[En direct] Le président russe Vladimir Poutine a annoncé jeudi à l’aube dans une déclaration à la télévision une opération militaire en Ukraine pour défendre les séparatistes de l’est du pays. De puissantes explosions ont retenti dans plusieurs villes. Les dernières réactions des conférences épiscopales, institutions ou organismes liés aux Églises.

«Immense inquiétude» des évêques de France
La Conférence des Évêques de France s’est exprimé ce jeudi dans un communiqué signé par Mgr Éric de Moulin-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF. «La décision du Président de la Fédération de Russie d’intervenir militairement en Ukraine enclenche un processus de guerre qui suscite en nous une immense inquiétude», déclarent les évêques, au yeux desquels la Russie «brise unilatéralement un processus de paix engagé depuis des années et viole le droit international». «Les Ukrainiens défendent leur pays, avec ce qu’il représente d’histoire et culture, de marche dans la dignité vers la liberté. Les Européens savent que la guerre n’est jamais une solution, affirme la CEF Ils savent aussi qu’il ne peut y avoir de paix sans justice ; de nos jours, la justice passe par le respect du droit international», est-il rappelé.
Le président de la CEF appelle les catholiques de France à prier pour les Ukrainiens et pour le retour de la paix en Ukraine, pour toutes les victimes de la violence aveugle que porte la guerre. «Prions aussi pour le peuple russe tout entier, dans sa diversité, ajoute Mgr de Moulin-Beaufort. Dans notre prière, n’oublions pas les soldats, les familles qui seront endeuillées, les personnes qui seront blessées. N’oublions pas non plus les populations civiles et, parmi elles, les plus fragiles et les pauvres qui sont trop souvent les premières victimes des conflits. La responsabilité des dirigeants qui décident la guerre est immense à leur égard».
La CEF s’unit enfin à l’appel du Pape François à une journée spéciale de prière pour la paix, le 2 mars prochain, Mercredi des Cendres. «Nous offrirons cela pour la paix et la justice, en communion avec tous ceux qui en Ukraine et en Russie aspirent à la paix, à la vérité et à la justice», assure l’épiscopat français qui invitent les fidèles à suivre cette initiative.
Les évêques péruviens s’unissent à l’appel du Pape François
Outre-Atlantique, l’Église s’inquiète aussi des perspectives potentielles d’un conflit armé entre l’Ukraine et la Russie. «Tout au long de l’histoire, il y a eu des conflits sanglants, où ceux qui souffrent le plus sont les populations civiles, les victimes innocentes des guerres. Si cette violence se poursuit, de nombreux foyers seront laissés en deuil et il y aura une crise de réfugiés et de déplacements de centaines de milliers de personnes», écrit Mgr Miguel Cabrejos, président de la Conférence épiscopale péruvienne, dans un message diffusé ce 24 février.
Au nom des évêques de son pays, Mgr Cabreros invite toute l’Église péruvienne et les personnes de bonne volonté à se joindre à la journée de jeûne et de prière demandée par le Pape François pour le Mercredi des Cendres, le 2 mars.23/02/2022
«En même temps, nous invitons les évêques à demander à leurs prêtres de prier pour la paix à toutes les messes et à tous les fidèles de prier le Saint Rosaire, comme la Sainte Vierge Marie nous l’a toujours demandé», conclut ce message rédigé depuis Lima.
«La diplomatie est la seule issue possible» selon Pax Christi International
«L’envoi de soi-disant « opérations de maintien de la paix », augmente la perspective d’une guerre entre la Russie, l’Ukraine, et les Etats-Unis et ses alliés de l’OTAN avec des conséquences catastrophiques potentielles pour le monde», analyse Pax Christi International dans un communiqué paru ce 24 février.
Le mouvement catholique international pour la paix redoute «d’immenses souffrances pour le peuple ukrainien avec des milliers de morts, de réfugiés, la disparition du potentiel de générations de jeunes et d’enfants, et une destruction massive avec des effets durables sur l’économie du pays et sur la paix mondiale». «De même, l’impact de l’utilisation des armes sur l’environnement sera énorme et dévastateur. Du côté russe, il y aura de nombreuses victimes parmi les soldats, souvent de jeunes conscrits, qui sont entraînés dans des actions de guerre», prévient Pax Christi.
Le mouvement né en France en 1945 soutient que «la diplomatie est la seule issue possible si l’on veut préserver la paix».
«Ne laissez pas l’implacable mécanique de la guerre l’emporter sur la patiente quête de la paix. Il est encore temps de donner à la paix la chance qu’elle mérite. Elle est un don de Dieu, personne ne peut en disposer à la légère !», lit-on en conclusion de ce communiqué.
