Edito – Ces boussoles qui nous éclairent


Partager
Edito – Ces boussoles qui nous éclairent
Par Vincent Delcorps
Publié le
2 min
© CathoBel

L’été a été marqué par quelques coups de tonnerre. Certains étaient attendus; d’autres ne l’étaient pas. Tous ont fait mal – car la mort fait toujours mal.

Daniel Cardon de Lichtbuer avait presque atteint les 92 ans. Il avait eu une vie comblée. Débuter dans les méandres de la construction européenne avait forgé en lui une conviction profonde: il fallait sortir des égoïsmes nationaux pour résoudre les grands problèmes de société. Par après, dans le privé, c’est moins une banque que des hommes qu’il avait dirigés. Certes, l’affaire devait être rentable, mais les personnes devaient être heureuses. Au terme de sa vie professionnelle, il avait pu offrir son temps. Il l’avait particulièrement consacré à la protection des enfants et à la préservation du patrimoine culturel. "J’ai voulu apporter de la beauté", nous avait-il un jour confié.

Pierre Defraigne avait 10 ans de moins. Après la politique belge, c’est aussi les chemins de l’Europe qu’il avait empruntés. Il ne cessa de les arpenter. Durant plusieurs décennies, il fut un efficace homme de l’ombre. Sûr de ses intuitions, mais toujours ouvert au dialogue. Capable d’être critique mais jamais sans proposer de solution. Chroniqueur, professeur, conférencier: c’est de bien des manières qu’il tentait de partager ses analyses. A la veille de son grand départ, Defraigne invitait l’Europe à renouer avec "les fondements de sa civilisation authentique: l’humanisme et l’intériorité".

C’est aussi à l’Europe que Caroline Pauwels avait commencé. Avant d’opter pour une carrière académique. L’université, pour elle, n’était pas une fin en soi. C’était le moyen d’aider les plus jeunes à s’instruire, se construire, et à s’engager. Elle rêvait d’une ville, d’un pays, d’un monde meilleurs. Et elle faisait tout pour les faire advenir. Ce souffle, chez elle, ne venait pas de la foi en Dieu – dès l’école, la prière matinale et la confession mensuelle obligatoires l’avaient éloignée de la religion. Mais sa foi en l’humain dépassait celle de bien des croyants – et déplaçait des montagnes.

Nous vivons des temps rudes et particulièrement incertains. Les recettes d’hier ne sauraient être les solutions pour demain. En revanche, il est des vies qui peuvent nous inspirer. Parmi beaucoup d’autres, si nous le voulons, Daniel, Pierre et Caroline continueront à nous accompagner. Tels des boussoles qui peuvent nous éclairer.

Vincent DELCORPS

Catégorie : En dialogue

Dans la même catégorie