Bulle médiatique : comprendre pour mieux en sortir


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Bulle médiatique : comprendre pour mieux en sortir
Par Armelle Delmelle
Publié le
3 min

Les résultats des élections américaines, connus depuis maintenant deux semaines, continuent de surprendre. De nombreux citoyens semblent avoir été influencés par une bulle médiatique. Ce phénomène a été analysé dans le cadre de la Semaine de l'éducation aux médias.

Une bulle médiatique, dites-vous ?

L’effet de bulle médiatique, ou bulle filtrante, désigne la situation où l’information reçue est strictement filtrée pour correspondre à nos préférences ou susciter une réaction. Ce phénomène est particulièrement accentué sur les réseaux sociaux, où les algorithmes sont conçus pour maximiser l’engagement des utilisateurs en leur proposant un contenu ciblé.

Ainsi, chaque "like", commentaire ou partage est enregistré par l’algorithme, qui apprend à nous proposer davantage de contenus similaires. Cette sélection crée un environnement où l’on est exposé à un seul type d’information, renforçant nos convictions sans présenter d’arguments contraires.

Le biais francophone

Lors de l’émission Décryptages, le Frère Laurent Mathelot a évoqué un biais perceptible dans la presse francophone, notamment en faveur de Kamala Harris. "En voyant les commentaires très en faveur de Kamala Harris et en défaveur de Donald Trump, je me suis demandé s'il n’y avait pas un biais par rapport à ce qui était discuté par l’électorat américain," confie-t-il.

En se penchant sur les débats sur le terrain, il a constaté que les préoccupations des Américains portaient principalement sur des questions économiques, comme l’inflation, et sur l’immigration. "Ce sont deux sujets qui ont occupé la campagne, mais qui, nous les avons vus avec moins d’importance du côté des médias européens," ajoute le prêtre dominicain.

L’effet des réseaux sociaux

Dans cette élection présidentielle, l’impact des réseaux sociaux est indéniable. Ces plateformes, majoritairement américaines, jouent un rôle clé. Prenons X (anciennement Twitter), dirigé par Elon Musk, fervent soutien de Donald Trump et futur ministre de l'efficacité gouvernementale. La plateforme a clairement favorisé le candidat républicain.

En revanche, Kamala Harris a bénéficié du soutien financier de grandes entreprises technologiques telles que Google, Apple, Netflix et Facebook. Cela explique, selon Laurent Mathelot, le nombre élevé de vidéos pro-Harris proposées par YouTube, propriété de Google. "Le réseau social vous distribue l'information en fonction de ses intérêts et pas des vôtres. Ce sont des entreprises commerciales qui visent à faire de l'argent," explique-t-il. Ces entreprises ont ainsi mis leurs ressources au service de la campagne.

Le contenu proposé par un réseau social dépend largement de ses priorités. "Si le réseau a la vocation d'être un réseau placebo, il va vous servir du contenu que vous aimez, qui vous enferme dans une bulle de confort. Et c'est un peu le cas du réseau TikTok," poursuit Laurent Mathelot. À l'inverse, d'autres réseaux privilégient le débat, exacerbant souvent les tensions, comme c’est le cas avec X.

Comment sortir de sa bulle médiatique ?

Les algorithmes des réseaux sociaux enferment les utilisateurs dans des bulles médiatiques, les exposant uniquement aux contenus correspondant à leurs opinions. Cela renforce leurs convictions, mais appauvrit le débat démocratique en écartant les arguments contraires. Heureusement, des solutions existent.

La première consiste à diversifier ses sources d’information, comme l’a fait Laurent Mathelot. Il a utilisé différentes plateformes pour suivre les débats américains, optant pour X pour un contenu plus favorable aux républicains et Google pour un contenu pro-démocrate.

Une seconde option est de "rééduquer" son algorithme. Cela demande un effort conscient, mais il est possible de modifier, au moins partiellement, les suggestions de contenu en recherchant activement des opinions divergentes. Aimer, commenter et suivre des comptes représentant "l’autre camp" peut signaler à l’algorithme un intérêt pour ces perspectives, élargissant ainsi son champ d’information.


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