« Se faire débaptiser? Une aberration, une ineptie! » (opinion)


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« Se faire débaptiser? Une aberration, une ineptie! » (opinion)
Par Frédéric Close
Publié le - Modifié le
4 min

Cette semaine, les évêques de Belgique ont indiqué qu'en 2023, 14.251 personnes avaient demandé à être radiées des registres de baptême - ou à être "débaptisées". La volonté de ces personnes fait réagir Frédéric Close, magistrat honoraire, qui invite à éviter les généralisations injustes.

Nous rêvons parfois de gommer le passé. Nous souhaitons ainsi,  non seulement le supprimer de notre mémoire mais surtout faire en sorte qu’aux yeux de tous il n’ait, par miracle, jamais existé. Il s’agirait donc, non seulement d’oublier ce dont nous avons honte ou qui cause notre déplaisir, mais encore d’anéantir définitivement toutes les conséquences de ce mauvais souvenir. Or, il n’est évidemment pas possible de faire fi de ce qui a été et, moins encore, des dommages qui en résultent et, de surcroît, perdurent.

Rétraction et désertion ne sont pas annulation

Certes, nous pouvons toujours renoncer à un accord ou le dénier, renier nos convictions et nos engagements. Cette rétractation ou cette désertion n’entraîne toutefois ni l’annulation du contrat que nous avions conclu ni l’extinction de notre promesse. La rupture de la confiance (en une chose, une personne ou une idée) n’implique jamais la disparition de son objet.

De même, l’abandon de la foi chrétienne ne pourrait évidemment signifier ni que l’apostat n’a jamais reçu le baptême ni qu’il n’est plus un baptisé aux yeux de l’Eglise ! Qu’il le veuille ou non, le sacrement l’a, en effet, reconnu fils ou fille de Dieu, et ce, sur sa parole  (ou celle de ses parrain et marraine avant l’âge du consentement) de renoncer au mal pour vivre à l’image et à la ressemblance du Christ. La perpétuité de cette filiation divine est d’autant plus certaine que, malgré la trahison des humains, Dieu leur reste indéfectiblement fidèle. A tout péché miséricorde, en ce compris à l’apostasie ! C’est tellement vrai que celui qui reviendrait à la foi chrétienne après l’avoir momentanément abandonnée, reste un baptisé. Après avoir reçu au besoin le pardon de la réconciliation, il pourrait accéder aux autres sacrements (on songe plus particulièrement au mariage catholique), quand bien même, sacrifiant à la mode actuelle, il aurait sollicité d’être "débaptisé".

Une biffure purement symbolique

Le verbe "débaptiser" est plus qu’un néologisme. Au bénéfice des rappels qui précèdent, il constitue une aberration. La démarche du révolté ne peut aboutir qu’à une biffure purement symbolique dans les registres paroissiaux (lesquels ne pourraient être ni supprimés ni amputés d’un ou plusieurs feuillets). Autrement dit, elle vise vainement à manifester la  volonté d’anéantir, non le sacrement, mais seulement sa preuve ! Elle procède d’une intention quelque peu malveillante, dès lors qu’à la réflexion, son auteur ne peut en ignorer l’absurdité...

Les raisons de cette formalité peuvent être variées. Comme celles de l’apostasie sous-jacente, elles sont toutes respectables et compréhensibles, même si elles peuvent ne pas toujours convaincre. Beaucoup de demandes actuelles se fondent ainsi, en cascade, sur l’abomination des abus sexuels commis par des prêtres et religieux  qui déshonorent et discréditent à juste titre l’Eglise. C’est qu’en effet la pire turpitude du messager ne peut raisonnablement suffire à affecter la vérité de son message, ni celle de l’écrivain ou de l’artiste à altérer la perfection de son œuvre. Les plus grands saints de l’hagiographie comme les plus grands personnages de l’Histoire ont commis des erreurs, des fautes et parfois même des crimes ; ceux-ci n’ôtent rien aux nombreux mérites de leur existence et ne diminuent ni notre admiration ni notre respect.

Pourquoi cette ineptie?

Alors, pourquoi cette généralisation injuste qui revient à couvrir d’opprobre l’ensemble du clergé pour la faute de quelques odieux pervers ? Pourquoi, surtout, cette ineptie d’en déduire la crédibilité de l’évangile et du magistère ? Prenons une comparaison. La déception engendrée par la méconduite notoire de quelques édiles de leur ville natale pousserait-elle certaines personnes  à demander l’omission de l’inscription de leur naissance dans le registre de l’état civil ? Et, puisque ce caprice leur serait refusé, iraient-elles jusqu’à réclamer, à tout le moins, que ledit registre mentionne leur velléité de ne plus être considérées comme des natifs de la cité ?

(titre et intertitres de la rédaction)

Frédéric CLOSE


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