Née aux USA il y aura bientôt 60 ans d’un père jamaïcain de confession baptiste et d’une mère indienne hindoue, Kamala ("Lotus" en sanskrit) a de tout temps baigné dans un métissage de cultures, de langues et de convictions religieuses. Une situation intensifiée encore depuis par son mariage en 2014 avec Douglas Emhoff, un juif new-yorkais.
Jeune, elle a fréquenté des églises majoritairement afro-américaines des environs d’Oakland et Berkeley, banlieues du nord-est de San Francisco. C’est ainsi qu’elle se définit elle-même comme "Baptiste noire", une catégorie de fidèles adepte de justice sociale et active en faveur des droits civils.
Docteur en droit, elle a été procureure générale de Californie de 2011 à 2017 et sénatrice pour cet Etat au Congrès de 2017 à 2021 avant de devenir la vice-présidente de Joe Biden. Mais cette brillante réussite professionnelle et politique ne l’a pas détournée de sa pratique religieuse ni de ses convictions dont la plus "sensible" est incontestablement celle ayant trait à l’avortement. Un thème devenu majeur de la prochaine élection depuis que la Cour suprême – grâce à ses pions nommés par Trump lors de sa présidence – a, en juin 2022, inversé Roe vs Wade, une décision favorable au droit à l’avortement datant de 1973.
Kamala Harris, elle, se déclare clairement en faveur de l’avortement ou du moins du droit des femmes à décider elles-mêmes – et seules – du sort de leur corps. Est-elle en cela en porte-à-faux avec ses convictions religieuses? Officiellement, le comité général de l’American Baptist Church s’oppose à l’avortement en tant que moyen principal de contrôle de naissance, mais officieusement, il ne le condamne pas. Quant à l’hindouisme, il tolère l’avortement quand la santé de la mère est en jeu.
Pas simple…
Bernard GEENEN