COMECE: la paix sur le continent européen est menacée
Dans une déclaration publiée ce 24 février, le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et président de la Commission des Épiscopats de l’Union Européenne (COMECE), se dit «profondément préoccupé» par la situation en Ukraine. «Aujourd’hui, la paix sur l’ensemble du continent européen et au-delà est confrontée à une grave menace», estime-t-il.
Au nom des évêques de la COMECE, il appelle «les autorités russes à s’abstenir de nouvelles actions hostiles qui infligeraient encore plus de souffrances et mépriseraient les principes du droit international. La guerre est un grave affront à la dignité humaine et elle n’a pas sa place sur notre continent», écrit le cardinal Hollerich. «Par conséquent, nous demandons instamment à la communauté internationale, y compris à l’Union européenne, de ne pas cesser de rechercher une solution pacifique à cette crise par le biais du dialogue diplomatique», afin de favoriser «la désescalade et l’instauration de la confiance».
Concernant le volet humanitaire, le président de la COMECE lance un appel «aux sociétés et aux gouvernements européens pour qu’ils accueillent les réfugiés fuyant la guerre et la violence dans leur pays, l’Ukraine, et cherchant une protection internationale. C’est notre vocation, notre responsabilité et notre devoir de les accueillir et de les protéger en tant que frères et sœurs», rappelle-t-il.
Un million d’euros d’aide d’urgence pour l’Ukraine, assure l’AED
À la suite de l’intervention russe sur le territoire ukrainien, l’Aide à l’Église en Détresse (AED) a annoncé débloquer un million d’euros d’aide d’urgence pour soutenir l’action de l’Église sur place.
«Ce que nous voulions tous éviter est arrivé : l’Ukraine est en état de guerre. Nous soutenons l’Église en Ukraine depuis 70 ans et nous ne l’abandonnerons pas en cette période si critique et difficile», a déclaré Thomas Heine-Geldern, président exécutif de l’AED international.
Avec l’aggravation de la crise, l’AED s’engage à soutenir par cette aide les 4 879 prêtres et religieux et les 1 350 religieuses en Ukraine qui sont au chevet de la population souffrante. Elle fournira aussi une aide d’urgence aux quatre exarchats gréco-catholiques et aux deux diocèses latins d’Ukraine orientale, couvrant Kharkiv, Zaporizhya, Donetsk, Odesa et Krym.
«L’Ukraine risque une catastrophe humanitaire», alerte Caritas Internationalis
«Les événements qui ont débuté tôt ce matin conduiront inévitablement à une catastrophe humanitaire colossale», s’inquiète Tetiana Stawnychy, présidente de Caritas Ukraine, dont les propos sont relayés par un communiqué de Caritas Internationalis publié ce 24 février.
L’organisation caritative se dit «très préoccupée par l’impact de cette intervention sur la population ukrainienne, qui se trouve déjà dans une situation critique huit ans après le début de la crise» ayant fait 14 000 morts et 1,5 million de déplacés. Caritas Internationalis lance un appel d’urgence pour soutenir le travail de Caritas Ukraine, laquelle se prépare déjà depuis l’été dernier à une éventuelle escalade du conflit, en particulier dans l’est du pays. «Avant l’attaque, il y avait déjà au moins 2,9 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire des deux côtés de la ligne de contact. Aujourd’hui, ces chiffres sont appelés à augmenter», précise Tetiana Stawnychy.
«Nous ne pouvons pas ignorer les implications humanitaires tragiques de cette guerre», déclare quant à lui Aloysius John, secrétaire général de Caritas Internationalis. «Il est du devoir de la communauté internationale de protéger le peuple ukrainien et de veiller à ce qu’il ait accès à l’aide humanitaire, ajoute-t-il. Nous sommes tous appelés à agir. Ce qui se passe en Ukraine met en danger la stabilité et la paix internationales et, comme l’a souligné le Saint-Père, « discrédite le droit international »».
Toute personne souhaitant soutenir le travail de Caritas Ukraine peut le faire à l’adresse https://www.caritas.org/ukraine-appeal-22/.
Un chapelet pour la paix avec l’Action Catholique
Le Forum International d’Action Catholique (FIAC), en lien avec toutes les associations d’Action Catholique dans le monde, organise la récitation du chapelet pour la paix ce dimanche 27 février. Une connexion en ligne sera établie avec les fidèles de l’église de la Nativité de la Theotokos à Lviv, à 12h15 heure ukrainienne), pour renforcer la communion avec l’Église catholique ukrainienne. «Restons unis par la prière et des pensées de paix», résume le FIAC dans une note.
