Et voilà donc qu’on a reparlé des cultes. Ce vendredi, le Comité de concertation a décidé deux mesures d’assouplissement les concernant. D’une part, dès cette semaine, les funérailles pourront rassembler un maximum de cinquante personnes dans un même lieu. D’autre part, et à partir du 1er avril, toute célébration cultuelle pourra réunir cinquante personnes, mais seulement en extérieur. Dans le monde catholique, les réactions n’ont pas manqué. Alors que la Conférence épiscopale s’est montrée prudente mais plutôt satisfaite, d’autres se sont empressés de dénoncer une grave incohérence. Alors, que penser? Trois choses.
Que c’est une bonne nouvelle, tout d’abord. Inattendu, l’assouplissement pour les funérailles ne répondait à la demande d’aucun lobby. Il relève d’une forme de sagesse et d’une certaine humanité. Tous ceux qui ont perdu un proche au cours de l’année écoulée peuvent en témoigner: en pareille épreuve, devoir se soumettre au respect des règles anti-Covid peut relever de la torture. La perte d’un proche est un moment unique qui se vit dans l’instant présent. Nos autorités semblent en avoir tenu compte.
Qu’il n’y a pas forcément d’incohérence, ensuite. Nos autorités ne sont pas stupides au point de croire que se rassembler à cinquante dans une église serait plus dangereux en l’absence qu’en la présence d’un défunt. Dans sa prise de décision, le gouvernement procède comme avec une balance: pour chaque mesure, il pèse le pour et le contre. Ici, il estime qu’un assouplissement vaut la peine pour l’adieu à un proche mais pas pour les célébrations dominicales. C’est un choix. Discutable. Mais justifiable.
Que le combat se poursuit, enfin. A deux niveaux. D’une part, pour faire comprendre à ceux qui ne le perçoivent pas ce qu’est le sens de l’eucharistie et de la communion. Leur importance, leur beauté, voire le caractère essentiel qu’elles peuvent revêtir. Et pour rappeler, chaque fois qu’il le faudra, que la fameuse jauge de quinze est arbitraire et, dans un certain nombre de cas, ridicule. D’autre part, pour nous préparer, dès aujourd’hui, à une Semaine sainte qui s’annonce historique. Le 1er avril, ce sera Jeudi saint. Et, sans blague, nous célébrerons dehors. Et si c’était grâce aux gouvernements belges que nous construisions finalement cette « Eglise en sortie », si chère au pape François?
Vincent DELCORPS