Datée du 15 mai 2011, mais connue à l’étranger seulement depuis décembre 2012, une directive du Comité central du Parti communiste chinois donne instruction aux universités chinoises de renforcer la surveillance dont font l’objet les étrangers, étudiants comme enseignants, afin de contrer toute velléité de leur part visant à propager le christianisme.
Révélée le 18 décembre dernier par l’ONG américaine China Aid et relayée par le Washington Post, le document a pour titre « Propositions pour se préparer à contrer l’utilisation par les étrangers de la religion pour infiltrer l’enseignement supérieur et diffuser le christianisme sur le campus ». Long d’une dizaine de pages, et présenté comme le « Document 18 », il a été préparé par les instances supervisant les affaires religieuses, la sécurité publique et l’éducation supérieure du gouvernement chinois. China Aid précise que 8 330 copies seulement en ont été imprimées pour être distribuées à un niveau relativement élevé du Parti et des administrations provinciales.
A la lecture de ce document, on comprend que les autorités chinoises estiment que « les étrangers » utilisent les échanges universitaires, les études hors de Chine d’étudiants chinois ainsi que l’enseignement en Chine des langues étrangères ou encore les actions caritatives comme autant d’occasion de « répandre la religion » au sein de la jeunesse chinoise. « L’intensité de l’infiltration va croissant », peut-on lire dans le document qui dénonce l’origine majoritairement« américaine » de cette infiltration. « Vous ne devez pas sous-estimer l’ampleur des dégâts et les effets à long terme d’un tel phénomène et vous devez prendre des mesures coercitives pour y mettre fin », est-il spécifié.
Parmi ces mesures figure un renforcement de l’étude des dossiers de demande de visas pour les étrangers soupçonnés de pénétrer en Chine à des fins religieuses, de même qu’il est demandé de vérifier les éventuels liens que les organisations caritatives ou les ONG entretiennent avec des institutions à caractère religieux. Il est aussi demandé au ministère de l’Education de mettre à la disposition des universités une base de données recensant les organisations religieuses actives sur les campus chinois. Au sein des universités, l’administration doit veiller à contrer l’influence que les étrangers peuvent avoir sur les étudiants, en menant « des entretiens approfondis en tête-à-tête » avec ces derniers. Quant aux enseignants et aux étudiants étrangers qui s’entêteraient dans leur prosélytisme, leur expulsion hors de Chine doit intervenir sans délai.
Selon le Washington Post, depuis la diffusion de ce « Document 18 », plusieurs universités, telles l’Université agricole du Nord-Est dans la province du Heilongjiang ou l’Université de Chongqing, ont renforcé leur arsenal réglementaire visant à prévenir les « infiltrations religieuses ». Mais comme l’écrit le quotidien américain, il est difficile de savoir si ces universités ne font que se conformer superficiellement à une directive venue d’en-haut ou si elles ont réellement renforcé leur contrôle sur les étrangers présents sur leurs campus.
Selon des statistiques chinoises, 290 000 étudiants étrangers étudient actuellement en Chine (dont 23 000 Américains). Les chiffres manquent quant au nombre de professeurs étrangers mais celui-ci se monte à plusieurs milliers, voire dizaines de milliers. Les universités chinoises ont en effet très largement recours à ce qu’elles appellent des « experts étrangers » qui ont pour mission principale d’enseigner leur langue maternelle aux étudiants. Il est de notoriété publique que ces dernières décennies, à la faveur de l’ouverture de la Chine, des Eglises chrétiennes, notamment de la mouvance évangélique et pentecôtiste américaine, ont saisi cette occasion pour envoyer certains de leurs membres sur les campus chinois.
EDA
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