proches
Par Christophe Herinckx
Journaliste de CathoBel
Publié le
3 min

Lorsque l'on se plonge dans leurs enseignements respectifs, ces deux traditions spirituelles révèlent à la fois des différences importantes et de réels points de convergence.

Impossible, bien évidemment, de présenter le bouddhisme en quelques lignes, et encore plus de le faire avec toutes les nuances et la subtilité qui s’imposent. A lui seul, l’enseignement du Bouddha est contenu dans 108 volumes, écrits originellement en sanskrit. A ceux-ci s’ajoutent des milliers de pages de commentaires et de réflexion sur de multiples aspects du "dharma". En outre, tel qu’il s’est développé depuis le VIe siècle avant J.-C., le bouddhisme comprend de multiples écoles condensant les interprétations et les accents les plus divers.

Cette précaution étant prise… qu’est-ce que le bouddhisme, que propose-t-il? Au cœur de l’enseignement du Bouddha, il y a les quatre nobles vérités :

Tout est Dukkha, c’est-à-dire souffrance, impermanence, mal-être, car tout plaisir est fugitif. 

Tanha: la soif, le désir, en n’étant jamais satisfaits, sont la cause de la souffrance. 

Nirodha, l’"extinction": la souffrance cesse lorsque l’on renonce au désir. 

Magga: la Voie du Bouddha mène à la cessation de la souffrance par l’extinction du désir.

Ces quatre nobles vérités peuvent-elles être considérées comme les dogmes fondamentaux du bouddhisme? Pour Carlo Luyckx, président de l’UBB (ci-dessus), il n’y a "pas de dogmes dans le bouddhisme. Il n’y a rien qu’on doive accepter tel quel. Le Bouddha énonce le fait qu’il ne faut rien croire, parce que cela a été écrit dans les livres sacrés, ou parce que lui-même l’a dit. Il faut écouter son enseignement, puis réfléchir, investiguer et l’expérimenter soi-même. Il n’y pas de dogmes ou de mystère qu’il serait interdit de vouloir comprendre".

La foi opposée à l’expérience?

Cette perspective semble distinguer assez radicalement le bouddhisme des religions dites "révélées", en particulier le christianisme. Mais est-ce vraiment le cas? Contrairement à une opinion courante, le dogme, en christianisme, n’est pas une invitation à croire sans comprendre le mystère révélé. Les dogmes sont, sans exception, les fruits de longues réflexions et d’intenses débats théologiques. Et une fois adoptés, les dogmes n’interdisent pas les développements et approfondissements conséquents. L’histoire de la théologie en témoigne abondamment.

Par contre, en christianisme, on a trop souvent, à tort, considéré la foi comme pratiquement opposée à l’expérience. Au contraire, la foi en Dieu, dans le Verbe incarné, dans le mystère pascal, ouvre à l’expérience de Dieu, comme la Réalité vivante qui est au-delà de tout ce qu’on peut dire de Lui. Le christianisme, dans son essence, est la Voie de la communion avec Dieu, Amour vivant et ineffable. Le salut donné dans le Christ se traduit dans une expérience, celle de toute une vie se laissant peu à peu transformer.

De ce point de vue, les voies bouddhiste et chrétienne sont à la fois très différentes et extrêmement proches. L’éveillé bouddhiste, qui s’immerge dans les racines de son esprit par le détachement de soi et la méditation, y trouve la "vacuité" qui n’est pas néant, mais l’essence même de l’esprit, clarté, lucidité, matrice de toute chose. Le mystique chrétien, en plongeant dans les profondeurs de son âme par le détachement de soi et l’oraison, y est trouvé par le Dieu vivant inconnaissable qui se donne à lui. 

C.H.

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