Un nouvel ouvrage consacré à Orval ravira les passionnés de l'abbaye cistercienne installée en Gaume, non loin de la frontière française.
Si le XVIIIe siècle qui marque la période la plus prospère de l'abbaye, les décennies suivantes soldent la liquidation du domaine, aux mains de propriétaires séculiers, jusqu'au don du domaine aux moines de la Grande-Trappe en 1926. Des travaux conséquents sont alors entrepris, avant d'être ralentis au moment de la Seconde guerre. La basilique est finalement consacrée en 1948. Deux décennies furent nécessaires pour mener à bien ce projet d'envergure.
Un duo de bâtisseurs
L'architecte des lieux, Henry Vaes, ambitionnait de créer un lieu intemporel : "Une telle demeure de prière doit être immuable. Pour qu'elle convienne à la longue théorie des moines futurs autant qu'à ceux d'aujourd'hui, il faut se défendre de sacrifier à une mode passagère, voire à un style, il faut bâtir 'éternel'. Tout doit y être force, vérité, aspiration vers Dieu." Aux côtés de l'architecte belge, se trouve un homme d'envergure, l'entrepreneur Charles van der Cruyssen. Chevalier de l'ordre de la couronne, l'officier prit part aux combats de la Première guerre avec une bravoure exceptionnelle, qui lui valut de nombreuses distinctions. Mais, contre toute attente, cet homme vaillant entra dans les ordres et mit son intrépidité au service de l'Eglise. Il devint alors le père Marie-Albert. La construction et l'aménagement du domaine doivent beaucoup à cet homme frondeur, qui fit de son passé mondain un atout.
Une amitié indéfectible
En acceptant de prendre la direction de la reconstruction de l'abbaye, Henry Vaes est entré, à sa façon, dans les ordres ! Ce gigantesque chantier allait, en effet, occuper l'essentiel de ses journées. "La reconstruction d'Orval posait un redoutable problème. Il s'agissait non seulement de réédifier une antique abbaye, de la concevoir en fonction d'un lieu sacré, chargé de souvenirs historiques et religieux, mais aussi d'en rappeler son origine lointaine, ses huit siècles de peines et de joies, et de donner à sa physionomie nouvelle un visage tel qu'il soit toujours vivant dans les temps à venir." La correspondance des deux hommes témoigne des difficultés inhérentes à la gestation d'un projet de construction aussi pharaonique et dispendieux.
Et aujourd'hui
Une magie particulière se dégage des lieux, comme en témoigne Danièle Henky, co-auteure du livre, qui conclut l'ouvrage par ces mots: "Après la bénédiction inaugurale, l'hymne des Laudes introduit l'heure du matin. Alors peut s'élever la louange de la lumière qui célèbre la venue du jour dans un lieu tout entier conçu pour elle."
Angélique TASIAUX
Danièle HENKY, Eric HANCE, "Orval. Histoire de reconstruction de l'abbaye". Editions Weyrich, octobre 2015, 215 pages.