Le dimanche des Rameaux, malgré des conditions météorologiques peu clémentes, les opposants au mariage pour tous ont défilé dans les rues de Paris, montrant par leur présence même leur ténacité. Que la loi ait déjà été votée à l’assemblée nationale en février dernier n’a pas modifié leurs convictions et leur détermination. Que du contraire. Originaires des quatre coins de l’Hexagone, ces campagnards, provinciaux, banlieusards et citadins, ont réaffirmé leur adhésion collective à une vision de la parentalité traditionnelle.
Sur les affiches de la Manif pour Tous du 24 mars, les slogans étaient, une nouvelle fois, explicites: « croyants non contents », « tous nés d’un homme et d’une femme », « Touche pas à ma filiation », « papa + maman: y a pas mieux pour un enfant ! »… Des calicots tricolores égayaient aussi la marée humaine composée de tous les âges de la vie. Parents, grands-parents, jeunes, ados, enfants, tous étaient là pour défendre leur vision de la famille.
Un débat élargi
Après six mois de mobilisation intensive, les organisateurs de la Manif pour tous avaient tenté d’élargir le débat éthique à des questions d’ordre social et économique: « liberté de conscience », « égalité devant la naissance », « fraternité pour la croissance », « libérons la démocratie de la pensée unique », « touche pas au mariage, occupe-toi du chômage ! », « on veut du boulot, pas du mariage homo », « la priorité c’est Aulnay, pas le mariage gay ». Pourtant, dans la foule, ce sont les questions éthiques qui prédominaient encore et justifiaient la présence de ces manifestants pacifistes, qui soutiennent l’idée d’un référendum populaire.
Les enfants, au cœur du débat
Le diocèse de Paris a rédigé un argumentaire en dix points qui soulignent les raisons de ne pas souscrire au mariage pour tous. Parmi celles-ci, il apparaît que « le mariage n’est pas un modèle universel ». De nombreux autres états de vie, tout aussi respectables, existent, comme le célibat ou le concubinage. En se mariant, il ne s’agit pas seulement de reconnaître publiquement ses sentiments, mais d’inscrire « la filiation dans une institution stable » et, de ce fait, de protéger la mère. Le mariage n’est pas non plus une simple « association contractuelle d’intérêts privés » soulignent encore les opposants au mariage pour tous, qui rappellent aussi que « le mariage entre personnes de même sexe aggraverait le communautarisme ». Après tout, la richesse d’une société se mesure à l’aune de ses diversités. Quant aux droits des enfants, ils tendent souvent à disparaître sous le droit à l’enfant. Or, les études scientifiques récentes n’ont pas encore démontré à suffisance qu’il n’y a pas de différence entre les enfants élevés par des couples homosexuels et les enfants élevés par des couples hétérosexuels. Nous voilà au cœur du problème : les enfants ne seraient-ils plus égaux face aux envies individuelles des uns ou des autres ?
Angélique Tasiaux