Depuis quelques années, les citoyens wallons sont invités à se lancer dans un grand nettoyage collectif. Cette fois, il aura lieu les 29, 30 et 31 mars et 150.000 participants sont attendus. Les effets de cette initiative commune sont au moins doubles: l’espace public est soigné durant quelques heures, tandis que les participants sont sensibilisés aux joies de la propreté et à des principes d’hygiène de base. Si les effets de la mobilisation printanière sont louables, il est toutefois consternant de songer qu’en 2019 les individus ne sont pas encore capables de prendre en charge leur environnement au quotidien. Exemples choisis. Un propriétaire de friterie est contraint de supprimer les sacs réservés aux vidanges en plastique et aux canettes métalliques, ses clients y précipitant les reliefs de leur repas. Deux fois par mois, un fermier d’un village bucolique arpente ses champs et ramasse les déchets jetés par les automobilistes ou les marcheurs. Par leur négligence, certains consommateurs en arrivent ainsi à contraindre leur entourage à une prise en charge de leurs actes. Puériles et inconséquentes, voire égoïstes, ces négligences ne sont pas seulement des manquements à l’ordre établi, elles trahissent aussi une absence de respect envers autrui. Nous y voilà. L’apprentissage des bonnes manières relève d’une éducation, à la fois individuelle (en famille) et collective. Les deux sphères sont intimement liées. A l’époque de l’enseignement obligatoire avec un taux élevé d’étudiants scolarisés jusqu’à un âge avancé, il est étonnant de constater combien de personnes formées ou privilégiées sont récalcitrantes à la mise en pratique de gestes à priori élémentaires. Les grands déploiements ne changeront rien à de tels comportements inciviques. Serait-ce à dire qu’il faut les punir et infliger des amendes? La peur du gendarme d’autrefois n’a pas disparu des esprits, aussi connectés soient-ils. Il serait toutefois regrettable que cette crainte l’emporte sur la courtoisie. Un peu de civisme, voyons!
Angélique TASIAUX
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