Ce dimanche 16 septembre, le pape a célébré la messe sur une vaste esplanade située en bordure de mer à Beyrouth, en présence de quelque 300.000 fidèles. Benoît XVI a affirmé que le Moyen-Orient avait plus que jamais besoin de "serviteurs de la paix", alors que "la violence ne cesse d'étendre son cortège de mort et de destruction".
Benoît XVI est arrivé dimanche 16 septembre au matin, devant une foule impressionnante de fidèles, pour célébrer une messe en plein air, dans la zone industrielle du "Waterfront", à côté du port de plaisance de Beyrouth. Étaient également présents pour cette messe solennelle le président Michel Sleimane, différentes personnalités politiques libanaises, quelques Irakiens, ainsi que des militaires de la FINUL, force des Nations Unies en poste au Liban.
Le large podium, sur lequel a eu lieu la célébration, était couvert d'un tapis vert et entouré d'oliviers représentant la paix. En arrière-fond, une immense sculpture d'un cèdre stylisé, symbole du Liban. Autour du pape, environ 300 évêques venant des 17 pays de la région, auxquels a été remis un exemplaire de "l'Exhortation apostolique" que le pape a rédigée personnellement à partir des conclusions du synode des évêques pour le Moyen-Orient, qui s'était tenu en 2010 au Vatican.
Une "soupape de sécurité"
Au début de la messe, le patriarche maronite Béchara Raï a adressé quelques mots de bienvenue au pape. Dans son discours, celui-ci est revenu sur l’héritage du Synode pour le Moyen-Orient de 2010, qui a introduit les chrétiens de la région au cœur d’un "printemps spirituel chrétien". Ce synode était à ses yeux une sorte d’anticipation du printemps arabe. Le patriarche a ensuite espéré que "les événements sanglants, les manifestations en cours et les sacrifices se transforment en un enfantement qui donnerait naissance à ce printemps", dont l’Exhortation apostolique post-synodale serait "une feuille de route".
Béchara Raï a par ailleurs qualifié le voyage du pape au Liban de "soupape de sécurité en ce temps d’instabilité pour un peuple chrétien qui, fidèle aux promesses de son baptême, lutte pour confirmer son enracinement en sa terre, tout en étant conscient de l’énormité des multiples défis".
Servir la justice et la paix
"La vocation de l’Eglise et du chrétien est de servir, comme le Seigneur lui-même l’a fait, gratuitement et pour tous, sans distinction", a affirmé Benoît XVI dans son homélie. "Servir la justice et la paix, dans un monde où la violence ne cesse d’étendre son cortège de mort et de destruction, est une urgence", a ensuite déclaré le pape, avant de souhaiter que chacun s’engage "pour une société fraternelle, pour bâtir la communion".
En particulier, selon le souverain pontife, le Moyen-Orient a plus que jamais besoin de "serviteurs de la paix et de la réconciliation pour que tous puissent vivre paisiblement et dans la dignité". Un appel qu'il lance bien sûr aux chrétiens, mais aussi à "toutes les personnes de bonne volonté". "Je vous appelle tous à œuvrer pour la paix. Chacun à son niveau et là où il se trouve", a-t-il ajouté.
"Le service doit encore être au cœur de la vie de la communauté chrétienne elle-même", a-t-il encore précisé. "Tout ministère, toute charge dans l’Église, sont d’abord un service de Dieu et des frères ! C’est cet esprit qui doit animer tous les baptisés, les uns à l’égard des autres, notamment par un engagement effectif auprès des plus pauvres, des marginalisés, de ceux qui souffrent, pour que soit préservée la dignité inaliénable de toute personne."
Cesser de voir dans l'autre un mal à éliminer
Lors de la prière de l’Angélus, le pape a ensuite exhorté les pays arabes à trouver "des solutions viables" pour la paix dans le respect de la dignité, des droits et de la religion de chacun. "Qui veut construire la paix doit cesser de voir dans l’autre un mal à éliminer", mais voir en lui "une personne à respecter et à aimer". Ainsi, a assuré le pape, il sera possible d’établir une "vie harmonieuse entre frères, quelles que soient les origines et les convictions religieuses".
Pascal André