Hadeweij Dijkman de Quaasteniet affiche un large sourire. Une jeune femme rayonnante, née dans une famille protestante et qui, aujourd’hui, a rejoint l’Eglise catholique. Hadeweij est assistante paroissiale à La Roche, où elle s’occupe plus spécialement du tourisme et du patrimoine.

« J’étais allée jouer les touristes dans ma région natale », lance Hadeweij Dijkman de Quaasteniet avec ce joli accent qui trahit ses origines: elle est originaire d’Hilversum aux Pays-Bas. Après quelques jours de vacances dans son pays, elle est de retour dans la région de La Roche. Un coin du diocèse qu’elle affectionne tout spécialement. Hadeweij vit avec son mari et Jean-Christophe, leur fils de 5 ans, à Warizy. « C’est un tout petit village d’une centaine d’habitants. Il n’y a pas de magasin et l’église est mise à disposition des orthodoxes roumains. »
Hadeweij Dijkman de Quaasteniet a étudié l’histoire et l’histoire de l’art avant de devenir assistante paroissiale. Elle est très investie à La Roche où elle s’occupe de tout ce qui se rapporte au tourisme et au patrimoine en particulier. Elle connaît les moindres recoins de l’église Saint-Nicolas située en plein cœur de cette ville touristique des bords de l’Ourthe. Il y a deux ans, en juillet, lorsque l’Ourthe gonflée par les fortes pluies a tout ravagé sur son passage, l’église a été touchée. Aidée par des bénévoles, elle était là pour racler l’eau, ôter la boue… Ces inondations ne sont, heureusement, plus qu’un mauvais souvenir.
Une communauté accueillante
La priorité de l’équipe qui anime le lieu: une communauté accueillante dans une église qui se doit de l’être tout autant. La porte de l’édifice est ouverte tout au long de l’année: chacun devant s’y sentir le bienvenu. Les touristes du nord du pays comme des Pays-Bas sont très nombreux à La Roche comme dans la région. Pour Hadeweij, la barrière de la langue ne doit pas être un obstacle. Ainsi, le dimanche, avec Benedikte, néerlandophone elle aussi, le mot d’accueil qui marque l’ouverture de la messe se fait dans les deux langues. Une lecture est aussi faite en néerlandais. Dans le bulletin paroissial, des informations utiles sont, elles aussi, publiées dans les deux langues. Hadeweij y est très vigilante! Durant les mois d’été, plusieurs fois par semaine, elle anime, à 11h, « Quinze minutes pour Dieu » avec la lecture de l’évangile du jour, de psaumes et d’intentions de prière. Hadeweij: « Il y a eu chaque jour des personnes – et pas que des habitants de La Roche – qui venaient nous retrouver. »
Une église, et c’est encore là la volonté de l’assistante paroissiale et de son équipe, qui est toujours fleurie avec, en dehors des célébrations, la diffusion de musique. Une aide à la prière bien sûr mais aussi à la réflexion, à une reconnexion avec l’Essentiel. La jeune femme est aussi impliquée dans l’organisation de la semaine de l’Unité qui se déroule en janvier ainsi que dans la préparation au baptême.
Des débuts compliqués
Hadeweij parle le français avec aisance. Elle se souvient des débuts… Lorsqu’elle rencontre son mari, Hollandais lui aussi, elle se rend très vite compte que celui-ci est également amoureux… de l’Ardenne. Son rêve secret: y acheter une résidence secondaire. Pour Hadeweij, il n’en est pas question. Elle imagine déjà ses week-ends occupés, en grande partie, à entretenir les lieux… Finalement, le couple s’installe à Warizy non pas pour y vivre le temps des vacances mais tout au long de l’année! Son mari prend, chaque jour, la voiture pour aller au travail. La future assistante paroissiale se met, elle, à la recherche d’un travail. Si elle parle le néerlandais et l’anglais, ses connaissances en français sont quasi inexistantes. Pas pour longtemps. Avec autant de courage que de détermination, elle prend des cours en même temps que des personnes, elles, quasi analphabètes. Un choc. Aujourd’hui, elle n’hésite pas à dire que « c’était une belle expérience ». Hadeweij prend des cours, lit énormément tout en travaillant. Dans un camping dans un premier temps où ses connaissances en langues font des merveilles. Puis, dans un hôtel. Elle multiplie les contacts avec, par exemple, les commerçants. Et même si son français est encore, à ce moment-là, hésitant, qu’elle commet des fautes, Hadeweij ne se décourage pas. Son fils, Jean-Christophe n’hésitant jamais à la corriger!
La beauté de la liturgie
Hadeweij appartient à une famille protestante réformée. « Chaque jour, avant le repas, nous lisions, en famille, la bible. Au départ, ce sont les grands parents qui se chargeaient de la lecture de l’Ancien Testament avant d’embrayer sur celle du Nouveau Testament. Une pratique qui n’est sans doute plus aussi répandue qu’elle l’était alors. » Et le dimanche, ensemble, ils allaient assister au culte.
Lorsqu’elle arrive en Belgique, elle découvre un autre pays, une nouvelle langue et l’église catholique. Elle est immédiatement séduite par la beauté des célébrations, de la liturgie. Un intérêt toujours bien présent aujourd’hui. « Je suis amoureuse de la liturgie », ajoute-t-elle avec enthousiasme.
Hadeweij a toujours été une passionnée, avide d’apprendre. Lorsqu’elle trouve, dans le fond de l’église de La Roche le flyer de l’IDF (Institut diocésain de formation), elle est séduite. Elle s’inscrit. L’abbé Jules Solot, responsable de ce lieu de formation à Rochefort, l’accueille. « J’ai rencontré un homme très humble. Il ne m’a pas demandé lorsque je lui ai dit que j’étais protestante de me convertir. Non, il m’a laissé libre. » Les cours ont lieu le samedi et en français. Le dictionnaire est son plus fidèle compagnon. Une formation de quatre années qui la mènera, comme assistante paroissiale, à la certification.
Plus les années passent et plus Hadeweij sent qu’il se passe « quelque chose » en elle. « Lors de la veillée pascale de 2016, j’ai eu une expérience qui m’a rendue curieuse à l’égard de l’église catholique; c’est le coup de foudre. J’ai reçu la confirmation le jour de Pâques 2019. J’ai ainsi fait mon entrée dans l’église catholique. » A ses côtés, son fils baptisé quelques mois plus tôt, son mari et ses proches. « Mon fils est devenu catholique avant moi. » Un beau cadeau pour la jeune femme de voir que tous, protestants, validaient son choix et l’accompagnaient dans sa démarche de conversion.
Christine BOLINNE,
Diocèse de Namur