Du 2 au 27 octobre se tiendra la deuxième et dernière session du Synode sur la synodalité. Lors d'une conférence de presse organisée au Vatican, le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, a présenté les grandes lignes de la session à venir. Penchons-nous sur la méthode de travail qui y sera adoptée et regardons les forces en présence côté belge.
Depuis Vatican II (1962-1965), tous les trois ans environ, des Evêques du monde entier se réunissent à Rome pour se pencher sur certaines questions avec le Pape et les responsables de la Curie. Ils le font dans le cadre d'un Synode, c’est-à-dire ils "cheminent ensemble". Cette fois, la synodalité en est le thème, avec pour sujet : Pour une Église synodale : communion, participation et mission.
Une particularité de ce Synode est qu'en plus des Evêques, des prêtres, religieux, diacres et laïcs, hommes et femmes, sont participants et ont le droit de vote.
Ce Synode se déroule en deux sessions: l’une s'est tenue en automne 2023, l’autre se déroulera à Rome du 2 au 27 octobre 2024. Cette deuxième phase, particulièrement cruciale, marquera la fin d'un grand chantier ouvert en 2021, censé rendre l’Église catholique plus participative et moins cléricale.
Une veillée de pardon pour les péchés de l'Église
Une nouveauté cette année: à l'issue de la retraite, une veillée pénitentielle sera organisée dans la soirée du mardi 1er octobre, dans la basilique Saint-Pierre, présidée par le Pape François et en présence de victimes d’abus.
La célébration comprendra un temps d'écoute de trois témoignages de personnes ayant souffert d’abus, de la guerre et de l’indifférence face au drame engendrés par les migrations.
Il y aura ensuite la confession de certains péchés. En particulier, le péché contre la paix; le péché contre la Création, contre les peuples indigènes, contre les migrants; le péché des abus; le péché contre les femmes, la famille, les jeunes; le péché de la doctrine mal utilisée; le péché contre la pauvreté; le péché contre la synodalité/le manque d'écoute, de communion et de participation de tous.
À la fin, le Pape adressera, au nom de tous les fidèles, une demande de pardon à Dieu et aux sœurs et frères de toute l'humanité.
Une méthode spécifique
Lors de cette même conférence de presse, le père Giacomo Costa, secrétaire spécial de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, a pris la parole pour détailler la méthode de travail retenue. La deuxième session devra"indiquer les pas à faire" sur les thèmes proposés par l'Instrumentum laboris, en tenant compte du "caractère concret" et de la "variété des contextes locaux", ainsi que de la "richesse des expériences synodales déjà en cours".
L'Assemblée synodale travaillera selon une structure en cinq modules, chacun étant abordé à la fois en Assemblée plénière (appelée" Congrégations générales") et en groupes de travail ("Circuli minores"). Les quatre premiers modules traiteront chacun d'un "axe thématique spécifique", correspondant à une section de l'Instrumentum laboris.
Penchons-nous sur les "contextes locaux" cités ci-dessus. Les priorités spécifiques de l'Église de Belgique seront particulièrement mises en avant. Ces priorités, issues d'une large consultation nationale, incluent notamment le rétablissement du diaconat permanent pour les femmes, l'ordination sacerdotale des 'viri probati' (hommes mariés d’âge mûr), ainsi que la possibilité pour des laïcs formés d'assumer des responsabilités pastorales importantes, telles que l'administration du sacrement des malades.
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Interaction avec les groupes d'étude
Plusieurs questions ont également été posées par les journalistes sur l'interaction entre l'Assemblée synodale et les dix groupes d'étude mis en place par le Pape en mars dernier pour approfondir des thèmes spécifiques (la mission à l'ère numérique, les femmes dans l'Eglise, les ministères...).
Les thèmes analysés par les dix groupes seront-ils alors exclus des discussions dans la salle de l'assemblée? "Ils ne sont pas mis de côté", a répondu le cardinal Mario Grech. Les groupes communiqueront "ce qu'ils font, leur plan d'action, comment ils ont l'intention d'approfondir ces thèmes. Ensuite, les résultats seront remis au Pape".