Le CCEE condamne l’agression russe
«Au nom de Dieu, arrêtez maintenant !» lance Mgr Gintaras Grušas, Archevêque de Vilnius et Président du Conseil des Conférences Episcopales d’Europe (CCEE), dans un communiqué publié ce jeudi. «Les Églises d’Europe condamnent fermement ce qui s’est passé ce soir en Ukraine : nous devons agir ensemble et avec détermination pour mettre fin immédiatement à l’agression russe et faire tout ce qui est possible pour protéger les femmes, les hommes et les enfants innocents», déclare le prélat depuis Florence, où se déroule la rencontre « Frontière méditerranéenne de la paix ».
Mgr Grušas appelle la communauté internationale, «et en particulier l’Union européenne», au dialogue et aux négociations, «pour que le droit international et l’indépendance et la souveraineté territoriale de l’Ukraine soient défendus. Pour mettre fin à une guerre qui s’étendrait inévitablement de l’Ukraine aux États voisins et deviendrait une menace pour l’ensemble de l’Europe».
Il assure aussi rejoindre, avec tous les évêques européens et les communautés chrétiennes, l’appel à la prière et au jeûne pour la paix lancé hier par le Pape.
Veillée de prière à Rome
La Communauté de Sant’Egidio organise une veillée de prière pour la paix en Ukraine ce jeudi soir à 20 heures, dans la basilique romaine de Santa Maria in Trastevere. «Nous ne pouvons pas nous résigner à la guerre comme dernier mot, mais devons sans cesse appeler à la paix. C’est ce que nous implorons pour le bien de l’Ukraine et du monde entier, en nous adressant à tous, à commencer par ceux qui ont la responsabilité des nations. Nous invitons tout le monde à se joindre à nous pour mettre fin à la folie du recours aux armes», explique l’association catholique dans un communiqué publié ce 24 février.
En Pologne, prières et collecte pour les Ukrainiens
Se référant à la demande du Pape François, le président de la conférence épiscopale polonaise, Mgr Stanislaw Gadecki, a demandé jeudi aux évêques et à tous les fidèles d’observer mercredi des cendres, 2 mars, un jour de jeûne et de prière pour la paix et la solidarité avec l’Ukraine.
Mgr Gądecki a également lancé un appel pour qu’à la fois ce dimanche et mercredi des cendres, après chaque messe, une collecte d’argent soit organisée, qui -par le biais de Caritas Pologne- sera allouée pour aider les réfugiés de guerre en Ukraine.
Le président de l’épiscopat a également demandé à tous les croyants et aux personnes de bonne volonté d’avoir une attitude ouverte envers ceux qui ont besoin d’un abri.
Le primat de Pologne, Mgr Wojciech Polak, archevêque de Gniezno, a pour sa part envoyé un SMS ce jeudi matin à l’archevêque gréco-catholique de Kiev, Mgr Sviatoslav Shevchuk: «En ce matin tragique, m’associant à la douleur et demandant à Dieu d’arrêter l’occupant soviétique, je me souviens dans la prière et je crie la paix pour le peuple ukrainien bien-aimé (…).»
Appel à la paix des évêques de la Méditerranée
Réunis à Florence pour «Méditerranée, frontière de paix 2», les évêques de la Mare nostrum ont exprimé jeudi 24 février «leur inquiétude et leur tristesse face au scénario dramatique en Ukraine», et renouvellent leur proximité avec les communautés chrétiennes du pays.
Acceptant l’invitation du Pape François à vivre une journée de jeûne et de prière pour la paix le 2 mars, les évêques en appellent à la conscience de ceux qui ont une responsabilité politique pour qu’ils déposent les armes. «Les conflits entraînent la mort et la destruction, causent des souffrances aux populations et menacent l’avenir de l’Europe, la coexistence entre les nations. La folie de la guerre doit être arrêtée!», ont-ils lancé depuis la Toscane.
L’archevêque de Kiev, Mgr Sviatoslav Shevchuk, archevêque majeur de l’Église gréco-catholique ukrainienne, a quant à lui annulé sa venue au sommet de Florence.
L’Église anglicane dénonce un «acte maléfique»
Les chefs spirituels de l’Église anglicane, les archevêques de Canterbury Justin Welby et d’York Stephen Cottrell, ont dénoncé jeudi l’invasion russe de l’Ukraine comme un «acte maléfique», disant «prier pour un cessez-le-feu urgent» et appelant à faire de ce dimanche «un jour de prière pour l’Ukraine».
Texte : Vatican News
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