Que penser de Mgr Bonny? Et des autres évêques? Sont-ils assez « combatifs »? Et les atteintes portées à la liberté de culte, sont-elles bien légales? Que penser de l’AstraZeneca? Le vaccin devrait-il être nécessaire pour traverser les frontières? Et nos politiques, sont-ils à la hauteur des enjeux?
Tout le temps. Sur tout. On nous demande de nous positionner. Sans traîner. Et plutôt franchement. En étant « pour » ou « contre », sans trop de nuances. S’ensuit l’étiquette. Très vite. Et très collante. L’enjeu n’est pas mince: c’est ce que je pense qui dit qui je suis. C’est par mes avis que l’on me définit.
Nous le sentons bien, le terrain est miné. Ce terrain est miné. Et rien ne nous empêche de le refuser. D’en inventer un autre.
Car non, nous ne sommes pas obligés d’avoir un avis sur tout. Nous ne sommes pas compétents sur chaque sujet, et tous les avis ne sont pas bons à prendre. Dans certains cas, le silence et l’écoute constituent la meilleure des réponses.
Et non, nous ne sommes pas obligés de réagir dans la minute. Bien souvent, les plus belles opinions s’ancrent dans le temps long. Dans l’échange et la réflexion. Dans la connaissance et dans l’expérience.
Et non, rien ne nous empêche de refuser une réponse tranchée. D’interroger la façon-même dont la question nous est posée. De rechercher les troisièmes voies. Les points qui rassemblent plutôt que les lignes qui divisent.
Et non, il n’y a rien de honteux à changer d’opinion. Pas parce qu’on serait des girouettes, mais parce qu’on se serait trompé. Et que ça arrive à tout le monde. Et que le reconnaître n’est pas le fait des faibles, mais celui des sages.
Et nous, chrétiens? De toutes nos forces et de tout notre cœur, nous aspirons à la vérité. Humblement, nous croyons qu’en Jésus, elle s’est manifestée tout entière. Et que Dieu ne peut tromper ni se tromper. En revanche, nous… Au quotidien, confrontés aux choix les plus banals comme aux plus grands enjeux de société, nous peinons parfois à nous faire un avis. Et entre nous, nous pouvons ne pas être d’accord. Ce n’est pas grave et c’est bien normal, car notre Dieu n’est pas celui des réponses toutes faites. N’oublions jamais qu’il est aussi celui qui nous rassemble dans des quêtes communes.
Vincent DELCORPS