Avant de repartir pour Rome, dans l'après-midi de ce dimanche 16 septembre, à Beyrouth, Benoît XVI a participé à une rencontre œcuménique au Patriarcat syro-catholique de Charfet, un monastère fondé il y a 225 ans et connu pour sa riche bibliothèque avec ses 3 000 manuscrits en langues syriaque et arabe. Les Patriarches orthodoxes et les représentants des confessions protestantes du Liban avaient été invités ainsi que les Patriarches catholiques. Une brève rencontre à caractère privé mais essentielle dans une région où les différentes communautés chrétiennes sont parfois très divisées.
En accueillant le Pape au début de la rencontre, le Patriarche Ignace Youssef III Younan l’a salué en syriaque-araméen, la langue liturgique de l’Eglise syriaque catholique : «shlomo w-houbo» «paix et amour»! Il a remercié Benoît XVI d’être venu, malgré les bouleversements douloureux qui secouent plus d’un pays dans la région. Il a rappelé que la montagne libanaise a été un refuge pour les chrétiens persécutés. Il a réaffirmé la fidélité de son Eglise au siège de Rome.
La cathédrale syriaque de Bagdad cible d'un attentat meurtrier en 2010
« Notre Eglise, si petite en nombre, éprouvée terriblement pour sa fidélité au Sauveur, fut tout au long de son histoire la cible de tant de haine et de persécution », a rappelé le Patriarche avant d’évoquer le carnage perpétré dans la cathédrale syriaque de Bagdad, il y a deux ans. Pour lui, le témoignage chrétien doit être renouvelé car il risque d’être entravé par la méfiance et même par l’hostilité de la part de la majorité religieuse.
Les chrétiens – a-t-il rappelé - sont à l’heure actuelle, le groupe religieux en butte au plus grand nombre de persécutions à cause de leur foi. Nous, les chrétiens du Moyen-Orient, tout en reconnaissant nos faiblesses et défaillances, nous nous attendons à ce que nos droits humains, surtout notre liberté religieuse et de conscience soient respectés, et que la communauté internationale et, tout particulièrement, les nations dites démocratiques et pluralistes, défendent effectivement nos aspirations à vivre dans nos pays d’origine dans la dignité des citoyens et citoyennes à part entière.
L’unité œcuménique, une exigence au Moyen-Orient
Dans l’exhortation apostolique post-synodale pour le Moyen-Orient, Benoît XVI plaide en faveur de l’unité œcuménique « qui n’est pas l’uniformisation des traditions et des célébrations » mais qui s’impose pour raffermir la crédibilité de l’annonce de l’Evangile et le témoignage chrétien dans un « contexte politiquement contraignant, instable et actuellement enclin à la violence », où l’Eglise vit dans une multiformité remarquable.
Le texte énonce des propositions concrètes pour une pastorale œcuménique d’ensemble. Il recommande, entre autres, l’application de l’ouverture conciliaire vers une certaine communicatio in sacris pour les sacrements de la Pénitence, de l’Eucharistie et de l’onction des malades. Il invite explicitement les pasteurs à habituer les fidèles à être des témoins de la communion dans tous les domaines de leur vie et les Eglises à se prononcer d’une seule voix sur les grandes questions morales.
Pour une traduction commune du Notre-Père
Le pape s’est dit certain que des accords pourront être trouvés pour une traduction commune du Notre Père dans les langues vernaculaires de la région. En priant ensemble avec les mêmes paroles, les chrétiens reconnaîtront leur enracinement commun dans l’unique foi apostolique. Il propose des initiatives conjointes comme l’approfondissement commun de l’étude des Pères orientaux et latins et une lecture ensemble de la Bible.
news.va/Radio Vatican
A cette occasion, le Pape a prononcé une brève allocution :