Le 6 novembre 2024, Donald Trump a été élu 47e président des États-Unis. Outre la majorité des grands électeurs, le républicain a également remporté le vote populaire et, surprise, le vote catholique ! Lors de la précédente élection, c'est Joe Biden qui avait été plébiscité par les catholiques. Qu'est-ce qui explique ce retournement ? Décryptage par des observateurs outre-Atlantique.
Selon un sondage de sortie des urnes, 56 % des électeurs catholiques ont soutenu Donald Trump, contre 41 % pour Kamala Harris, rapporte le Washington Post. Cette tendance marque un revirement significatif par rapport à 2020, où une majorité de catholiques avait voté pour Joe Biden (52%, contre 47% pour Trump).
Massimo Faggioli, historien de l’Eglise et professeur de théologie à l’Université de Villanova, voit dans ce vote une preuve que "le catholicisme américain évolue", déclare-t-il dans La Croix. Il observe que Trump "a tendu la main aux catholiques, d'une manière que la campagne Harris-Walz n'a pas faite", en choisissant comme colistier JD Vance, converti au catholicisme. "Trump et Vance sont devenus les leaders d’une nouvelle ère catholique américaine" avance-t-il.
Le quotidien français illustre cette "rupture générationnelle" à travers les sujets sociétaux "chauds" du moment : "Alors que l’ancienne garde catholique démocrate avait par exemple adopté les combats pour le mariage homosexuel et le droit à l’avortement, les nouvelles voix fortes catholiques semblent adopter des positions plus conservatrices sur ces sujets, confortées en cela par l’épiscopat américain qui n’avait pas hésité à s’opposer frontalement à Joe Biden".
Même son de cloches du côté de Ryan Burge. Le professeur de sciences politiques à l’Eastern Illinois University estime, sur le site américain Crux, que "les prêtres catholiques américains sont à 80 % conservateurs", alors qu’ils étaient autrefois "répartis équitablement entre la gauche, la droite et le centre".
L’épiscopat américain, par la voix de son président Mgr Timothy Broglio, a félicité Donald Trump, tout en lui rappelant son devoir de promouvoir la dignité des plus vulnérables "y compris les enfants à naître, les pauvres (…) et les migrants". Une allusion à peine voilée aux promesses de campagne de Trump sur la "déportation massive" des migrants.
U.S. Bishops’ President Calls for Prayers and Unity Following Presidential Election
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— U.S. Conference of Catholic Bishops (@USCCB) November 6, 2024
Le Jesuit Refugee Service (JRS) a aussi réagi en exhortant la future administration Trump à "honorer le rôle historique des États-Unis comme fière nation d’immigrants".
Du côté du Vatican, à défaut d’une réaction du pape François, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, a appelé le président élu à "dépasser les polarisations" et à "travailler à être le président de tout le pays". Le numéro 2 du Vatican espère que Donald Trump pourra être "un élément de détente et de pacification" dans les conflits qui ensanglantent le monde : "Trump a dit qu’il mettrait fin aux guerres. Espérons, espérons…"
Comme le soulignent nos confrères suisses de cath.ch, "certains sujets, telle leur opposition à l’avortement, rapprochent le pape et Donald Trump". Ils rappellent cependant qu’en septembre dernier, interrogé sur le dilemme des catholiques américains face à l’élection présidentielle, le pape François avait confié sur les deux candidats : "Tous deux sont contre la vie, que ce soit celui qui rejette les migrants ou celui qui tue les enfants".
C.L.