En ces temps présumés de disette financière, les appels aux dons sont nombreux. Ils émanent d’associations, de démarches caritatives ou d’initiatives individuelles. Tour à tour culturelles ou sociales, ces quêtes de fonds appâtent la générosité du donateur à coup de campagnes publicitaires toujours plus percutantes.
Pendant quelques jours, un énorme pavé entouré de rouge a frappé les articles de Wikipédia, l’encyclopédie en ligne. Ce cachet réclamait une participation financière des utilisateurs du site, arguant que le versement, par chacun des utilisateurs, d’un montant de deux euros assurerait la survie d’un modèle économique basé sur la gratuité. En effet, ce projet de diffusion des connaissances repose sur le partage; il fonctionne uniquement grâce au concours libre de participants bénévoles. Spécialistes reconnus ou experts enthousiastes, universitaires ou diplômés de la vie, tous ces passionnés ont pour dénominateur commun l’échange des savoirs. Chacun est invité à participer à la communication des connaissances, sans prérequis ni diplôme imposé. La force de ce concept tient à la libre circulation des données et des informations. Pour y parvenir, les contributeurs donnent de leur temps afin de parfaire les contenus d’articles relatifs à l’un ou l’autre sujet dont ils pensent avoir la maîtrise. Près de deux millions d’articles ont ainsi été rédigés en langue française par près de 16.000 rédacteurs différents. Que les esprits chagrins se rassurent, ils ont aussi la possibilité de compléter ou d’amender les articles qui leur sembleraient peu consistants ou trop partisans. Car, reconnaissons-le, rares sont les internautes qui ne consultent pas Wikipédia. Parfois pour un premier éclairage, d’autres fois en guise de complément à une lecture. Les usages sont variés à l’image des utilisateurs. Or, dans ce monde où la gratuité semble sans limite et sans coût, il appartient aux consommateurs de poser des choix pour assurer la pérennité d’un style de vie. Faute de quoi, nous pourrions nous retrouver à la solde de modèles de pensée uniques, loin de la liberté de pensée et de la créativité individuelle. Le Babel des savoirs a indéniablement un prix. Reste encore à l’honorer.
Angélique TASIAUX
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