Les doyens des facultés de théologie et de sciences religieuses de la KU Leuven et de l’UCLouvain proclament la pertinence de la formation qu’ils proposent mais sont conscients qu’ils doivent renouveler l’image classique de la théologie. Ils estiment que l’Eglise est également appelée à se réinventer pour répondre davantage aux questions d’aujourd’hui.

Les temps changent. Alors que les facultés de théologie furent longtemps dirigées par des ecclésiastiques, les laïcs ont aujourd’hui pris le pouvoir. A Leuven, depuis quelques mois, c’est même une femme qui est à la manœuvre! Au sein du corps académique, on trouve aussi des professeurs ne partageant pas la foi catholique. Il faut dire que les deux facultés de théologie ont élargi le cercle de leurs préoccupations au champ plus large des sciences religieuses…
Aujourd’hui, les deux doyens affirment que leurs facultés ne sont nullement menacées au sein de leurs universités respectives. Il n’empêche que si elles bénéficient chacune d’un important rayonnement international, elles souffrent parfois d’un manque de reconnaissance au niveau belge. Geert Van Oyen et Bénédicte Lemmelijn sont conscients du défi qui est le leur. A bien des égards, celui-ci est comparable à celui auquel l’Eglise est confrontée.
A quoi cela sert-il d’étudier – ou d’enseigner – la théologie aujourd’hui?
Geert Van Oyen (GVO): Je pense de plus en plus que, dans le monde qui est le nôtre, nous avons besoin de lieux où l’on puisse penser le sens et le pourquoi de ce que nous faisons. Ce travail doit être mené de manière libre, fondée. Pas seulement avec les émotions ou les intuitions mais avec la raison. Dans notre monde en crise, de plus en plus de gens perdent le chemin, doutent, ne s’y retrouvent plus. Notre faculté n’est pas là pour rechercher l’utilité mais le sens. Elle doit offrir des moments de pause – au sein de l’université, mais aussi pour la société dans son ensemble et pour l’Eglise. Après, plus spécifiquement, nous sommes aussi là pour permettre à des croyants de mieux comprendre leur foi grâce à la raison. Dernier aspect: l’étude des religions. Quelle est la sociologie, l’anthropologie, la psychologie qui se trouvent derrière la foi? Comment comprendre la diversité des religions? Qu’est-ce que la foi implique?
Bénédicte Lemmelijn (BL): En tant que recherche universitaire, la théologie est une science humaine comme les autres. Ce n’est pas du catéchisme! Au sein d’une même faculté, nous regroupons en fait plusieurs disciplines. La théologie fait en effet appel à l’histoire, aux langues, à la psychologie, à l’éthique… Elle permet de poser un regard assez complet sur les phénomènes religieux. A côté de cela, il importe que la théologie ait aussi une fenêtre ouverte sur la société et le monde. Elle ne doit pas chercher à être utile, mais il importe qu’elle serve tout de même à quelque chose!
Propos recueillis par Vincent DELCORPS et Suzanne BECART

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