Le vicaire général du diocèse de Liège, Eric de Beukelaer, célébrait une messe en hommage aux victimes des inondations ce mardi 20 juillet, au matin, sur les hauteurs de Pepinster, l'une des communes les plus lourdement touchées par les intempéries. Dans son homélie, il a souhaité transmettre un message d'espérance au cœur de la nuit que traversent de nombreux sinistrés.
"Il est vrai que nous vivons en mode de crise depuis quelques jours maintenant", confesse l'abbé Eric de Beukelaer. "Certains de mes amis ont été touchés, je suis allé les aider, je n'ai pas perdu d'être cher mais j'ai vu ce qu'était une maison dévastée, cette odeur de mazout ambiante, j'ai vu aussi que le pire côtoyait le plus édifiant." C'est visiblement un homme touché, même choqué par les évènements, qui a pris la parole ce mardi matin, lors d'une célébration en hommage aux victimes. "Les mots manquaient évidemment, nous sommes un peu dans un état de sidération, nous nous sentons impuissants aussi."
"Même au cœur du drame, quelque chose du Royaume de Dieu est accessible"
Mais c'est un message d'espoir au cœur de la nuit que le chanoine a voulu transmettre aux fidèles présents dans l'église. Même si, il en a conscience, la reconstruction prendra beaucoup de temps. Il faudra aussi beaucoup de temps pour faire le deuil des disparus, notamment ceux dont les corps n'ont pas encore - et ne seront peut-être jamais - retrouvés. "Etre chrétien, ce n'est pas croire que Dieu règle tout. Regardez le Christ! On l'a rejeté, et pourtant il a aimé jusqu'au bout. Alors, être chrétien, c'est croire qu'en se mettant en route, en demandant la force à Dieu, même au cœur du drame, quelque chose du Royaume est accessible."
Faire de cette croix un chemin de résurrection
Aussi, on entend beaucoup aujourd'hui, ajoute le vicaire général, "que les jeunes sont fainéants, que la société est individualiste, que les valeurs chrétiennes se perdent, or on a vécu un élan de solidarité extraordinaire. On ne se pose pas de question, ce sinistré, c'est un frère humain que je dois aider." Il aurait été facile et vain de prononcer des paroles de consolation, estime l'abbé liégeois, mais "je peux être témoin qu'avec la foi, la croix, qui est une horreur, avec l'amour de Dieu, peut devenir un chemin de victoire." Il poursuit: "Accueillir l'esprit du Christ, c'est faire de cette croix, un chemin de résurrection."
Priez, souriez !
Et à ceux de nos aînés qui ne savent pas comment apporter leur aide, Eric de Beukelaer leur propose de prier, prier pour ceux qui n'ont pas ou plus le temps de le faire. "La prière est tellement nécessaire." Et aussi de sourire. Aux bénévoles, aux services de secours, aux policiers. La présence de nombreux policiers flamands sur le territoire liégeois fait également dire au vicaire général, que cela aussi est, peut-être, un signe du Royaume de Dieu, dans le contexte de tensions communautaires qui est le nôtre.
Propos recueillis par Sophie DELHALLE