L'objectif du Synode, a-t-il rappelé, "est de savoir comment être une Église synodale en mission. Le but n'est pas de se mettre à l'écart mais d'aider l'Église à faire un pas en avant".
368 membres auront le droit de vote dont ... 4 Belges !
Le cardinal Jean-Jacques Hollerich a communiqué les chiffres de la deuxième session du Synode. Il a déclaré que la liste des participants "ne présente pas de grands changements" par rapport à celle de la première session. Au total, les membres, c'est-à-dire ceux qui ont le droit de vote, "sont au nombre de 368, dont 272 sont investis d’une charge épiscopale et 96 ne sont pas évêques". Trois Belges bien connus sont repris dans la liste actualisée pour la session à venir :
Le Cardinal Jozef De Kesel figure sur la liste en tant qu'invité spécial du pape. Ces dernières années, l'archevêque émérite de Malines-Bruxelles a défendu à plusieurs reprises le processus synodal, tant au niveau national qu'international.
Mgr Koen Vanhoutte. Mgr Vanhoutte a été élu délégué par ses collègues évêques belges. Docteur en théologie, il est surtout connu pur être évêque auxiliaire au sein de l'Archidiocèse pour le Vicariat du Brabant flamand et de Malines.
Geert De Cubber, germaniste et théologien, est diacre permanent du diocèse de Gand. Il y est aussi délégué épiscopal pour la catéchèse et la pastorale de la jeunesse et de la famille, ainsi que pour la communication. Geert De Cubber, ancien professeur et journaliste, est l'un des dix "non-Evêques" choisi en Europe par le Pape François pour participer au synode.
Ces trois délégués auront le droit de vote. Il en ira de même pour Mgr Dominique Matthieu, archevêque de Téhéran, franciscain né à Arlon.
🎧 A écouter en podcast : Les trois participants belges débriefent la première session du Synode
Claire Jonard : l'experte "facilitatrice" au Synode
Claire Jonard a été désignée comme experte facilitatrice. Agrégée en philologie classique, elle s'est formée à l'animation pastorale et a été assistante paroissiale à Louvain-la-Neuve, en lien avec de nombreux étudiants et jeunes familles, et maintenant encore à Bagnes, dans le canton suisse du Valais. Elle a travaillé au service de communication de l'Archidiocèse de Malines-Bruxelles. Elle est vierge consacrée.
Alphonse Borras présent en tant que consulteur : "On devra débattre de sujets délicats"
L'abbé Alphonse Borras sera également présent lors de la poursuite du synode, en octobre 2024. Mais lui en qualité de... consulteur ! Dans une interview accordée à CathoBel en février dernier, suite à l'annonce de sa nomination, le théologien et canoniste belge précisait son rôle : "Tous les dicastères ont toujours eu des consulteurs, c'est-à-dire des personnes extérieures aux membres des dicastères, qui ne sont pas dans l'équipe permanente".
L'ancien vicaire épiscopal du diocèse de Liège avait participé à la première session du Synode en tant qu'expert. Lui et d'autres collègues experts avaient à l'époque été "relativement déçus" de "ne pas avoir été sollicités pour un éventuel approfondissement théologique." Aujourd'hui, ce nouveau rôle de "consulteur" rebat quelque peu les cartes : "Les consulteurs sont au service du secrétariat général du synode. Nous serons plus étroitement associés qu'en tant qu'experts. L'expertise théologique sera mieux prise en considération pour approfondir les échanges".
👉 Retrouvez ici la synthèse de la 1ère session du Synode des évêques
Pour Alphonse Borras, il s'agira, lors de la session d'octobre 2024, "que l'on passe de la conversation dans l'Esprit au débat dans l'Esprit". Et de poursuivre : "On ne pourra en rester à des échanges, mais on devra arriver à des conclusions et débattre des sujets délicats".
C.L. (avec Vatican News)