Nous sommes nombreux à regretter, en ces temps confinés, que les messes ne puissent plus être célébrées comme à l’ordinaire. Ce qui nous manque le plus? Cela varie d’une personne à l’autre. Beaucoup, parmi nous, considèrent le jeûne eucharistique comme la plus éprouvante des épreuves. D’autres insistent sur l’impossibilité de se retrouver physiquement, en communauté. D’autres encore regrettent de ne pouvoir se recueillir dans un cadre qui prête à l’intériorité – bâtiment, chants, fleurs…
Et la collecte, elle, est-ce qu’elle nous manque? Cela nous dérange-t-il de ne plus pouvoir, chaque semaine, déposer notre obole au fond du panier? Dans notre poche, le poids de la piécette n’est-il pas trop lourd à porter? Etonnantes questions, bien sûr. Peut-être sont-elles aussi quelque peu dérangeantes.
Le but n’est pas ici de nous culpabiliser. Mais plutôt de nous inciter à une prise de conscience. Si la collecte ne manque (probablement) pas aux fidèles, l’absence de collectes éprouve durement nombre de personnes et d’associations. Parmi d’autres, Entraide et Fraternité-Action Vivre ensemble en fait l’amère expérience. Les célèbres campagnes de Carême et de l’Avent constituent, pour cette association, des moments-clés de l’année. Le coronavirus est venu bousculer ses plans – tout en fragilisant encore davantage celles et ceux à qui elle vient en aide.
Bien entendu, il existe différentes manières de se montrer solidaire. Et il est évident que le confinement ne nous a pas empêchés d’exprimer notre attention aux plus démunis. Et pourtant, il est utile de nous arrêter un instant sur cette fameuse collecte. Quelle place lui donnons-nous dans nos célébrations? De quelle manière, dans quel esprit, posons-nous ce geste de partage? Durant l’office, c’est tandis que le prêtre élève pain et vin vers le Ciel que se passent les corbeilles. Comme pour nous rappeler que la dimension verticale de notre foi ne pourrait être dissociée de sa dimension horizontale. Dans l’attente de pouvoir à nouveau célébrer ensemble, et alors que s’ouvre le temps de l’Avent, tâchons de ne pas l’oublier. Et lorsque sera venu le temps des retrouvailles, que nous puissions nous réjouir aussi de voir à nouveau circuler ces petits
paniers.
Vincent Delcorps